Nous voici rentrés du Maroc depuis trois semaines,


Je n'ai pas tenu de carnet de voyage



Nous avons quitté Biarritz le deux novembre et traversé l'Espagne en deux jours, sous la pluie, avec une étape charcutière à Salamanque, histoire de passer en contrebande quelques cochonailles susceptibles d'améliorer le couscous. Le mauvais temps nous a accompagné quelques jours sur les jolies routes andalouses – et une belle piste – des villages blancs.
Nous franchissons le détroit de Gibraltar le huit novembre, en fin d'après midi pour un bivouac à Ceuta sur le parking avant la frontière qui nous permet d'entrer au Maroc en début de matinée.
Passé Taitouan, nous prenons la route de la côte, "rocade méditérranéenne" aujourd'hui terminée qui relie Tanger à l'ouest à Saïda à l'est par une bonne route à deux voies.
A midi, nous sommes attablés en bord de mer devant un excellent tagine de poissons: l'office de tourisme de Oued Laou nous a concocté un spectacle sympa: à grand peine, les pêcheurs locaux halent sur la grève de long filet que deux barques avaient déroulé dans la matinée. Beaucoup d'effort pour une petite centaine de kilos de sardines.


Il ne pleut pas aujourd'hui sur la côte marocaine et nous gagnons tranquillement par Jehba la petite plage de Torres de Alcala où nous installons notre bivouac au raz des flots, porte ouverte vers le large. Ici, c'est un match de foot qui nous est offert, tandis que nous sirotons un coca au café de la plage: des gaillards de vingt ans en pleine santé s'affrontent joyeusement jusqu'à la tombée de la nuit.

Nous regagnons notre habitacle. Sur le coup de cinq heures du matin, un vent furieux se lève en quelques secondes et manque d'arracher notre toît que nous abaissons en catastrophe avant de nous déplacer et surtout de faire demi tour pour présenter aux éléments déchainés notre face la plus aérodynamique. Des trombes d'eau s'abattent sur nous.
Au matin, le beau temps est presque revenu. Un détour de cinquante kilomètres nous permet de gagner la crique voisine, marquée par le penon de Velez de la Gomera, confetti espagnol rattaché par une langue de sable à la rive marocaine. Le rocher, inacessible de la terre, est uniquement ravitaillé depuis l'Espagne par un hélicoptère. Une quarantaine de soldats espagnols s'y ennuieraient en permanence. Les vagues boueuses éclaboussent le rocher et s'engouffrent dans l'embouchure de l'oued. Les militaires marocains m'empèchent de m'approcher plus du rocher et m'interdissent les photos, qui sont heureusement déjà dans la boîte.


Autour de la mosquée blanche, le petit village s'abrite comme il peut derrière de hautes haies de roseaux. Les enfants se montrent à peine. Une coopérative artisanale des femmes du village propose quelques objets de vannerie, des confitures et de pauvres tapis tissés. Sur une photo au mur, la responsable pose fièrement au côté de Sa Majesté ! Nous faisons l'emplette d'un petit chapeau de paille et d'un sachet d'herbes aromatiques.

Un tarif prohibitif nous fait renoncer au restaurant local et nous pique-niquons un peu plus loin d'une boite de sardines et de quelques olives. Nous chargeons un jeune homme qui chemine courageusement vers Al Hoceima, à quarante kilomètres de là, puis un homme plus agé, et les conduissons à leur destination, qui est aussi la notre. Nous descendons vers le port: les chalutiers sont à quai par cette mer chahutée et les pêcheurs s'activent à ravauder leurs filets.


Nous achetons crevettes et solettes pour le diner et terminons l'après midi par une promenade et quelques courses dans la ville.
Avant la nuit, nous gagnons une plage tranquille à l'extérieur de la ville, seulement dérangé par un militaire qui regagne son poste sur un promontoire rocheux et nous assure de la protection sans faille de l'armée marocaine. Un arc-en-ciel accompagne la fin du jour.

Voilà pour ce soir. La suite demain, peut être.
Claude.
