Escapade en Ouzbékistan

Avatar du membre
ivecogitation
Messages : 444
Enregistré le : sam. 16 avr. 2011 20:31
Localisation : 04

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par ivecogitation »

Bonjour à tous, merci pour les "like" :)

Revenons en à Termez, cette ville à l'extrême sud de l'Ouzbékistan dont l'Amou Daria trace la frontière avec l'Afghanistan. Elle concentre à elle seule des monuments historiques de différentes époques témoignant d'occupations successives. Notre Stoupa de Zourmala est un vestige du royaume de Kouchan, 1er siècle avant Jésus Christ, c'est une des plus anciennes constructions bouddhistes de L'Ouzbékistan. Avec la citadelle de Kirk Kiz, c'est l'Islam qui commence à se répandre en Asie Centrale, puis Sultan Saadat, XIII è siècle, richesse de l'architecture médiévale.

Pour l'heure nous sommes arrivés sur les 2 sites bouddhistes de Fayaz tepa et Kara tepa.

Fayaz tepa a été découvert en 1963. C'est un temple-monastère bouddhiste où l'on a retrouvé certaines des plus anciennes images de Bouddha. La reconstitution du site montre l'ensemble des bâtiments qui comprenaient, outre les salles de prière et de méditation, des chambres pour les moines, un réfectoire, des cuisines et un caravansérail. On y célèbre encore des rites bouddhistes, des délégations de moines coréens et japonais s'y réunissent régulièrement. Pour pénétrer à l'intérieur du stoupa, il faut quelques contorsions, l'entrée en étant fort étroite. Le guide attaché au site, nous explique avec sa trentaine de mots anglais, que les moines coréens et japonais, de petite taille, rentrent facilement mais que pour faire rentrer les touristes allemands et américains, c'est une toute autre histoire ! Il rit de toutes ses dents en or en nous mimant comment il tire et pousse ces pauvres touristes !! A l'intérieur du stoupa, des niches abritaient des statues de Bouddha assis, statues qui ont été transférées dans les musées nationaux.

Image

Image

Image

Image

A quelques centaines de mètres, les fouilles sont en cours pour dégager le site de Kara tepa, centre du culte bouddhiste du II au IVè siècle. S'étendant sur un territoire de presque 7 ha, il comprenait une dizaine de monastères et de temples, certains creusés à même la colline, d'autres bâtis en briques crues. On y chemine en équilibre sur les portions de murs à peine dégagés, on pénètre dans les cellules de moines où on l'on peut encore voir des traces de couleurs, le rouge, le blanc et le noir. Sur une parcelle à l'écart, des monceaux de fragments de canalisations en terre cuite : l'eau était acheminée sur le site depuis l'Amou Daria, que l'on voit à environ 2 km. Le sol est jonché de balles de tous calibres, tirées depuis la rive de l'Afghanistan.

Image

Image

Nous terminons cette journée de voyage dans le temps par le site de Kampyr tepa ou Oks Aleksandriya. Ce site vraisemblablement vieux de 2500 ans semble avoir été pendant longtemps le principal lieu de franchissement du fleuve. D'ailleurs c'est là qu'Alexandre l'aurait traversé en 329 av. JC. La cité était un lieu d'échanges importants, il y avait un port, on y retrouve les fondations de centaines de boutiques. En conclusion, je citerai notre adorable guide et son anglais en or : Fayaz Tepa : little monastery. Kara Tepa : big monastery. Kampir Tepa : BIG BIG bazaar ! Le tout avec les gestes et l'emphase qui complètent la description !!

Pour terminer cette journée, nous dînons dans un restaurant où, pour manger léger, nous commandons du poulet grillé. On nous servira un poulet entier débité en morceaux, mais grillé :(

Image

Image

Image


Le lendemain, c'est le retour sur Darband. Mais avant de partir, je souhaite aller voir le bien mal nommé "Pont de l'Amitié" qui traverse l'Amou Daria et par lequel les troupes russes sont rentrées en Afghanistan, et en sont ressorties comme le soulignera par la suite un guide francophone rencontré en chemin. J'ai lu qu'on ne pouvait pas aller jusqu'au pont, mais j'espère pouvoir l'apercevoir de loin. Une magnifique 2 fois 2 voies y mène directement. Aucun panneau d'interdiction ni de limitation d'aucune sorte, des véhicules y circulent dans un sens et dans l'autre, nous nous y engageons. Après quelques kilomètres, nous sommes arrêtés par une barrière gardée par des militaires. Nous pensons avoir atteint les limites autorisées. J'explique au militaire que nous souhaitions voir le pont. Il me répond que c'est interdit et qu'il faut aller au QG en ville demander une autorisation particulière et se faire accompagner. Tant pis, je réponds que ce n'est pas grave, que nous allons simplement faire demi-tour, pourrait-il juste nous ouvrir la barrière pour qu'on puisse reprendre la route dans l'autre sens ? Et là, ça va devenir assez ubuesque. Il ne peut pas nous laisser faire demi-tour, il doit en référer à son "commissaire". On nous demande une première fois nos passeports. Puis c'est la relève de la garde, un second troufion nous demande à nouveau nos passeports et nous devons à nouveau ré-expliquer ce que nous faisons là et demander à faire demi-tour... Oui mais il faut attendre le commissaire qui sera là dans 5 minutes. Coups de téléphone,conversations au talkie-walkie... De 5 minutes en 5 minutes, 1 heure passe, toujours pas de commissaire... Pendant ce temps là, quantité de véhicules vont et viennent font demi-tour, sauf nous... Je sors à nouveau de la voiture, on m'explique que le commissaire est "very busy"... Je me confonds en excuses, nous ne souhaitons pas déranger le commissaire qui a sûrement autre chose à faire, je voulais voir le pont qui est historique, c'est une erreur de ma part, je suis désolée, nous voulons juste faire demi tour, je ne savais pas que c'était interdit - ça ne l'est pas me répond-il (????)-, bref, j'en fais des caisses... Imperturbable, le bidasse me dit " 5 minutes". Je retourne à la voiture... et là, d'un seul coup, le voilà qui arrive et nous dit : vous pouvez faire demi-tour. Plus de commissaire, plus de passeport, plus de coups de fil, plus d'autorisation nécessaire, la barrière s'ouvre... A posteriori on s'est demandé si le militaire n'attendait pas un backshish de notre part pour ouvrir la barrière. Il est très mal tombé, nous serions restés la journée si nécessaire, j'aurais sorti le pique-nique, demandé les toilettes, mais sûrement pas sorti quelques billets.

Bon, tant pis pour le pont, on ne va pas insister, on reprend la direction de Derbend par de jolies pistes à travers la campagne.

Image

Image

Image

Image

Image

A midi, nous trouvons miraculeusement un arbre "public" dans le lit d'une rivière asséchée, en contrebas d'un champ. A peine installés à l'ombre, nous sommes apostrophés par un adolescent qui nous fait de grands signes pour nous inviter chez lui. Nous déclinons poliment. Nous pensons avoir été suffisamment convaincants lorsque nous voyons arriver l'adolescent et 2 de ses frères chargés de tapis et de coussins qu'ils installent côté de la voiture en nous invitant à y prendre place. Nous nous installons donc. Et voilà qu'arrivent une assiette de pommes de terre rissolées, une autre de morceaux d'agneaux grillés, un grand bol de fromage blanc parfumé à la sauge et à l'aneth, des abricots et des pommes !!! C'est invraisemblable !! Et nous repartirons avec 1 kilo d'abricots et 1 kilo de pommes en prime !! Il faut dire que les arbres croulent sous les fruits, nous roulons sur les abricots tombés sur la piste !

Image

Image

Image

Nous reprenons enfin la piste, bouleversés par autant de générosité. En plein milieu d'après-midi, en plein cagnard au milieu de nulle part, une famille marche le long de la piste, le père, la mère et 2 enfants. Nous nous arrêtons pour leur demander s'ils veulent monter. C'est pas de refus. Nous pensons qu'ils vont jusqu'au village suivant. Ce n'est pas vraiment notre chemin, mais ça ne nous fait pas faire un gros détour. Mais nous dépassons le village. Et le suivant aussi. La communication est impossible, on ne se comprend vraiment pas, à part le geste de continuer encore et encore. Voilà déjà une bonne heure qu'on roule lorsque nous arrivons devant un luxe de barbelés déployés à droite et à gauche de la piste avec un panneau indiquant que nous sommes arrivés à la frontière avec le Turkménistan et qu'il est interdit de passer. Nous n'avons pas vraiment l'intention de réitérer les exploits de la matinée et envisageons de laisser là nos passagers. Mais ça s'énerve u peu dans la voiture devant notre refus de continuer... alors on continue, encore une bonne dizaine de kilomètres, entre ces 2 rangées de barbelés. Et là, une ouverture côté Ouzbékistan : la piste mène aux alpages, c'est là que notre famille a installé son campement d'été avec son troupeau. D'autres familles sont aussi installées là pour l'été, il y règne une intense activité. Nous refusons l'invitation à aller boire un coup dans la tente, nous avons plutôt hâte de sortir de la zone des barbelés...

Image

L'endroit se prête effectivement aux pâturages d'été, nous y verrons nos premières yourtes avec les enclos pour les bêtes.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Il n'y aura pas d'autres péripéties et nous profiterons des magnifiques paysages avant de retrouver Derbend. Demain nous prendrons la direction de Boukhara.

Image
Avatar du membre
syncronono
Messages : 4716
Enregistré le : mar. 28 févr. 2012 23:25
Localisation : Aix en Provence

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par syncronono »

"... Et voilà qu'arrivent une assiette de pommes de terre rissolées, une autre de morceaux d'agneaux grillés, un grand bol de fromage blanc parfumé à la sauge et à l'aneth, des abricots et des pommes !!! C'est invraisemblable !! Et nous repartirons avec 1 kilo d'abricots et 1 kilo de pommes en prime !! Il faut dire que les arbres croulent sous les fruits, nous roulons sur les abricots tombés sur la piste !... "

Magique.
……………………………………………………
Sprinter 316 CDI 4X4 - Aménagement HymerCar Grand Canyon :
http://www.casa-trotter.com/phpBB3/view ... f=7&t=9248

T3 Syncro http://www.casa-trotter.com/phpBB3/bonj ... t3670.html. VENDU.
def130
Messages : 2589
Enregistré le : mar. 23 nov. 2010 22:44
Contact :

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par def130 »

top ! salut volontiers l adresse du loueur de 4x4 j ai fait la Georgie l eté dernier avec une loc un pajero mais pas terrible comme 4x4
PS .je me suis offert un nouveau véhicule atypique sans trop électroniques pour les destinations plus lointaines mais pas encore prêt pour l instant
Avatar du membre
ivecogitation
Messages : 444
Enregistré le : sam. 16 avr. 2011 20:31
Localisation : 04

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par ivecogitation »

Bonsoir Def 130,

Le site du loueur : https://rentcar.uz/en/cars. Nous l'avons contacté via Whatsapp avec le numéro qui figure sur le site. Malgré ce qu'il nous avait dit, il ne prend pas la carte bancaire, la location se règle en espèces, Dollars ou Soums.
Véhicule impeccable, 50 000 km au compteur, treuil et pneus tout terrain, boîte automatique et diesel, attention pas toujours simple de s'approvisionner, les véhicules roulent majoritairement au gaz.
Avatar du membre
ivecogitation
Messages : 444
Enregistré le : sam. 16 avr. 2011 20:31
Localisation : 04

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par ivecogitation »

Bonsoir à tous !

Nous voici à Boukhara. C'est un gros choc après nos derniers jours au calme et à la campagne ! La ville, dans son organisation, est très différente de Samarcande. Là, les monuments sont partout. Mais les touristes aussi et partant, les commerçants itou. Le souk occupe une place importante dans la ville, et il y règne une grande agitation. Partout des voiturettes ouvertes électriques sillonnent les rues à vive allure, souvent conduites par des gamins qui se tirent la bourre pendant que leurs passagers se cramponnent et que les passants s'écartent en catastrophe. Pas mal de racolage pour les taxis, les boutiques, les restaurants, les hôtels... C'est un peu pénible, et ça plombe un peu l'ambiance même si la aussi les édifices sont magnifiques.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Un peu à l'écart du centre, la mosquée tchor Minor, avec son nid de cigognes sur l'un des minarets. On retrouve très souvent les cigognes, c'est un symbole de paix et d'harmonie.

Image

Image

Image

Image

Image

Dans la région, on confectionne des suzani, ces tissus brodés de motifs colorés, souvent floraux. Compte tenu de la profusion de tissus proposés, les broderies artisanales à la main ne doivent pas être la majorité. A un moment, trop c'est trop !

Image

Image

Image



Autre spécialité de la région, les calottes.

Image Image Image

Et Boukhara est aussi célèbre pour ses marionnettes en papier mâché, le théâtre de marionnettes occupe une grande place dans le folklore ouzbek et les marionnettes sont souvent revêtues de costumes traditionnels.

Image

Image

Image

Image

Image

On trouve vraiment beaucoup de choses dans les boutiques !!

Image

Et aussi quelques artisans dans une courette.

Image Image

Image

Image

Image

Ah ! On retrouve nos poussettes à pains !

Image

Dans cette chaleur écrasante, seuls les touristes circulent, les gens du coin cherchent l'ombre et se livrent à des activités plus calmes. Et le plan d'eau dans le centre ville est le lieu de réunion incontournable à toute heure de la journée !

Image

Image

Pauvre pauvre chameau, il n'a pas la fière allure qu'ont ses compatriotes dans notre imaginaire sur la Route de la Soie :(

Image

De notre côté, après ces 2 jours à Boukhara, nous repartons demain en direction de Khiva !
Avatar du membre
sakapus
Messages : 910
Enregistré le : mar. 8 janv. 2013 14:03
Localisation : Là bas...

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par sakapus »

Dommage que Boukhara se soit transformée comme cela, je comprends que ca gâche un peu le plaisir.
Encore un exemple des effets négatifs du tourisme de masse.
T3 syncro et HZJ79
Avatar du membre
zebulon54
Messages : 3076
Enregistré le : dim. 10 nov. 2013 14:26

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par zebulon54 »

Bonjour

Pour moi qui ne connais pas cet endroit je trouve que c’est magnifique.
Concernant le tourisme il me parait difficile de refuser à d’autres, même s’il sont nombreux, la découverte et l’utilisation de ces lieux.
En France, première destination touristique au monde, il y a des lieux inaccessibles à certaines périodes.
C’est une des conséquences de la mondialisation et cela vaut aussi pour des destinations un peu moins connues, tel
que l’Ouzbékistan.
Doit on s’en plaindre ?
Avatar du membre
sakapus
Messages : 910
Enregistré le : mar. 8 janv. 2013 14:03
Localisation : Là bas...

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par sakapus »

Je pensais aussi aux populations locales qui pâtissent parfois de cette surpopulation touristique.
Non bien sûr je ne me plains pas.
Nous sommes libres de choisir nos itineraires en phase avec nos envies et le choix est vaste.
T3 syncro et HZJ79
Avatar du membre
Thekaguy
Messages : 472
Enregistré le : mer. 12 oct. 2011 08:44
Localisation : Carpentras

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par Thekaguy »

Bonjour ivecogitation
En lisant tes commentaires et en regardant tes photos, cela me rappelle de bon souvenirs, malheureusement lointains.
Notre traversée de l'Asie Centrale en direction de la Mongolie remonte à 19ans, mais un pays comme l'Ouzbékistan ne s'oublie pas.
A l'époque il n'y avais aucun touriste lorsque nous arrêtions notre camion les Ouzbecks nous regardais comme si nous étions des Martiens, mais toujours avec un sourire et un mot gentil que nous ne comprenions pas.
Bonne continuation.
Sprinter 316 CDI
Avatar du membre
ivecogitation
Messages : 444
Enregistré le : sam. 16 avr. 2011 20:31
Localisation : 04

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par ivecogitation »

Bonjour et merci pour vos commentaires.

Le sujet sur le tourisme de masse est vaste... Notre impression sur Boukhara est restée mitigée, architecture magnifique noyée dans le bruit, l'agitation et une température étouffante, tout cela est très personnel. Nous avions quelque appréhension concernant Khiva, la crainte de revivre la même chose, mais non, Khiva restera notre coup de cœur pour les villes historiques visitées.

@Thekaguy : quelle chance d'avoir pu voyager dans le pays avant qu'il ne soit touristique !

Nous voici donc arrivés à Khiva, dans la région du Khorezm. L'histoire de Khiva remonte au temps des caravaniers qui s'arrêtaient pour trouver de l'eau douce au puits de Khivak. Dans ces terres perdues dans la steppe, la vie est intrinsèquement liée au fleuve Amou Daria dont le cours souvent modifié à cause de crues ou de glissements de terrain a fait et défait des villes.

Décrire Khiva est une gageure. On pourrait détailler à l'infini la splendeur de ses médersas, mosquées, minarets, mais cela ne suffirait pas à rendre l'atmosphère indéfinissable qui y règne. Il n'y a quasiment pas de voitures qui circulent dans Khiva, ni de ces taxis électriques qui pullulent à Boukhara. Et les touristes doivent y passer par vagues car nous en avons vu très peu les 2 jours où nous sommes restés. Nous avons flâné dans les rues, le nez en l'air, sans arriver à nous rassasier panoramas toujours différents qu'offre la ville dans les différentes lumières de la journée.

Image

Image

La vieille ville "Itchan Kala" est enserré dans ses murailles.

Image

Image

Image Image

Les minarets qui sont les images symboles de la ville.

Image

Image

Image

Image Image

Image Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Médersas, coupoles des bains, je ne vais pas faire un copié-collé de ce que disent les guides.

Image

La mosquée du vendredi, mosquée Djuma et ses 212 piliers dont chacun est différent.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

La demeure du Khan composée de chambres pour les hôtes de passage, de terrasses, de cours intérieures, du harem, le tout relié par des couloirs sombres aux plafonds peints.

Image

Image

Chaque jour la ville offre des animations bien sympathiques.

Image

Image

Image

Image

On se laisse porter par la lumière du soir qui enveloppe doucement la ville... Et demain on se remet en route !

Image
Avatar du membre
ivecogitation
Messages : 444
Enregistré le : sam. 16 avr. 2011 20:31
Localisation : 04

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par ivecogitation »

Ce matin, départ de Khiva aux aurores pour éviter les grosses chaleurs. En route pour Nukus, notre premier arrêt sera pour la forteresse d'Ayaz Kala, ou du moins ce qu'il en reste. Il y a dans la région de nombreuses citadelles comme celle-ci, les plus anciennes dateraient du Vè siècle av. JC. Elles étaient construites pour défendre les populations contre les attaques des nomades. On peut voir les vestiges de nombreux canaux qui les alimentaient en eau depuis l'Amou Daria. Nous sommes dans le désert du Kyzil Kum, dans la République autonome du Karakalpakstan, un nom qui semble tout droit sorti d'un album de Tintin 😂. Et nous rencontrons nos premiers chameaux d'une taille impressionnantes, trimballlant des lambeaux de leur laine d'hiver comme de vieilles couvertures pelées. Je m'approche d'un beau spécimen pour faire son portrait, mais apparemment je lui ai tapé dans l'œil et il se dirige vers moi au petit trot en poussant des cris venus d'un monde de dinosaures. Sans doute souhaite-t-il faire un selfie, mais dans le doute je me rapatrie prudemment à la voiture, c'est qu'il est vraiment monstrueux le bestiaux 😬😬.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Lorsqu'on s'écarte de la route principale pour s'enfoncer dans les campagnes, on découvre des fermes un peu différentes de ce que l'on a vu jusqu'à présent. Le fourrage est mis à sécher sur les toitures ce qui doit aussi servir d'isolant dans ces régions qui ont tout de la poêle à frire. Les routes de campagne sont un vrai labyrinthe qui circule entre les canaux d'irrigation. Il y en a vraiment beaucoup, certains très profonds, d'autres complètement asséchés. Le système d'irrigation du pays est à bout de souffle. Il date de l'époque soviétique et on sait les dégâts que la culture intensive du coton et son irrigation ont causé à la mer d'Aral. L'évaporation de ces canaux à ciel ouvert ainsi que la part de l'eau qui disparaît dans la terre atteint les 40%. D'autre part, le système d'irrigation est un système par immersion qui paraît totalement aberrant de nos jours. Depuis 4 ou 5 ans le gouvernement tente de faire bouger les choses. On commence à voir des canalisations qui remplacent certains canaux et l'irrigation au goutte à goutte est encouragée par des exonérations d'impôts.

Image

Image

Image

Nous en sommes à notre 4ème citadelle de la journée. La dernière est en voie de restauration, des 2 précédentes il ne restait pas grand chose, quelques pans de murailles érodées qui se dressaient vers le ciel comme les vieux chicots d'une bouche édentée. En approchant de Nukus nous longeons des zones minières, extraction, usines, cimenteries et trains de marchandises dont les poussières et les fumées se mêlent au ciel devenu laiteux.
En fin d'après midi, nous arrivons à la nécropole de Midzakhan. Le site s'étend sur 3 collines. On peut en mesurer l'étendue en regardant sur une photo satellite. C'est un haut lieu de pèlerinage musulman. Pour y accéder en venant de Nukus on emprunte plusieurs ponts pour traverser de larges canaux d'irrigation. Puis l'un de ces pont enjambe l'Amou Daria : le fleuve large et majestueux que nous avons admiré à Termez est devenu une rivière pratiquement à sec...

Image

Image

Image

Image

Image

Image

On ne peut pas s'arrêter à Nukus sans aller visiter le musée Savitsky qui regroupe une belle collections d'oeuvres d'avant garde sauvées in extremis de la destruction ordonnée par Staline et mises à l'abri par Savitsky dans cette ville au milieu de nulle part "la deuxième plus grande collection d'avant-garde russe dans le monde (après le Musée russe de Saint-Pétersbourg)" nous dit Wikipedia. Personnellement j'ai été très déçue. Le musée comprend 3 bâtiments qui abritent également des trésors archéologiques ouzbeks. Mais deux de ses ailes sont fermées pour cause de réfection. Les collections d'art ouzbek sont donc très réduites. Quant aux peintures, si l'on a eu l'occasion d'admirer ce que produisait l'Europe à la même période, on reste dubitatif. Ou comme Pierre, on évalue l'ensemble des collections du pas très beau au véritablement moche ! Pas de photo, 60€ pour avoir l'autorisation de rentrer avec son appareil.

Après cette visite pas très convaincante, nous prenons la route en direction de Shimbay avec un arrêt à Ishanqal'a, un ensemble du XIX è siècle plutôt intéressant. Je ne sais pas si le terme urbex s'applique aussi à ce genre de visite de vestiges 😁. On pourrait appeler ça de l'ouzbex peut-être... A l'intérieur des murailles, durant l'hiver, quelques 40 000 personnes s'y regroupaient, paysans, pêcheurs et bergers. A l'intérieur de la medersa, 50 élèves pouvaient prendre place pour y étudier le Coran. Il y avait aussi une bibliothèque, un caravansérail, une mosquée... Pour l'heure on déloge surtout des lapins, un énorme oiseau de nuit et on évite des nids de frelons, asiatiques, énormes !!!

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Nous poursuivons notre route jusqu'à Shimbay où nous allons essayer de dénicher un artisan qui fabrique des pièces détachées pour les yourtes. Il est midi quand nous arrivons en ville, c'est la pause déjeuner, nous repasserons plus tard. Nous en profitons pour aller faire un tour au marché. Il est énorme ! En l'espace de quelques minutes, nous sommes repérés, comme si nous avions la mention "touristes" en lumières clignotantes inscrite sur le front. Là encore nous sommes surpris que les gens demandent à se faire prendre en photo, et à faire des selfies avec nous !!

Image

Image

Image

Pour manger sur le pouce, l'offre ne manque pas. On opte pour des "gumma", sorte de crêpes frites farcies à la pomme de terre et à l'oignon.

Image

Le fish & ships local.

Image

Le boulanger est tellement content d'avoir fait un selfie avec nous qu'il refuse qu'on lui paie le pain !!

Image

Image

Je vais arrêter là pour ce soir, un énorme orage est en train de s'approcher et ça m'ennuierait qu'une coupure de courant me fasse perdre ce que je viens de faire ;)

Bonne soirée à tous !
Avatar du membre
Thekaguy
Messages : 472
Enregistré le : mer. 12 oct. 2011 08:44
Localisation : Carpentras

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par Thekaguy »

Toujours très content de voir tes photos et lire tes commentaires.
Sprinter 316 CDI
Avatar du membre
pvb
Messages : 380
Enregistré le : dim. 3 mars 2013 10:29
Localisation : Puy-de-Dôme

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par pvb »

qu'est ce que j'aimerais être à votre place!

Profitez en encore plus
Ranger T6 Wildtrack Doka 3.0L+Cellule Trip&Fish (n°002)
Avatar du membre
ivecogitation
Messages : 444
Enregistré le : sam. 16 avr. 2011 20:31
Localisation : 04

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par ivecogitation »

Bonjour et merci pour vos sympathiques témoignages !!

Nous repartons à la recherche de notre artisan fabricant de pièces pour les yourtes. Nous trouvons enfin son atelier après avoir parcouru en tous sens les rues de cette petite ville qui se ressemblent toutes beaucoup. Il aura la gentillesse de nous présenter son travail dans une histoire sans paroles, mais avec des gestes suffisamment éloquents pour nous faire comprendre ce qu'il fait. Outre les pièces en bois, il confectionne aussi les liens en cuir qui servent à les assembler, directement taillés dans la peau peut-être de mouton ou de chèvre. Les copeaux sont utilisés pour alimenter le foyer.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Retour à Nukus en passant par de petits villages dans la campagne. Quelques gouttes de pluie viennent étoiler le pare brise : une partie des 44 mm d'eau annuels. Ici on ne mesure pas les averses en mm mais en nombre de gouttes au m2 😮. Aujourd'hui il a fait bon, seulement 34° au lieu des 42 d'hier 🤭.

Le lendemain nous entamons le retour. Nous avions décidé, pour rejoindre Navoï, d'emprunter la route qui passe par la steppe histoire de ne pas faire le même chemin qu'à l'aller. Mais nous redoutons l'état du goudron alors que nous savons que certaines portions déjà parcourues sont assez roulantes. Partis de Nukus à 6 h du matin, nous garons la voiture à 18 h devant l'hôtel, c'est notre plus longue liaison, mais finalement ça a été, malgré quelques tronçons de route vraiment très très abîmée voire totalement absente. Les températures à midi au milieu de la steppe sont montées jusqu'à 47°, heureusement la clim de la voiture est performante.

Changement total de décor pour cette région du Zerafshan. Navoï est une ville industrielle dotée d'une zone franche. Ses sous-sols regorgent de métaux précieux, on y extrait notamment l'or le plus pur du monde, mais elle dispose aussi d'importants gisements de gaz naturel et de nombreuses carrières fournissant des matériaux de construction. La ville elle-même ne présente pas d'intérêt particulier, mais dans mon guide il est question d'un petit village bien caché derrière les collines de Katta Qorgon et semblant présenter quelque intérêt : Tim. Pour aller à Tim, nous suivons les camions qui vont récupérer leurs chargements de plâtre. Il souffle un vent violent et la poussière soulevée reste en suspension ce qui crée une atmosphère assez surnaturelle dans ces paysages dénudés. D'innombrables sacs plastique apportent ça et là quelques taches de couleur. Une énorme centrale électrique bouche l'horizon. Après 2 heures de piste infernale nous arrivons à Tim où il est difficile de tenir debout tant le vent est violent.

Image

Image

Parfois des paysages qui font penser au far west.

Image

La visibilité est épouvantable, le vent est vraiment très violent. Caché derrière le muret, à droite de la photo, se tient un petit marché où les marchandises restent à l'intérieur des camionnettes, impossible de dresser des étals.

Image

Image

Image

Image

Quand on voit le nombre de pierres qui calent les toitures on se dit que le vent doit être une constante dans le coin.

Image

Ces sortes de portiques que l'on retrouve à peu près partout sont en fait les conduites de gaz. Elles forment des réseaux impressionnants à ciel ouvert, le long des routes et dans les villes. On ne s'éternisera pas à Tim, nous en repartons en direction d'Ingichka pour retrouver une route qui nous ramène à Navoï. Nous passons de l'autre côté des collines par un joli canyon et là le paysage change du tout au tout : il y a du vert et surtout des cultures. Ou plutôt une seule et unique culture : du blé. Du blé à perte de vue, aussi loin que peut porter le regard, ça en est presque incohérent, du blé qui ruisselle dans les vallons, qui monte à l'assaut des collines pour les dévaler de l'autre côté, un océan de blé. Une illustration de la planification étatique en œuvre depuis l'ère soviétique ou il y avait 2 cultures obligatoires, le blé et le coton. Ingichka est beaucoup plus qu'un village. A l'entrée de la ville, se dressent 2 barres d'immeubles qui servaient sans doute à loger les ouvriers agricoles. Le pan de mur aveugle est décoré de fresques géométriques mais les bâtiments ont été totalement "déshabillés" et les matériaux ont dû servir à d'autres constructions. Nous dépassons aussi d'immenses silos.

Image

Nous terminons la journée par une balade dans le parc du Sarmishoy, un site réputé pour ses nombreux pétroglyphes. Rencontre sur place d'un couple de Suisses en bivouac avec leur camion et en vadrouille en Asie Centrale depuis 2019 !!! Le site est affreusement sale, jonché de sacs plastiques et de tessons de bouteilles. Le sentier aménagé pour voir les gravures s'est transformé en sentier à graffitis bientôt plus nombreux que ces dernières. Le site est décevant, sauvé malgré tout par quelques belles gravures.

Image

Image

Image

Je me trompe où on a surtout représenté des messieurs sur ces gravures ? Et la parité pariétale alors ?

Image

Image

Image

Depuis que nous avons commencé notre périple, nous avons été frappés par la propreté du pays. Chaque fois que nous en avons parlé avec des habitants ils nous ont tous dit que cela faisait partie de leurs traditions (il est vrai aussi que sous l'ère soviétique, un quidam pris à jeter un papier par terre écopait d'une lourde amende). Ce discours nous a surtout été tenu par des anciens. Nous avons malheureusement constaté un peu plus de laisser aller parmi la nouvelle génération et il est à craindre que le pays ne rattrape bientôt son retard en matière de pollution par les déchets.

Demain, nous irons vers les collines de Nuratau.

Bonne soirée,
Avatar du membre
euro6
Messages : 4508
Enregistré le : ven. 26 nov. 2010 21:13
Localisation : Rouen

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par euro6 »

Bonsoir,

Merci à vous pour ce récit si agréable à lire et si bien illustré !
Les conduites de gaz qui zigzaguent de maison en maison dans la ville sont comme une signature de l’ex-URSS. Nous avons repéré les mêmes dans les villages arméniens.
Toyota Hilux DC et Modulidea Mocamp "light" auto-aménagée

Ils n'auront pas notre haine.
Avatar du membre
ivecogitation
Messages : 444
Enregistré le : sam. 16 avr. 2011 20:31
Localisation : 04

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par ivecogitation »

Bonjour à tous,

@euro6, merci et votre intervention m'incite à quelques informations complémentaires, bien parcellaires évidemment au vu de la complexité historique, mais juste pour que le pays ne soit pas qu'une belle carte postale aux couleurs turquoise.

L’héritage de l’URSS ne se limite pas aux canalisations de gaz. Il est encore présent dans la langue russe parlée par les anciens qui ont grandi et vécu sous le régime soviétique. Et il a aussi amené des transformations inattendues. Je vais essayer de résumer un des épisodes de l’Histoire en prenant quelques raccourcis. Comme beaucoup d’autres républiques soviétiques le pays a subi dans les années 1930 la collectivisation des terres. Cette collectivisation est intervenue un peu plus tard que dans d’autres républiques car l’Ouzbékistan était organisé en dehkans, organisation agricole héritée des Perses dont Cyrus II a fondé l’empire entre 559 et 530 avant notre ère et dont l’Ouzbékistan actuel représentait la province de la Sogdiane. Au XIè siècle de notre ère, les dehkans possédaient des terres ou s'impliquaient directement dans l'agriculture; soit par des plantations soient par la gestion des terres. Ils étaient aussi les gardiens de l’histoire et de la culture préislamique. En 1929, le parti communiste local promit de rassembler dans les 5 ans 60 % de la production du coton ouzbek dans des exploitations collectives. La région de Fergana semblait la plus appropriée mais les cultures s’étendirent à d’autres régions. Les petits propriétaires terriens n’ont pas perdu à ce moment là la possibilité de continuer à cultiver leurs vergers (grâce au système ancestral des dehkans) et ont pu continuer à vivre de la même manière. Ils travaillaient pour une exploitation collective dont ils tiraient moins de revenu, mais ont conservé leur mode de vie. Les Kazakhs et les Turkmènes en revanche se sont vus confisquer leur bétail et contraints à la sédentarisation les obligeant à rompre complètement avec leurs traditions. Dans les montagnes tadjikes, 48 000 familles sont parties s’installer dans les vallées entre 1925 et 1940, devenant complètement dépendantes de l’état en matière de logement et de nourriture. En 1933, l’URSS par le biais de Staline a orchestré une famine catastrophique afin d’asseoir son autorité sur la société paysanne ukrainienne : c’est « l’holodomor » qui fera près de 4 millions de morts. La famine gagne le Kazakhstan et les Kazakhs se mettent à affluer en Ouzbékistan où le problème de la nourriture finit par se poser aussi poussant les gens à aller déterrer dans les presses à huile les tourteaux de coton. Ils les mangeaient et en mouraient. Les paysans ont alors planté du blé mais sur des terres non irriguées et rien n’a poussé. Le pays a alors connu une véritable révolution alimentaire et les gens se sont mis à consommer des aliments jugés impurs (haram) car consommés jusque là par les Russes. C’est ainsi que le chou, les aubergines, les tomates et même les pommes de terre sont entrés dans le quotidien des Ouzbeks. Une influence russe là où l'on ne l'aurait pas cherchée tant ces aliments semblent avoir toujours été présents dans la cuisine.

Dans certaines petites villes l’appellation « kolkhoze untel » ou « sovkhoz untel » est restée et on peut encore voir les habitations collectives construites à cette époque. Autre vestige russe, les side cars, reconvertis en motos de livraisons ou en véhicules utilitaires. A la télévision, ce sont les chaînes russes qui prédominent, il y a bien la BBC et une chaîne internationale mais les 2 sont en langue anglaise.

Pour l'instant, nous quittons Navoï en direction des collines de Nuratau qui forment un petit massif est ouest dont les sommets ne dépassent pas les 2000 m. Nous avons choisi de faire un petit détour par l'est pour éviter les voies à grande circulation. On profite d'un paysage agréable et un peu plus frais.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Puis nous rejoignons la route, enfin ce qui s'apparentait jadis à une route, qui longe le massif côté nord. Des vallées plus ou moins importantes s'ouvrent dans les contreforts des collines et les villages s'y installent dès qu'une rivière ou un torrent le permet. Nous avons choisi de nous arrêter à Uhum. C'est un pays de cocagne où les arbres croulent sous les fruits : abricots, cerises, mûres, les mûriers sont très présents du fait de l'élevage des vers à soie.

Image

Image

Partout dans le village on voit couler les "aryk" ces petits canaux d'irrigation hérités des Perses.

Image

Image

Sur les toits plats des habitations les abricots sont mis à sécher. L'Ouzbékistan est le 2ème pays producteur mondial d'abricots.

Image

Image

Un sentier mène sur les hauteurs du village. On peut voir d'autres villages blottis dans les vallées et surtout à l'horizon on distingue la ligne bleue du lac Aydarkul que les gens appellent ici "la mer".

Image

Image

Image

Il est tout jeune ce gamin monté sur son cheval, il a fière allure et il le sait, il cabotine un peu devant notre objectif braqué sur lui...

Image

Nous sortons d'Uhum pour emprunter une autre vallée située quelques kilomètres avant et qui mène au village de Sentyab. Nous avons prévu de faire une petite rando qui aboutit à des maisons abandonnées. Ces villages ont été totalement vidés de leurs habitants déplacés dans les kolkhozes pour la culture du coton. Depuis quelques années, la population revient peu à peu pour s'essayer à l'écotourisme, mais pour l'instant ce ne sont que les balbutiements. Les maisons sont bien présentes, on les distingue à peine car elles sont construites avec la roche locale. La balade est une des plus agréables que nous aurons faite durant le séjour.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Demain, on va à la mer ! Bon dimanche !
Avatar du membre
ivecogitation
Messages : 444
Enregistré le : sam. 16 avr. 2011 20:31
Localisation : 04

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par ivecogitation »

Bonjour,

Au dépat d'Uhum, ce matin, notre principale préoccupation du jour est de trouver du gas oil dans une région où tout le monde roule au GPL. Pas de grand axe routier où des camions auraient besoin de se ravitailler. Cette recherche nous a obligés à aller vers une grande ville alors que nous souhaitions aller vers "la mer" . Un premier essai infructueux pour nous approcher du rivage ne nous a conduits qu'à une usine désaffectée et plus loin son village d'immeubles décrépis où vit une population délaissée. Ce n'est qu'en milieu d'après-midi que nous avons trouvé une pompe puis dans la foulée un arbre avec de l'ombre pour une pause bien méritée, mais de plus en plus loin de la mer... L'après-midi s'avançant, nous avons commencé à chercher un hôtel et le seul que nous avons trouvé était fermé. Pierre s'en va glaner quelques informations dans un petit supermarché adjacent. Et là, 2 jeunes super sympas nous indiquent un endroit au bord de la mer où on pourrait trouver un hébergement, un endroit où les gens de la ville vont se baigner durant le week-end. Allez, nous voilà repartis. Les pistes partent dans tous les sens, le terrain est très marécageux et on est plusieurs fois contraints de faire demi tour car on arrive devant des trous d'eau, sans oublier les nombreux canaux dont il faut trouver le pont qui les traverse. Mais le cheminement est vraiment sympa. Il y a pas mal de camions à ruches, il faut dire que tout est fleuri. Enfin, après presque 2 heures à tangenter le rivage sans pouvoir s'en approcher, on distingue enfin la construction décrite par nos 2 jeunes. C'est un endroit totalement improbable ! Mais il y a quelqu'un. On demande si l'on peut passer la nuit et si l'on peut aussi avoir un dîner, c'est ok pour les 2. On nous installe alors dans une sorte de garde-manger géant, une cabane sur pilotis entourée d'un grillage moustiquaire. Et là, grande classe, on a d'abord droit à un coucher de soleil flamboyant puis on nous installe notre table et les victuailles arrivent dans une odeur alléchante. Puis on nous installe toujours cette accumulation de petits matelas, + une couverture pour la fraîcheur de la nuit. On n'aurait pas pu rêver mieux ! Après une nuit sans histoire, on se réveille avec les poules et ce n'est pas qu'une expression, et je m'attendris devant le spectacle d'un chiot jouant avec sa mère devant la cabane jusqu'à ce je m'aperçoive que c'est une de mes chaussures qu'ils sont en train de déchiqueter joyeusement :rougefaché:

Image

Image

En contrebas de la route, une série de gamelles trempouillent dans le ruisseau. Qu'est-ce que c'est ? De l'ayran, ce lait fermenté que l'on boit un peu partout en orient. Les femmes l'ont préparé et le laisse au frais dans l'eau, beaucoup de voitures s'arrêtent pour en acheter.

Image

Image

Notre hôtel dont l'entrée est signalée par 2 palmiers en plastique.

Image

Image

Notre cabane pour la nuit.

Image

Les fameux side cars russes.

Image

Les familles du village voisin viennent faire trempette. Il y a très peu d'eau dans le lac, on peut marcher très loin avec de l'eau jusqu'aux genoux. Il y aurait une trentaine de poissons différents qui y seraient pêchés, mais seulement l'hiver. On a aussi longé des réservoirs bien plus profonds où les poissons sont stockées pendant l'été.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Pour le retour, nous reprenons la piste de l'aller que nous avons bien aimée. Nous visons la montagne, la vraie cette fois-ci, celle qui marque la frontière avec le Kirghizistan avec ses sommets à plus de 4000.


Image

Ce matin nous avons prévu de nous enfoncer encore un peu plus dans cette enclave enserrée entre les montagnes du Kirghizstan. Notre objectif est d'atteindre un lac situé à une soixantaine de km de l'hôtel en voiture puis 1h30 de rando à pied. La route, dans un état épouvantable nous prend plus de temps que prévu. Puis, là où nous pensions trouver une piste entre les montagnes, nous traversons le chantier monumental de la future construction d'un barrage 😞. A certains endroits la montagne a été totalement éventrée. La piste est défoncée par le passage des camions, le torrent est chargé de la terre remuée par les engins, après 2 h de trajet nous sommes à 2 doigts de faire demi-tour. Mais, une fois le chantier dépassé nous retrouvons l'ancienne piste beaucoup plus fréquentable et qui dessert de petits villages typiques avec leurs constructions particulières. La piste est jalonnée de petits marchands installés qui sur une table, qui au cul de sa voiture, proposant boissons fraîches, miel et boulettes de fromage. C'est très étonnant 🤫, on se demande qui sont leurs clients... Apparemment, ici, c'est le royaume de la Lada vu toutes celles que nous croisons ou qui nous dépassent et dans lesquelles on n'aperçoit que des têtes qui brinqueballent dans les cahots de la route.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Nous arrivons enfin au début de la piste qui mène au lac. L'entrée est payante (tarif symbolique) et là commencent 3km de zone trialisante, en partie sur terrain sec et accidenté et en partie dans le lit caillouteux de la rivière. Vitesses courtes enclenchées, avec nos pneus gonflés pour le goudron et pas de poids dans la benne, on passe tout juste. Ce qui n'est pas le cas des Lada, chargées de familles entières, pneus dégonflés, empattement court et 3,50m de long, qui font des allers retours pour monter leurs passagers jusqu'au 1er petit lac accessible en voiture. Joyeux bazar sur le mini parking à l'arrivée, genre otogar pour Lada 😆. Beaucoup de monde pique-nique et prend l'air sur cette plage de poche. De là part le sentier qui mène au second lac dans la montagne. Malheureusement à notre arrivée l'orage gronde, quelques gouttes commencent à tomber et le sommet de la montagne se couvre de nuages noirs : l'après-midi est déjà bien avancée. Nous jugeons plus prudent de renoncer à la rando. Nous reprenons le chemin du retour et comprenons enfin la présence des petits vendeurs sur le bord de la piste.

Image

Image

Image

Image

Image

Image

Cette dernière journée s'achève, demain c'est retour Tachkent. Nous partons en début de matinée, les 2 impératifs étant de trouver du gas oil et de faire laver la voiture. Là encore la recherche d'une pompe diesel nous prend pas mal de temps. La circulation dans Tachkent est dense, il y a pas mal d'embouteillages. Il nous faut de nouveau trouver une pompe pour faire le complément de gas oil. Le lavage de la voiture nous prendra 2 heures. Il est presque 18 heures lorsque nous nous retrouvons simples piétons après avoir rendu la voiture. Je voulais voir quelques stations de métro mais nous sommes un peu crevés et notre avion part à 2h35 du matin. Nous rentrons gentiment à l'hôtel à pied, je peux tout de même faire la photo de l'hôtel Ouzbekistan et la statue d'Amir Timur. Notre hôtel, proche du stade, héberge en majorité de jeunes athlètes. Nous prenons notre dîner à la cantine où nous sommes les deux seuls vieux :).

Image

L'avion partira avec 1 heure de retard ce qui nous fera manquer la correspondance à Istanbul. Nous trainerons 9 heures dans l'aéroport avant de récupérer le vol suivant, un peu déphasés, par le manque de sommeil mais aussi par tous les souvenirs qui se bousculent dans notre tête, restée encore un peu là-bas, refusant presque de nous détacher de ce merveilleux voyage.

Et pour ceux qui n'en auraient pas encore assez, voici le lien pour le film avec des images qui bougent, des bruits de moteur et de la musique.



Merci de nous avoir suivis !!!

Annick & Pierre
Avatar du membre
Thekaguy
Messages : 472
Enregistré le : mer. 12 oct. 2011 08:44
Localisation : Carpentras

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par Thekaguy »

Merci pour ton reportage qui m'a rappelé de bon souvenirs. Nous n'avons pas navigué autant que toi car nous avions des visas avec des dates strictes pour tout ces pays en stan en direction de la Mongolie.
Sprinter 316 CDI
Avatar du membre
euro6
Messages : 4508
Enregistré le : ven. 26 nov. 2010 21:13
Localisation : Rouen

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par euro6 »

Bonsoir,

Merci pour toutes ces images qui se bousculent dans la tête et se téléscopent avec nos souvenirs !
A Tachkent j’ai dormi dans ce même hôtel, il y a pourtant déjà longtemps…
Ce récit donne vraiment envie de partir sans attendre.
Toyota Hilux DC et Modulidea Mocamp "light" auto-aménagée

Ils n'auront pas notre haine.
Avatar du membre
zebulon54
Messages : 3076
Enregistré le : dim. 10 nov. 2013 14:26

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par zebulon54 »

Bonsoir

Merci à Annick et Pierre pour ce reportage si bien documenté aussi bien sur le voyage lui même que sur certains aspects historiques qui aident à mieux comprendre l’évolution de ces régions .
Cela donne bien sûr l’envie d’aller voir directement sur le terrain avec une forme de dilemme entre la solution d’aller directement en avion et de louer sur place et celle d’aller pour la route depuis la France avec tous les aléas dûs aux soubresauts géopolitiques.
La solution choisie par Ivecogitation a sans doute l’avantage de permettre une découverte plus approfondie de ce pays.
Avatar du membre
K_Anne_AK
Messages : 5745
Enregistré le : mer. 7 oct. 2015 12:35
Localisation : Région Parisienne
Contact :

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par K_Anne_AK »

Merci beaucoup Annick, pour ce récit documenté et agrémenté de belles photos, on est gâtés !
Quelques semaines ont passé depuis votre retour, que reste t’il, des moments ou des ressentis différents ?
Une idée du budget ?
:hello:
Avatar du membre
LumaRodeur
Messages : 1883
Enregistré le : lun. 29 août 2011 17:00
Localisation : Deux-Sévres

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par LumaRodeur »

Bonjour,
ivecogitation a écrit : lun. 26 juin 2023 17:44 Bonjour à tous, merci pour les "like" :)
Je mêle tardivement mon grain de sel à tous ces :super: et :bravo: .
J'ai suivis avec grand intérêt votre "Escapade en Ouzbékistan", la littérature et les magnifiques photos.

La formule adoptée pour ce voyage est bien choisie et mets, sans doute, cette destination à la portée de beaucoup d'entre nous.
Je me laisserai bien tenter.
A potasser.

:hello:
Bruno
Avatar du membre
ivecogitation
Messages : 444
Enregistré le : sam. 16 avr. 2011 20:31
Localisation : 04

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par ivecogitation »

Bonjour Anne,

Oui ce voyage n’est déjà plus qu’un souvenir mais il nous aura marqués d’une manière différente : le fait de devoir loger chez l’habitant ou à l’hôtel nous a offert de nombreux contacts avec les populations, contacts à coté desquels nous passons lorsque nous voyageons avec le camion et privilégions les endroits où il n’y a personne. Il n’y a pas pour l’instant de possibilités pour louer un véhicule avec tente de toit. Le camping aurait été une solution mais le dos de Pierre n’était pas d’accord et les endroits de bivouacs ne sont pas si évidents que ça à trouver. Nous avons aimé tout ce que nous avons vu, nous avons été incroyablement émus par la gentillesse et l’accueil des gens, leurs sourires, leur générosité et leur désintéressement. Ce voyage, en plus du plaisir des yeux, nous a touchés au cœur :coeur: .

Une idée du budget :
• Environ 175 €/jour pour la location du véhicule + 500 € de caution. Nous avons loué un Isuzu Dmax, boîte auto, parfaitement préparé pour les pistes, pneus ad’hoc, blindages, treuil, en excellent état. On ne trouve des pistes que dans les montagnes mais la garde au sol sera utile pour les routes en très mauvais état.
• Nous avions réservé la plupart de nos hôtels avant de partir, ne sachant pas ce que nous allions trouver sur place. Mais dans les villes, l’offre est importante et il y a de nombreux gîtes tenus par des particuliers qui sont tout à fait corrects. Les prix allaient de 40 à 70 € la nuit + petit dej. Une mention spéciale pour l’hôtel de Tachkent à moins de 25 € la nuit qui se situe au milieu du complexe sportif de la ville et héberge majoritairement de jeunes athlètes. Chambres récentes, sanitaires nickels et clim opérationnelle, parking juste devant. A quelques dizaines de minutes à pied du centre ville, parfait pour passer quelques nuits en transit si on ne cherche pas l’hostellerie de luxe.
• Quelques difficultés pour s’approvisionner en gas oil si l’on quitte les grands axes routiers : nous avions fait l’acquisition dès l’arrivée de 2 bidons de 20 litres au cas où. Les prix du gas oil varient de 900 Soum (environ 95 cts d’€) dans les campagnes où il alimente surtout les engins agricoles, à 1500 voire 1800 soums dans les grandes villes.
• La nourriture n’est pas un poste très onéreux, on peut manger pour moins de 5 € par personne, notre plus grosse dépense a été 40 € à 2 pour un restaurant chic dans Boukhara.
• Attention à la vitesse : panneaux de limitation très très rares, difficile d’évaluer la vitesse à laquelle on doit rouler à certains endroits. Il existerait une application qui signalerait les zones de limitations, intéressant de demander au loueur. Les amendes sont élevées, malgré notre vigilance et notre train de sénateur, nous en avons eu au moins deux qui ont grignoté la moitié de notre caution.
• Nous avons pris l’avion à Marseille avec une étape à Istanbul et une arrivée à Tachkent : prix des billets d’avion variable selon la date de réservation (Turkish Airlines).
• Achat d’une carte sim à l’aéroport, 4 € pour 4 Giga, largement suffisant
• Retraits d’argent aux distributeurs très faciles en ville
• Dans Samarcande et dans Tachkent, nous avons pris les petits taxis urbains, entre 1 et 2 € la course


Pour Bruno,

Nous avons longtemps repoussé ce voyage ne disposant pas du temps nécessaire pour effectuer l’aller-retour avec notre propre véhicule. La possibilité de louer des véhicules sans chauffeur, assez récente, nous a finalement décidés. Nous sommes restés 24 jours sur place, nous avons déterminé le parcours en fonction de nos centres d’intérêt et du temps dont nous disposions. Nous avons par exemple fait l’impasse sur la mer d’Aral, trop loin, et sur la vallée de Ferghana, trop urbanisée. Mais le pays offre une multitude de possibilités et regorge de centres d’intérêt. Nous avons été très déçus par le musée Savitsky dont seul 1/3 est ouvert au public et une grande partie des œuvres était à … Paris pour une exposition temporaire à l’Institut du Monde Arabe !!!

Franchement, laissez-vous tenter, il y a peu de risques que vous soyez déçus.

J'attends avec impatience votre retour sur la Bulgarie, une destination que nous avions beaucoup aimée aussi.

Bon dimanche,

Annick
def130
Messages : 2589
Enregistré le : mar. 23 nov. 2010 22:44
Contact :

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par def130 »

On arrive le 30 sept à Tashkent ensuite on verra
Modifié en dernier par def130 le dim. 30 juil. 2023 18:32, modifié 1 fois.
Avatar du membre
euro6
Messages : 4508
Enregistré le : ven. 26 nov. 2010 21:13
Localisation : Rouen

Re: Escapade en Ouzbékistan

Message par euro6 »

Bonjour,

merci Annick pour toutes ces précisions utiles.
Pour notre part, nous avons expérimenté pour la première fois en mai dernier cette solution de séjour sans trajet lors de notre escapade en Arménie.
Ces deux façons de voyager sont évidemment différentes, mais j'avoue que l'intégration à la population est tout de même beaucoup plus forte lorsqu'on doit chercher sur place les lieux d'hébergement et de repas. Ce qui, de plus, ne pose aucun problème, car nous avons toujours trouvé facilement des lieux alors que nous n'avions réservé que la première et la dernière nuit à Erevan. L'autonomie qu'offre la voiture et sa cellule nous a parfois manquée, mais cette balade nous aura au moins convaincus de revenir dans ces contrées lors d'un prochain voyage sans limite de durée. Louer un véhicule adapté au terrain est évidemment indispensable pour ne pas se trouver contraints de parcourir uniquement les circuits goudronnés.
Nous ne serions pas contre réitérer cette expérience pour compléter le futur trajet vers l'Asie Centrale. Notre "émissaire" familial a déjà parcouru l'Azerbaïdjan et la Géorgie, et projette de se rendre bientôt au Daghestan et en Tchétchénie. Elle est actuellement en Bulgarie.
Il faut tout de même souligner le coût énorme de ce voyage en terme d'empreinte carbone, et c'est le principal frein que je verrais dans ce mode de voyage. Mais je compte bien profiter de la prochaine disparition de la contrainte de temps due à l'activité professionnelle, pour prendre enfin le temps de se déplacer sans devoir courir...
Toyota Hilux DC et Modulidea Mocamp "light" auto-aménagée

Ils n'auront pas notre haine.
Répondre

Retourner vers « Voyages terminés »