Nous voici de retour depuis bientôt 3 semaines d'un treizième voyage au Maroc. C'est une destination dont on ne se lasse pas, tellement les paysages sont variés, un accueil toujours chaleureux des marocains et la possibilité de bivouaquer facilement.
En 2011, nous sommes allés au pied de l'Agadir d'Id Aïssa à Amtoudi, l'Amin (nom donné au responsable de l'agadir) étant absent, nous n'avions pu le visiter, mais la vue et l'architecture de cet imposant agadir a incité notre curiosité et cette année nous avons décidé d'orienter notre voyage autour de la visite d'igoudar, pluriel d'agadir, on trouve également les orthographes Igherm, Tighermt en berbère, ce sont des greniers à grain collectifs. Ces édifices sont encore utilisés dans certains villages, d'autres ont été abandonnés et tombent ou sont en ruine. Certains de ces greniers sont fortifiés et installés sur des falaises.
Dans ces igoudar étaient entreposés des céréales dont le blé, des amandes, de l'huile d'Argane, des carottes, des ruchers, du miel, des objets de valeur, tels des actes de propriétés qui étaient pour certains écrits sur des ronds de bois ou roseaux,...
Pour la préparation de ce parcours je me suis documenté et ai trouvé principalement trois ouvrages qui m'ont servi de support, et d'autre part j'ai rencontré sur un forum, un marocain passionné par la recherche et la découverte de ces igoudar, avec lequel j'ai beaucoup échangé par mails, qui m'a apporté de très bons conseils sur les principaux igoudar à visiter.
Le premier ouvrage décrivant ces greniers a été écrit par DJ Jacques-Meunié qui était une femme française parlant l'arabe et le berbère, elle a parcouru l'Anti Atlas, le Siroua, l'Atlas en 1941-1942 puis 1945-1946 pour relever les plans, la situation, l'histoire et faire des photos de ces édifices, avec une publication du livre : "Greniers citadelles au Maroc" ainsi qu'un ouvrage de photos en 1951.
Un autre ouvrage intéressant : "Greniers collectifs de l'Atlas", a été écrit par une architecte marocaine : Salima Naji qui a fait ses études en France et de retour au Maroc a été chargée de la restauration de deux importants igoudar : Id Aïssa et Aguellouy à proximité du village d'Amtoudi.
L'an dernier un autre ouvrage écrit conjointement par des professeurs de facultés marocaines et allemande : "Les agadirs de l'Anti Atlas occidental", a été publié en français par l'Université de Bayreuth en Allemagne . Ce livre traite d'une très grosse partie des igoudar de l'Anti Atlas avec les plans d'accès, des illustrations, des plans et des cartes de repérage. Ils décrivent principalement ceux encore utilisés ou en bon état de conservation, ceux complètement ruinés et détruits ne sont que mentionnés.
Gérard44 et Cathy44 avec lesquels nous avons fait un voyage en Espagne en septembre 2011 étaient partants pour ce projet de voyage au Maroc. En Février -Mars lors d'un contact sur Skype avec la famille Tégé, Airwin ayant lu que nous élaborions un voyage au Maroc fin Mai, début Juin s'est montré intéressé et à leur retour en Belgique en mai nous confirmait qu'une fois la Tégé Car remise en état, qu'ils traverseraient l'Espagne avec des escales et iraient au Maroc pour d'une part rencontrer des amis à Casablanca, découvrir le Maroc en famille qu'ils ne connaissent pas et se joindre à nous pour rouler sur les pistes et voir des igoudar. Gérard et Cathy n'ont pas été mis au courant de cette rencontre que nous avons planifiée une fois que nous avons débarqué à Tanger Med.
Jeudi 24 mai
Alors que nous avions bivouaqué dans la région de Chichaoua, sur l'autoroute en direction d'Agadir nous appelions la Famille Tégé qui eux bivouaquaient à 80 km plus au Sud pour leur donner notre position et convenir d'un point de rendez-vous après la sortie de l'autoroute direction Taroudant. Nous étions les premiers sur le lieu, pour ne pas attirer l'attention de Gérard et Cathy nous avons prétexté une petite pause pour le café de Gérard, vérification des écrous de roues,... Au bout d'une dizaine de minutes d'attente nous voyions passer une première cellule Tisher, suivi d'une Dynamis sur un Land 130 et la famille Tégé en Land 130 et cellule Azalaï. Là après l'effet de surprise, nous reconnaissons Fernand accompagné de son frère et Maurice & Patricia que nous avions vu en septembre en Espagne. Je savais qu'ils étaient au Maroc, mais nous ne nous attendions pas à les retrouver à notre point de rendez-vous avec la famille Tégé. C'était un pur hasard, car à deux kms de là, Fernand , Maurice & Patricia ont vu arriver Airwin derrière eux au rond point à la sortie de l'autoroute




Après cette rencontre, Fernand, Maurice & Patricia nous quittent, ils vont vers Marrakech et commencent la remontée du Maroc
Fernand

Maurice & Patricia

Nous, nous partons en direction de Taroudant où nous ferons les courses et prendrons le repas dans un petit restaurant. L'après midi nous prenons la direction de Tioute puis une piste qui va nous mener dans l'Anti Atlas où je vais essayer de trouver un agadir que nous recherchons avec mon ami marocain : Tamelwoute. Cet agadir a été décrit par DJ Meunié dans son livre, mais dans les recherches sur le terrain il n'a pas été revu et dans le dernier livre "Les agadirs de l'Anti Atlas occidental", il n'est pas mentionné. A partir de Google Earth il est quelques fois facile d'en repérer, après plusieurs recherches je pense l'avoir situé et nous allons essayer de le retrouver.
Aires de battages nombreuses sur ce parcours et particulièrement à proximité d'igoudar

Rencontre dans un village en bord de piste

Au maroc il nous arrive de voir des tortues, l'une d'elle a traversé devant Gérard

Premier bivouac

Vendredi 25 mai
Nous poursuivons la piste en direction du village d'Ag'ni qui est sur la direction supposée de Tamelwoute.
Traversée de village

Pistes


Airwin

Airwin & Gérard

Enfants

Piste


Chèvres à l'assaut d'un arganier


En arrivant au village d'Ag'ni nous apercevons une école et décidons d'aller voir l'instituteur qui est encore dans sa classe, les élèves étant partis. Dans ces villages il est rare de trouver des berbères parlant ou comprenant le français, les instituteurs sont une bonne porte d'entrée quand on est en quête de notre route ou de renseignements. J'avais emmené la copie de la photo en noir et blanc prise par DJ Meunié en 1945 pour la présenter et essayer de trouver quelqu'un qui le connaisse. A première vue il m'indique que le village en aval où j'avais l'intention de me rendre ne comporte pas cet agadir, et me propose d'aller en voiture à un douar où il y a de vieilles personnes susceptibles de me renseigner. Sur le trajet nous croisons des maçons, l'instituteur les interroge avec la photo, ils ne connaissent pas. nous poursuivons jusqu'au douar et là une dame reconnaît l'agadir sur la photo et indique à l'instituteur qu'il est proche du village d'Oui n'Alioun. Sur ma carte au 100 K je repère ce village à quelques km d'Ait Ifrane mais il n'y a pas de piste de mentionnée, les cartes datent pour certaines de la fin du Protectorat.
Nous faisons demi tour et je suis satisfait qu'il ait été reconnu à partir de la photo. Nous nous arrêtons bivouaquer en bord de piste
