Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

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euro6
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Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

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Cette année, nous choisissons à nouveaux les Balkans. Mais nous décrouvrirons cette fois deux pays encore inconnus de nous : l'Albanie et le Monténégro.
Nous quittons Rouen le matin du 14 juillet pour un prologue de quelques jours.
Un passage en Bourgogne pour une visite familiale, et pour récupérer notre fille Léna à l'issue de son stage de théâtre, car elle sera du voyage bien sûr.
Ensuite, deux nuits dans les Alpes, autour du Parc des Ecrins, puis deux nuits en Italie, avant de rejoindre le ferry pour traverser l'Adriatique.

Lundi 18 juillet
25°C – Soleil

Nous retrouvons le soleil au réveil. Douche impossible en plein centre ville de Pavie. Nous repartons vers l’est avec le projet de passer voir Stéfano Feci à Fidenza pour lui donner des nouvelles de sa cellule Modulidea Mocamp « Light » spécialement construite pour nous. Arrêt ravitaillement au supermarché Auchan de Plaisance (Piacenza).
A Fidenza, Stefano nous attend en travaillant sur les finitions d’aménagement du toit d’une cellule bientôt prête à livrer. Après une visite minutieuse de notre cellule dont les détails l’inspireront peut-être pour de prochaines constructions, il nous offre un verre chez lui, au milieu de ses magnifiques photos et objets ramenés de ses nombreux voyages en Afrique dont il connait bien une grand partie des pays qui la composent. Son activité industrielle, ou plutôt artisanale, se porte bien, en particulier grâce aux nombreux clients français chez qui le marché de la cellule semble se développer enfin. La santé de sa femme, pourtant infatigable baroudeuse jusqu’à ce que la maladie ne l’handicape, l’inquiète.
Nous parcourons les trois heures qui nous séparent de la mer adriatique pour nous rapprocher du port d’embarquement. Un petit camping calme nous permet de goûter une dernière fois avant longtemps au confort des douches et des toilettes avant l’Albanie.


Mardi 19 juillet
26°C – Couvert

Il nous reste encore deux heures de route avant d’atteindre enfin le port d’Ancône. Une fois les cartes d’embarquement récupérées et le contrôle des passeports effectué, l’attente sur le parking débute. Comme souvent, c’est la complète inorganisation qui règne lors de l’embarquement des véhicules. L’horaire de départ prévu ne sera pas respecté et l’attente se prolonge avec un état de stress ambiant qui s’installe sur le quai. Enfin, vient le moment où toutes les voitures sont entrées et où notre tour arrive. Nous sommes donc les derniers à embarquer avant les camions et les remorques. Les cartes d’embarquement sont sommairement visées et il ne nous reste plus qu’à démarrer pour entrer dans le navire. Mais, lorsque je tourne la clé, rien ne se passe ! Impossible de faire tourner le moteur… Immédiatement nous réagissons et demandons l’aide de la dernière voiture devant nous. Un albanais de retour au pays, au volant d’une Ford Fiesta, fait prestement demi-tour et, capot contre capot, nous connectons les batteries avec les câbles heureusement toujours du voyage. Le moteur démarre finalement sans rechigner, et les voitures sont stationnées dans la soute. Reste les camions et remorques à faire entrer au chausse-pied, et le navire appareille enfin, avec une heure et demie de retard !

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Seule une remorque transportant un amoncellement de ferrailles hétéroclites mal ficelé restera sur le quai.
Avec ce retard et le temps d’installation dans la petite cabine, impossible de se restaurer car le self est fermé…


Mercredi 20 juillet
28°C – Soleil

La nuit fut profonde, la mer est calme et le réveil matinal. Au self, une salle d’environ 200 places, une seule table de trois personnes est occupée ! Nous imaginions un petit-déjeuner pantagruélique avec force fruits gorgés de soleil et diverses denrées appétissantes. Que nenni ! Il faut se contenter d’un mauvais café à l’allemande servi dans un gobelet en plastique mou, un petit pain presque cru, dix grammes de beurre rance fondu et… c’est tout. Serions-nous déjà arrivés en Albanie, mais au siècle dernier ?
Le vieux bateau (37 ans !) brinqueballe ses milliers de tonnes de ferraille de vague en vague dans d’étranges tremblements et bruits de casserole rouillée.
Un petit orage soudain nous accueille à l’approche des côtes albanaises. Nous arrivons enfin au port de Durrës, avec deux heures et demie de retard sur l’horaire prévu, soit un temps de trajet rallongé d’une heure !

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L’accostage le long du port de pêche et l’arrimage au quai prennent un temps fou, puis le débarquement peut commencer. Les premiers camions et remorques sortent. Un tracteur de manœuvre sur port, en s’accouplant à une semi-remorque, la pousse et emboutit la limousine noire garée dix centimètres derrière. Nous assistons à ce spectacle incroyable des voyageurs disséminés sur le quai, au milieu d’un ballet désordonné et dangereux de voitures et camions. Quand je me décide enfin à entrer dans la soute pour vérifier si je pouvais accéder à notre véhicule, je m’aperçois qu’un attroupement d’une quinzaine de personnes s’était constitué autour de notre voiture qui bloquait tout le reste des véhicules. J’étais donc très attendu… Chance, le moteur démarre au quart de tour ! Ca m’aura évité le lynchage ! Nous sortons du port après un rapide contrôle d’identité et nous partons aussitôt affronter la ville de Durrës pour trouver un distributeur de billets de banque. Les 10 000 Lek en poche, nous fuyons l’urbanisme grouillant de vie pour tenter de trouver un endroit plus calme.
A une trentaine de kilomètres, en direction d’Elbasan et en évitant pour l’instant Tirana, nous choisissons un pré accueillant, près de Vishaj. Après avoir demandé d’abord à un berger puis à des passants, nous nous installons dans un petit coin plat et isolé. A 21H00 il fait nuit noire et nous allons nous coucher.


Jeudi 21 juillet
28/26°C – Nuageux

Une petite pluie fine nous réveille. Un berger, arrivé à califourchon sur sa mule, amène ses cinq vaches paître dans le pré et finit par s’inviter à notre petit déjeuner champêtre. Il n’apprécie guère le café qu’on lui propose et préfère avaler son byrek sans boisson.

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Il est très volubile, mais nous ne saisissons rien de son discours parfois véhément, sauf quelques mots isolés comme « Kosova », « America », sans vraiment pouvoir reconstituer quelque chose de cohérent pour nous…

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Nous rattrapons la route qui vient de Tirana et mène vers le sud-est. En arrivant sur Elbasan, les étals de fruits et légumes frais se succèdent le long de la route.

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Elbasan fut un centre industriel métallurgique florissant dans les années 1970 (Photo extraite du livre "40 VJET SHQIPERI SOCIALISTE", 8NENTORI Publishing House, Tirana, 1984).

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Aujourd’hui, les bâtiments sont toujours là, mais l’activité tourne au ralenti.

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La vitrine opulente devient une friche industrielle rongée par le temps et envahie par la nature.
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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Nous faisons une pause à Elbasan, pour une déambulation dans la vieille ville, pour acheter du pain et prendre un verre dans un bar typique.
Cette ville nous a semblé agréable à vivre, arborée, nonchalante, conviviale.

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Mercedes, à la vie, à la mort !

Après Librazhd nous attaquons la piste qui remonte vers le nord du pays en longeant de près ou de loin la frontière macédonienne. Finie l’asphalte !
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Manard
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par Manard »

Bonjour Francis,


Nous te remercions pour ce début de récit de votre voyage dans les Balkans, fort agréable à lire. Quelle compagnie avez-vous prise? j'ai l'impression que c'est une compagnie albanaise, le bateau semble en état plutôt moyen... Au niveau des tarifs c'était plus intéressant qu'Ancône - Igoumenitsa?
Content d'avoir des nouvelles de Stéfano et de voir qu'il a toujours du travail, qu'il a su se faire apprécier du marché français par la qualité de ses constructions, l'écoute du client et un rapport qualité / prix bien placé :super: , de parler le français couramment est un très bon atout également .

As-tu enregistré les traces de votre parcours? je pense créer un espace de partage de waypoints, routes et traces. Claudius64 m'a envoyé la sienne, il n'a pu te l'adresser avant ton départ...

A très bientôt pour la suite de ce récit et bon dimanche

Bernard
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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Bonjour,

pour répondre à tes premières questions, Bernard, voici mes premières réponses.
Nous avons choisi la compagnie Adria Ferries pour l'unique raison que c'est la seule à proposer la traversée Ancône/Durrës. Nous ne souhaitions pas faire le détour par Igoumenitsa en Grèce pour réduire les kilomètres de route et parce que notre boucle de voyage se situait essentiellement au Nord de Durrës. Ainsi, une arrivée à ce port albanais était idéale pour nous.
Le navire "Riviera del Conero" (sic!) n'est pas de toute dernière jeunesse puisque sa dernière rénovation remonte à une vingtaine d'années... La carcasse d'origine est vieille déjà de près de 40 ans ! En terme de confort, il n'est pas au top, mais il a su tout de même nous emmener et nous ramener à bon port, à la vitesse d'un solex, sans soucis technique.
Pour ce qui concerne le tarif, c'est là que le bât blesse, car malgré ces conditions de confort moyennes, le coût est plus important que par Bari (durée plus courte) ou Igoumenitsa (en Open Deck). Pour deux adultes et un ado, la voiture et une cabine avec hublot pour trois, nous avons payé début mai l'aller et retour 878 €. La durée de voyage (théorique) est de 19 heures, départ 19H00 et arrivée 14H00, dans les deux sens. Néanmoins, nous ne regrettons pas ce choix qui nous a permis d'optimiser le temps passé sur place en évitant une grande boucle vers le sud à l'aller, et surtout au retour !
Il existe également une liaison Venise/Durrës qui nous aurait intéressé mais qui doit être plus chère encore. C'est un petit catamaran qui n'emporte qu'une trentaine de voitures (basses !) mais qui doit être beaucoup plus rapide.

J'étais très content de retrouver Stéfano qui est un personnage attachant.

Concernant les traces, je n'en ai pas de traces... Désolé, car je sais que cela peut constituer une bonne source d'informations pour préparer un voyage, mais plus que les traces, ce sont les points d'intérêt ou les ressentis exprimés par les voyageurs qui me semblent primordiaux. Et, par exemple, malgré l'absence des traces de Claude, son récit précis et détaillé m'a beaucoup servi, et d'ailleurs on pouvait presque tracer son parcours sur la carte à ses seuls commentaires. Je le remercie encore, lui, ainsi que Gaubs, Katell et Sychau, Gaëtan, et d'autres encore, pour leur aide indirecte mais précieuse.
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claudius64
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par claudius64 »

Salut Francis.
Quel plaisir pour moi de retourner déjà en Albanie avec ton récit.
Mais je ne pourrais sans doute en lire la suite que dans quinze jours, puisque, de passage à Biarritz aujourd'hui, nous repartons quinze jours en balade - Aragon, Pyrénées- et que ma principale préoccupation ne sera pas de trouver une connection internet ! je lirai le suite au retour.
Amitiés.
Claude. :basque:
Ford Ranger super cab + cellule autoconstruite = Euskal-Go-bi, la cellule du Pays Basque.

http://www.euskal-go.com/"
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Manard
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par Manard »

Bonjour Francis,


Je te remercie pour ces réponses, pour la traversée, je pense que le fait d'être en haute saison plombe sacrément le prix, mais comme tu l'indiques vous avez pu optimiser votre parcours et le trajet de liaison.

Bon dimanche

Bernard
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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

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Nous rencontrons les premiers travaux routiers qui nous obligent à quelques passages acrobatiques entre les engins de chantier, les tas de gravats et le précipice. En fait, le traffic n’est pas vraiment interrompu pendant les travaux, car il n’existe pas d’itinéraire « bis » qui permettrait de délester la circulation sans rallonger les trajets de plusieurs dizaine ou centaines de kilomètres. Alors les engins travaillent, et, lorsqu’un véhicule se présente, l’engin interrompt sa tâche en cours, éventuellement déplace un tas de terre ou de pierres pour dégager sommairement un passage provisoire si besoin, puis se range tant bien que mal pour laisser passer l’intrus. Il nous est arrivé de passer sous le bras d’une pelle mécanique appuyée sur son godet, ou même sur un tas de terre meuble déchargé récemment d’une benne de camion rapidement écarté par une niveleuse pour être ensuite repoussé en tas après notre passage.

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Pause déjeuner à proximité de la piste, avec vue sur la vallée et bruit de fond lointain des travaux traversés tout à l’heure. Pause douche pour Léna. Quelques véhicules seulement passeront pendant la durée de notre arrêt, dont un petit groupe de 4x4 peu discrets et un Ford Transit déglingué conduit par un « local » qui nous invite à passer prendre un verre chez lui à une dizaine de kilomètres plus loin sur la piste.
Nous tentons plusieurs lieux possibles de bivouac dont un squatté par la bande de quatrequatreux suisses (6 Land et 1 Nissan Navarra) entrevue ce midi. Finalement nous trouvons un endroit sur un sommet, à l’extrémité nord du Parc, juste avant Stërblevë.

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L’emplacement idéal est situé sur l’emprise du poste de Police, derrière la barrière Policia. Le plus haut gradé du poste s’avance à notre rencontre et nous autorise à nous installer pour la nuit sur la place herbeuse qui domine le paysage de montagne. Une fois en place, deux policiers arrivent avec un cadeau de bienvenue : une assiette de fruits. J’étais déjà en train de boire une bière, et je me risque à leur en proposer une. Bingo, ils acceptent avec une joie non dissimulée et s’installent autour de la table. L’officier responsable du poste, le commissaire prénommé Nikolin (appelez-moi Niko !), parle un anglais suffisant pour discuter. Le sous-officier qui l’accompagne, plus âgé, parle russe. Avec ces deux langues nous pouvons enfin entamer une discussion plus profonde qui s’avèrera très intéressante à plusieurs points de vue. Nous sommes ici dans une unité de la Police des Frontières. A quelques centaines de mètres, juste au sommet de la colline d’en face, se trouve la frontière avec la Macédoine.

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Le coucher de soleil sur le Parc national Shebenik-Jabllanica agit comme un somnifère sur la petite famille fatiguée par les secousses de cette première piste.




Vendredi 22 juillet
28/23°C – Beau temps

Le panneau informatif du Parc planté un peu plus loin au col indique que cette zone est fréquentée habituellement par des ours, des loups et des lynx. Aucun de ces habitants sauvages n’aura réussi à perturber notre lourd sommeil cette nuit.
Avant même d’attaquer le petit-déjeuner, Nikolin vient à notre campement pour nous proposer une balade en 4x4 jusqu’à la frontière macédonienne. Dominique et moi avons eu le temps de prendre une douche au soleil avec de l’eau bien chaude. Nikolin vient nous prendre avec son Land-Rover Defender 110, ouvre la barrière du poste de Police et nous emmène sur les sentiers escarpés à flanc de montagne dans la forêt du Parc National. Cet endroit est normalement interdit aux promeneurs mais nous bénéficions de l’autorisation spéciale du Commissaire. Il nous vante les qualités de robustesse et d’agilité de son véhicule de travail presque neuf et nous assure que seul un Land-Rover peut passer sur ce chemin en hiver quand la couche de neige dépasse un mètre d’épaisseur.

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Nous parvenons, après quelques kilomètres, à une clairière où trône une borne délimitant la frontière. On laisse là la voiture et nous continuons à pied une balade sur le territoire de Macédoine (sans mes papiers !). Nous discutons des relations entre les deux pays, autrefois conflictuelles mais désormais apaisées. Depuis sept années, la frontière est gardée par la Police, mais auparavant c’était l’armée qui assurait cette tâche. Aujourd’hui, depuis deux ans, des patrouilles communes sont organisées chaque mois, alternativement sur chaque territoire, en gage de paix. Un poste de Police similaire à celui où nous bivouaquons existe d’ailleurs à quelques kilomètres en face. Cette clairière sert parfois de lieu de rencontre informel pour l’échange d’information entre brigades. Nikolin connait bien les lieux, et en particulier les zones propices à la prolifération de délicieuses fraises des bois. Il tient à nous les faire découvrir, comme s’il s’agissait d’un trésor caché. Au retour, nous participons même à l’interpellation d’un groupe de dangereux terroristes qui étaient en train de passer la frontière en fraude. La jeune fille, le vieillard et leur mule, tout penauds, ont été mollement sermonnés et vite rendus à leur liberté après quelques mots échangés par la vitre de la voiture. Retour au bercail par le même chemin cahoteux et chaotique jusqu’au point de départ où Nikolin nous abandonne pour retourner à ses palpitantes activités… Nous semblons discerner une pointe de tristesse dans son expression lorsqu’il repart vers son poste.

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Nous reprenons la « route nationale » vers le nord. La piste est cassante et certains tronçons ne peuvent être abordés qu’en première vitesse. Une bonne garde au sol est indispensable pour éviter de heurter les pierres. Les deux seuls véhicules 4x2 que nous croisons sont deux Ford Transit antédiluviens (fourgon qui partage aujourd’hui son moteur avec le Defender…).
Dès les premières heures de la matinée nous parvenait le bruit sourd d’explosions au lointain. Nous pensions à une exploitation minière à ciel ouvert, voire à des travaux routiers qui nécessiteraient de dégager des amas rocheux. Nikolin nous donna l’explication : il s’agit en fait de la démolition à l’aide d’explosifs des innombrables bunkers qui parsèment le pays (on dit qu’il y aurait un bunker pour deux habitants…).

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Effectivement, la veille nous avons pu rencontrer quelques blockhaus réduits en miettes de béton. Est-ce par souci esthétique de réduction de la pollution visuelle des paysages, de sécurité pour les randonneurs en cas de constructions dégradées et branlantes, ou bien pour nettoyer la mémoire d’une période passée difficile à faire passer … ?
Nous rejoignons finalement la route goudronnée qui mène à Peshkopi. Une promenade dans cette ville agréable nous fait rencontrer un albanais installé à Toulouse qui nous propose de prendre un verre en terrasse, et nous invite pour le repas chez lui. Nous déclinons l’offre, mais acceptons qu’il nous guide sur la bonne piste vers le nord, en direction de Kukes. Il nous ouvre la route avec sa Mercedes rutilante et nous oriente vers une toute nouvelle route asphaltée qui reprend en fait le tracé d’une piste qui n’est pas celle que je souhaitais emprunter. Ce magnifique ruban de macadam se termine au bout de quelques kilomètres pour se transformer en route non encore revêtue, en travaux avant finitions ultérieures. Difficile de trouver un endroit sympathique pour s’arrêter sur cette route en travaux.

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Nous choisissons le parking d’un bar à l’écart du village de Ceren, avec vue panoramique.
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weymard
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par weymard »

Merci pour le reportage, intéressant
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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Samedi 23 juillet
25/19°C – Couvert et légèrement pluvieux

Nous espérions pouvoir prendre un petit-déjeuner au bar, en fait nous n’aurons droit qu’à un expresso (très) serré. Nous continuons la route en construction en direction du nord, pour rejoindre Kukes. Déçu d’avoir raté la piste Peshkopi/Kukes visée initialement, je pensais pouvoir la reprendre quelques kilomètres en arrière, au moins jusqu’à Resk qui est un endroit typique au confluent de deux rivières où se tient un pont métallique d’anthologie. Mais nous n’avons pas pu retrouver l’embranchement vers cette piste à cause des travaux routiers qui perturbent la configuration des abords et effacent les accès latéraux. Nous atteindrons donc directement Kukes pour quelques courses dans une superette assez bien achalandée, l’achat de tissus albanais dans une boutique spécialisée, l’acquisition de quelques milliers de Leks supplémentaires, et surtout une pause déjeuner dans un restaurant du centre pour la modique somme de moins de treize euros pour trois repas.
Avant de pouvoir le constater par moi-même sur place, j’avoue avoir eu un peu de mal à croire les récits de voyageurs qui relataient l’absence assez courante de plaque d’égout sur les regards ouverts sur la chaussée. Je confirme qu’il ne s’agit pas d’une légende !

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Je fus pris d’une frayeur rétrospective quand je me suis aperçu, après m’être stationné le long d’une rue de Kukes, que sur ma trajectoire pour arriver à cet emplacement, se trouvait justement une bouche d’égout béante que je n’avais absolument pas remarqué… C’est donc par pur hasard que les roues sont passées quelques dizaines de centimètres à côté du trou.
De là, nous souhaitions rejoindre Bajram Curri en empruntant la route nord qui passe au large de la rive droite du Drin, par Krumë. Le revêtement est très bon et cette route conduit directement au… Kosovo, au poste frontière de Letaj. L’embranchement vers Bajram Curri n’était pas signalé. Ne souhaitant pas passer au Kosovo, nous avons dû rejoindre le route initiale par une piste cassante de plus de vingt kilomètres et finalement retrouver le bitume. C’est sur ce tronçon que nous croiserons le premier touriste français, un vendéen, au volant d’un camping-car conventionnel qui a dû souffrir sur les pistes ou sinon qui souffrira assuré-ment sur celles qui s’annoncent pour lui… Après le col de Bukovë s’amorce la descente sur la trouée de Bajram Curri. Impossible, depuis la frontière avec le Kosovo, de trouver un endroit correct pour la nuit. Malgré l’heure qui avance, nous décidons de nous engager dans la profonde vallée de Valbona et nous trouvons un replat herbeux le long de la piste qui sera parfait pour ce soir. Nous prenons une soupe, attablés dans la nuit noire, quand l’inquiétude monte soudainement à la vue de lumières intermittentes et vacillantes et de bruits bizarres dans les fourrés proches. Repli général dans la cellule avec un endormissement difficile malgré les dizaines de kilomètres subis aujourd’hui.


Dimanche 24 juillet
27°C – Dégagé

Le soleil ne pénètre pas dans le fond de la vallée encaissée. D’abord une douche, puis un petit-déjeuner avant de continuer plus en amont dans le vallée de la Valbona. Nous laissons la voiture à l’extrémité de la route, près du restaurant où se presse déjà pas mal de monde en prévision du repas dominical. La balade continue à pieds, sur les moraines issues d’anciens glaciers, jusqu’au pied du torrent qui dévale de la montagne. Le blanc éclatant de l’étendue de galets qui tapisse le large lit de la rivière dont il ne reste qu’un torrent calme se transforme en une étendue plus grise à mesure que l’on s’approche de l’extrémité. Là, un cirque impressionnant de hautes parois montagneuses se referme sur la moraine.

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Nous effectuons le retour par un sentier balisé, à flanc de montagne, qui circule parmi les maisons du dernier village de fond de vallée. Les quelques fermes encore en activité semblent tout droit sorties du moyen-âge.
Nous déjeunons au restaurant du terminus de la route, au milieu des nombreuses familles endimanchées qui viennent passer ici leur dimanche en goguette. La table voisine de la nôtre est occupée par un couple de voyageurs allemands et leur fille qui se déplacent à pied avec chacun un énorme sac à dos. Nous les retrouverons d’ailleurs le lendemain à quelques dizaines de kilomètres d’ici. Avec eux nous mettons en commun nos maigres connaissances linguistiques pour tenter de déchiffrer les plats proposés sur la carte.
Après ce repas réparateur, nous reprenons à l’envers la piste en cul-de-sac pour repasser à Bajram Curri. Nous ne trouvons pas de banque, nous n’aurons donc pas d’argent. Le long des routes, les monuments érigés à la gloire du pays et de ses valeureux défenseurs sont encore nombreux et constituent une trace historique et culturelle de cette époque aujourd’hui révolue.

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Tous ceux que nous prendrons le temps de visiter sont dans un piteux état, tel celui érigé près de Lekurtaj (photo ci-dessus), comme laissés à l’abandon, ce qui ajoute encore au sentiment de décrépitude général de la société albanaise complètement débordée par cette immersion soudaine dans un univers envahissant.

Nous continuons jusqu’au port du ferry qui traverse le lac Koman. En fait, nous constatons que le port a déménagé de Bregëlumë depuis l’année dernière pour se retrouver le long d’une piste de trois kilomètres qui mène à un embarcadère improvisé où attendent les trois ferries pour les départs du lendemain. On se pose sur le quai en terre et on prend une bière dans la cabane en bois qui sert de bar. Nous entamons quelques parties de cartes pendant que la table voisine s’enflamme elle aussi sur les interjections hautes en couleurs des joueurs surexcités. Deux véhicules super équipés pour le baroud, un Def 110 2 portes tôlé et un Toy HZJ 78 immatriculés en Allemagne, arrivent et s’installent également près de nous.

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La tension est vive sur le « port ». Il semble qu’il y ait quelques problèmes techniques à résoudre sur le ferry amarré sur la pente de terre, concernant l’éclairage ou en tous cas l’électricité à bord. Des échanges houleux et des éclats de voix claquent dans l’air chaud et chargé de vapeurs alcoolisées. L’animation est à son comble toute la soirée, sans que l’on comprenne vraiment ce qui se passe, si tant est qu’il se passe quelque chose d’anormal par rapport à la routine habituelle…

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La nuit tombe. Deux gros camions se présentent et se garent sur la grêve. Un groupe de quatre autres suit quelques instants plus tard. On finit par se demander si tous ces véhicules encombrants et lourds pourront obtenir une place sur le ferry. La nuit est animée par les discussions bruyantes des chauffeurs et des personnes qui squattent la buvette de western. Une fourgonnette vient chercher les chauffeurs des poids-lourds et le calme finit par revenir. Malgré l’heure matinale du lever demain, je pense que le réveil ne sera pas indispensable…
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Manard
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par Manard »

Bonjour Francis,


Merci pour la poursuite du récit de votre voyage, j'imagine ta frayeur quand tu as découvert cet accès aux égoûts béante 8| , c'est bizarre qu'ils n'y remédient pas, il doit bien y avoir des accidents de temps en temps.

Qu'avais-tu comme fond cartographique sur ton GPS? des cartes russes? En général elles sont précises mais plus très à jour, mais la voirie n'a pas du évolué beaucoup depuis en Albanie... dans ce cas elles devaient être suffisantes.

Bonne après-midi

Bernard
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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Lundi 25 juillet
25°C – Passages nuageux

Nous nous réveillons avant 06H00 ! L’animation de la veille reprend de plus belle. Et là commence la « procédure » d’embarquement des véhicules et de leurs passagers.

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Depuis notre réveil, d’autres véhicules se sont avancés sur l’espace du « port ». Entre autres et en particulier un groupe de trois Discovery eux aussi super équipés et dont une passagère parle couramment français. Une voiture belge ainsi que nos 6 véhicules de voyageurs sont d’abord embarqués et placés au fond du ferry. Une manœuvre de demi-tour est faite sur le pont pour pouvoir sortir en marche avant par la porte d’entrée. Le tarif n’est pas affiché et le prix annoncé est donc difficile à comprendre et impossible à vérifier. On nous avait annoncé la veille environ 2800 Lek et ce matin nous payons 3700 Lek ! Montant auquel il faut ajouter le tarif du « parking » de nuit réclamé par la commune, soit 300 Lek. Ensuite, les 6 camions lourdement chargés de pierres entrent sur le pont, chacun leur tour, en marche arrière. L’un d’entre eux accroche avec son support de rétroviseur déglingué notre cellule et la bouscule. Heureusement, le choc se produit au niveau des « oreilles » de notre cellule, sur le côté de la capucine avantageusement protégé par la plaque de désensablage en caillebotis polyester ! Les derniers arrivés font monter à la fois la tension ambiante et les enchères sur le prix de la traversée.

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Une voiture du Corps Diplomatique coupe la file et se présente d’autorité sans problème. Le chauffeur officiel est débarqué de sa limousine, un homme d’équipage pose son fond de pantalon crasseux sur le cuir odorant et prend le volant pour la manœuvre de stationnement sur l’espace exigu. Juste un rétroviseur rayé, et c’est tout ! La dernière place est littéralement prise d’assaut par un camionneur qui précipite son camion-benne chargé de tonnes de ferraille de récupération en se faufilant sur le talus incliné, au risque de verser dans la rivière, pour chaparder la place apparemment promise à un autre poids lourd. Une fois placé, des tractations s’engagent jusqu’à la capitulation du chauffeur qui consent à retirer son camion. Nous pouvons enfin partir, avec seulement quarante minutes de retard.
Le vieux rafiot s’ébranle et quitte l’embarcadère pour débuter le voyage. La hauteur de la ligne de flottaison me laisse penser que la limite de charge est dépassée, et de plus le bateau gîte franchement sur tribord. Les remous provoqué par l’hélice droite font passer l’eau au-dessus de la porte arrière, là où est justement garée la remorque de la voiture belge !

L’installation électrique qui semblait en cause lors des échanges bruyants d’hier soir est effectivement peu rassurante : des épissures de câble à nu, des fils dénudés directement forcés dans les orifices des prises femelles, des câblages qui traînent dans l’eau, des lampes sans verre de protection.

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La balade est très jolie. Elle fait vraiment penser au voyage sur les fjords norvégiens. Quelques averses alternent avec des éclaircies qui donnent une belle lumière. La porte avant presque à l’horizontale forme comme un balcon au-dessus de l’eau, poste d’observation idéal pendant la traversée du lac.

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Deux bonnes heures plus tard nous arrivons au terme du voyage, l’embarcadère de Koman, contre le barrage du lac. Une petite esplanade bétonnée de quelques centaines de mètres carrés où se tassent les véhicules en attente. Le débarquement est rapide et l’ensemble des véhicules s’engage en file indienne dans le tunnel qui relie ce mini-port à l’autre versant de la montagne. Dans ce tunnel à voie unique, taillé dans la roche, nous évoquions le danger d’un véhicule en feu compte-tenu de l’inexistence d’issue de secours ou de tout autre dispositif de sécurité. A la sortie du boyau traîne justement la carcasse calcinée d’un poids lourd visiblement tirée hors du tunnel assez récemment…
Nous roulons en convoi, le Defender et le Toyota allemands, nous, puis les 3 Disco polonais, sur la route en mauvais état qui rejoint la route de Shkodër. Avant la ville, nous trouvons une place idéale au bord de la rivière, à l’écart de la route, pour la pause déjeûner ainsi qu’une douche bienvenues. A Shkodër nous faisons quelques courses et rencontrons un couple se suisses francophones qui voyagent dans les Balkans avec qui nous échangeons quelques infos. Ils viennent justement du Parc du Theth ou nous souhaitons nous rendre. Ils viennent de Grèce et continuent par le Monténégro et la Croatie, au volant de leur fourgon VW LT aménagé. Ils envient notre porteur solide et haut sur pattes !
Nous trouvons la piste pour Thethi, mais au bout d’une dizaine de kilomètres la piste est coupée pour cause de travaux routiers. Impossible de l’emprunter ce soir. Il ne reste donc que l’accès par Koplik qui reste possible. Nous décidons de changer notre programme et préférons finalement, plus tôt qu’initialement prévu, remonter directement vers le Monténégro.

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Au passage, nous tombons sur le pont de pierre ancien près de Drisht. C’est un bon exemple du travail qui reste à faire dans ce pays pour éradiquer le problème des ordures qui s’entassent un peu partout, et même devant les lieux les plus emblématiques qui pourraient constituer une manne touristique. Ici, le tas d’ordures a été enflammé et les restes calcinés de tonnes d’ordures fumantes et malodorantes décorent les abords du superbe pont historique…

Nous passons le poste frontière albanais de Hani Hotit et nous nous retrouvons au Monténégro. A la recherche d’un endroit pour passer la nuit, nous prenons au hasard un petite route sur la gauche qui se dirige dans la plaine en direction des rives du lac de Skadar. Cette route traverse plusieurs village et un camp de Rroms, puis après plusieurs embranchement la route aboutit dans la cour d’une ferme. Avec le renfort des adolescents de la maison voisine nous parvenons à nous expliquer, et le propriétaire accepte facilement de nous laisser nous installer sur une zone herbeuse, près de son champ de pastèques.
Après notre repas, nous invitons notre hôte à prendre un café avec nous. En retour, Pashko nous invite chez lui pour déguster le pousse-café traditionnel, le rakia. L’intérieur de sa maison est très sobre, propre et semble agréable à vivre. Pashko est agriculteur, il cultive des pastèques, des melons, des poivrons et surtout des kiwis dont il produit vingt tonnes par an. Les rangs de vignes qui restent seront remplacés par des plantations de kiwis qui sont sûrement plus rentables. Nous rentrons à notre cellule dans la nuit, l’esprit un peu embué par l’alcool de raisin, et nous passons une nuit calme et profonde.
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Jaclim
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par Jaclim »

Bravo et merci pour ce récit plaisant et détaillé, Francis ! :amen: On s'y croirait presque !
Vivement la suite ! :super:
Jaclim

S'il n'y a pas de solution c'est qu'il n'y a pas de problème.
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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Mardi 26 juillet
23°C – Couvert

Ce matin, Pashko nous fait l’honneur d’une visite de son exploitation avec les plantations de kiwis, les serres pour les poivrons ainsi que leur système de chauffage à l’huile de vidange récupérée auprès des garages locaux.
Nous quittons cet endroit tranquille et nous rendons directement au Parc National Biogradska Gora pour une journée de « repos ». Un « camping » près du lac nous permet de nous poser pour respirer un peu. En fait, il s’agit de quelques places de parking aplanies pour stationner d’aplomb et la possibilité d’utiliser les toilettes destinées aux visiteurs du Parc. Il nous faut parlementer avec le gardien pour pouvoir utiliser les douches normalement réservées aux locataires des bungalows du camping. Il se trouve que la concordance de nos dates anniversaires aide à la négociation… Il nous fournira la clé des douches le matin à 08H00, avant que son chef n’arrive, à condition que restions discrets. L’endroit est très couru et visiblement apprécié des monténégrins qui viennent ici en famille passer l’après-midi. Le Parc est également au programme de sorties « nature » pour les touristes des hôtels de la côte, car nous voyons deux cars déverser leur cargaison bruyante de gens plus ou moins jeunes mais tous affublés de tenues ridiculement voyantes qui s’éparpillent dans les proches abords du parking puis repartent très vite vers d’autres lieux à photographier. C’est également un lieu d’arrivée et de départ pour des randonnées motorisées en 4x4. Les cow-boys se réunissent en cercle sur l’aire de barbecue autour de l’orateur juché sur un tronc d’arbre qui officie pour le briefing, tel un prédicateur.
Le restaurant nous accueille pour un déjeuner très bon et très copieux qui nous oblige à une sieste discrète dans la cellule, au milieu des touristes qui bruissent tout autour.

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Nous sacrifions à la traditionnelle promenade autour du lac qui présente un aménagement assez réussi destiné à présenter la vie naturelle en milieu humide particulière à cet endroit où on peut trouver des spécimens rares de la faune et de la flore. L’animation tombe avec la nuit quand chacun rentre chez soi. Nous ne sommes plus que nous trois et une famille autrichienne de cinq personnes avec qui nous partageons une soirée autour du feu. Nous échangeons quelques informations de voyages avant de nous coucher dans la nuit noire sous les frondaisons.


Mercredi 27 juillet

Nous prenons discrètement notre douche (presque froide) grâce au stratagème proposé par notre nouvel ami gardien. Avant de quitter les lieux, un couple de français originaire de Nantes arrive sur les rives du lac, et nous engageons une discussion sur les Balkans qu’ils connaissent bien aux aussi.

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Ce matin, direction le canyon de la rivière Tara, puis le Parc national du Durmitor où nous souhaitons trouver quelque chose qui ressemble à vrai camping pour notre journée grande lessive. La première visite, décevante, nous conduit à une seconde qui sera la bonne. Un petit terrain situé assez à l’écart du lac et des maisons de vacances pour être calme et ouvert sur paysage des montagnes environnantes.

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Ici, nous pourrons laver le contenu du sac poubelle rempli de fringues sales et profiter du soleil frais mais du vent vigoureux pour le séchage.
Une promenade tranquille autour du Lac Noir avant de prendre un apéro mérité devant le spectacle de la montagne que le sympathique tenancier des lieux appelle « Les Pyrénées » !

Après une sieste générale, une bonne partie des campeurs se réunit autour d’un grand feu destiné à constituer un lit de braise pour un barbecue commun entre les différentes nationalités : albanais, monténégrins, tchèques, allemands, autrichiens, français,… La température tombe vite et ne nous n’incite pas à traîner dehors la nuit tombée. Les plus valeureux s’encourageront mutuellement par de grandes rasades d’alcools variés et généralement forts…


Jeudi 28 juillet
20°C – Couvert

Ce matin, nous nous préparons pour une longue randonnée jusqu’à un cirque dans les montagnes proches. Les quatre jeunes françaises qui voyagent à pied nous ont convaincu de tenter cette balade, même si elle ne semble pas si facile.

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Effectivement, la montée fut rude pour atteindre le cirque et le petit lac presque tari. D’autant plus qu’une erreur de sentier nous a fait perdre beaucoup de temps et de force pour revenir sur la bonne piste. Nous décidons, faute de suffisamment d’énergie pour accomplir la boucle complète, de nous contenter de ce paysage magnifique puis de retourner sur nos pas. Le dénivelé important et les six heures de marche nous ont ouvert l’appétit.
Quelques kilomètres supplémentaires à pieds pour quelques courses de complément au village de Zabljak, une ancienne gloire de la Yougoslavie radieuse qui devait être le lieu de villégiature d’hiver pour la nomenklatura locale, dans des bâtiments à l’architecture typique des stations de ski des années 1970 au béton désormais craquelé et aux peintures défraîchies.
Les saucisses grillent sur le barbecue commun, pendant que les pâtes se prélassent dans leur bain bouillonnant. Ce solide repas est accompagné d’un vin monténégrin, le Vranac, qui se comporte très correctement, surtout quand on pourra le comparer plus tard à un vin albanais. Sur le trajet depuis la frontière, juste avant Podgorica, la route traverse une région viticole avec d’immenses surfaces plantées en vignobles et étonnamment protégées. Des gardiens professionnels sont placés derrières les grilles d’accès et surveillent la solide clôture qui ceint entièrement les hectares de vigne.
Fait assez rare pour nous qui sommes habituellement itinérants, nous décidons donc de rester une seconde nuit sur le même lieu. D’abord, nous sommes un peu saturés de voiture, et puis l’endroit est pratique, les gens sympathiques et le décor agréable.
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Carapate
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par Carapate »

Camping : chez Mina avec sa gnole...très sympa.
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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Bonjour,

je vois que tu connais les bonnes adresses, Tristan !

Effectivement, nous étions bien chez Mina (et non au camping Ivan Do, son confrère et néanmoins concurrent).

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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Vendredi 29 juillet
8/16°C – Pluie

Cette nuit, il a plu, et ce matin, il continue de pleuvoir. Nous savourons le plaisir d’être au chaud et au sec en regardant les campeurs se réveiller sous la pluie. Nous levons le camp, non sans avoir préalablement transmis la carte du Parc qui doit traditionnellement passer de campeur en campeur à un français de Brest qui s’abrite sous l’auvent du bâtiment des sanitaires pendant l’averse. Cette carte très utile nous avait été confiée hier par les quatre courageuses jeunes randonneuses à pied.
Le ciel est très bouché et la pluie ne cesse pas. Nous nous engageons néanmoins sur la petite route qui traverse le Durmitor. Le ciel s’éclaircit enfin et nous permet de découvrir le paysage superbe des montagnes pelées du Parc, au-dessus de 2000 mètres. Arrivés au col de Sedlo à 1907 m, nous démarrons un sentier qui mène à une des montagnes dominantes. La vue sur la vallée glaciaire est superbe et rappelle certaines zones d’Ecosse avec un relief doux couvert d’une herbe rase parsemée de rochers blancs. Nous interrompons la randonnée quand nous rencontrons un passage trop technique et surtout trop glissant avec l’humidité ambiante. Un groupe de huit spéléologues belges qui descend justement de la montagne où ils ont passé plusieurs jours de découvertes sous-terraines, au vu de notre équipement et au jugé de nos capacités, ne nous encourage pas à continuer plus haut.

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La route continue à travers les très beaux paysages du Parc. Nous rejoignons finalement la route de Niksic après une descente vertigineuse sur les gorges du lac Pivsko et son eau d’un bleu étrange. A cet endroit, nous sommes à moins de vingt cinq kilomètres de la Bosnie et Herzégovine. L’idée de retourner à Foca et Gorajde me traverse l’esprit un instant. Il suffirait de bifurquer à droite pour y être dans moins d’une heure. Mais je bifurque à gauche, en direction du sud, en passant d’abord à Pluzine pour un peu de ravitaillement. Avant Niksic, nous retournons vers l’est pour nous rapprocher de la frontière avec l’Albanie. A Savnik, un panneau indique un camping, mais il est fermé. La recherche d’un endroit s’avère difficile et nous nous arrêtons finalement sur le parking d’un grand hôtel de l’époque yougoslave, l’Hôtel Boan.

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L’endroit semble fermé depuis peu d’années et s’enfonce irrémédiablement dans la décrépi-tude. Il suffirait de peu d’énergie pour le remettre en fonction avant qu’il ne soit trop tard. On imagine bien cette architecture revenir à la vie avec des touristes qui viendraient animer ce lieu actuellement en phase terminale…
Le sommeil fut long à venir. Moins pour le défaut d’horizontalité de la cellule, d’après certaines, que pour les images qui surgissent à l’esprit, issues du film de Stanley Kubrick, « Shining »…
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Manard
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par Manard »

Bonjour Francis,


C'est quand il y a des intempéries qu'on apprécie bien nous petits coins au chaud et surtout au sec :super: . Je constate que tu ne cherches plus de bivouac, de lointains récits j'ai souvenir que dans certains pays des balkans c'était interdit, c'est le cas du Monténégro?

Dommage de voir ces archierctures en train de se délabrer, penses-tu qu'ils pourraient à nouveau y attirer les touristes?

Bonne soirée

Bernard
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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Bonsoir,

Eh oui, Bernard, nos petits cocons douillets, font parfois bien des envieux quand le soleil se cache...

En albanie, le bivouac n'est pas interdit, et au Monténégro non plus, sauf, théoriquement, sur le territoire des Parcs Naturels Nationaux.
C'est pourquoi nous avons utilisé le "camping" du Parc Biogradska Gora et un des deux campings du Parc du Durmitor au Monténégro, ainsi qu'un des deux camping dans le Parc National de Theth en Albanie.
Mais sur les 15 nuits passés dans ces deux pays, nous avons dormi 10 fois en bivouac, et le plus souvent dans des endroits exceptionnels. Habituellement, nous pratiquions environ une nuit en camping pour 3 à 4 en bivouac. C'est essentiellement pour des raisons pratiques (des douches confortables et la lessive, par exemple) et aussi pour retrouver un peu de proximité avec des congénères sociables (quand les enfants étaient plus jeunes surtout) après parfois plusieurs jours sans pouvoir parler à grand monde... Désormais, nous sommes sûrement plus autonomes et plus ouverts au milieu, ce qui tend à rendre moins utile les nuits en camping. Encore faut-il bien se figurer ce que sont ces campings albanais et monténégrins ! A Biogradska, nous étions deux dans la forêt, six ou sept au Durmitor, et deux à Theti. Rien à voir avec les campings surpeuplés des côtes occidentales. Ici, on parle plutôt de camps, avec un équipement basique, voire même souvent rustique...

Difficile de remplir ce vieil hôtel avec des touristes dans cet endroit bien peu attirant pour ce genre de voyageurs.
Mais ce pourrait être une sorte d'auberge de jeunesse, ou même une résidence pour personnes âgées, par exemple.
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Manard
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par Manard »

Bonsoir Francis,

Je te remercie de ces réponses :merci:

Bonne nuit

Bernard
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Samedi 30 juillet

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Quelques photos de ces lieux surannés, comme échappés d’un autre temps, celui de la Yougoslavie socialiste rayonnante. J’aime beaucoup cette route, non pour le paysage, mais pour ce qu’elle représente, ou plutôt a représenté au siècle dernier. On ressent la richesse passée, les ouvrages d’art audacieux pour l’époque (des ponts courbes), de cette route nationale aujourd’hui laissée à l’abandon, la voie petit à petit réduite par la végétation envahissante des rives.

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Nous nous arrêtons à Kolashin, d’abord pour faire le plein car nous nous étions présenté à la station de Savnik 3 minutes seulement après l’heure de fermeture (il ne devait rester qu’environ deux litres dans le réservoir, mais nous avons le jerrycan de gazole de secours), et puis aussi pour déjeuner, en terrasse, sur la place centrale et sa magnifique statue allégorique. Ici, un exemple de carrosserie "spéciale" sur base de Lada Niva, non importée en France : la version cinq portes à empattement allongé. Nous verrons aussi une version presque identique mais à quatre portes seulement, la porte arrière gauche n'étant pas présente, et utilisée comme ambulance. Je sais que la version pick-up existe, mais je n'ai encore jamais eu l'occasion d'en voir... Nous quittons Kolashin par la petite route du sud-est. Nous tentons une échappée par un chemin qui doit normalement nous conduire près des sommets de la région montagneuse de Komavi. Nous errons sur les pistes et les chemins de débardage tracés au bulldozer pour finalement devoir rebrousser chemin en partie et choisir une autre bifurcation indiquant la direction de EkoKatun Slavna. Nous avons tout de même roulé pendant deux heures sur des chemins escarpés que, même sans cellule, j’aurais hésité à emprunter ! Nous arrivons enfin à rejoindre la route qui se termine à une sorte de lieu de vacance qui propose une dizaine de huttes confortable en location.

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Nous continuons à pieds à travers un alpage d’altitude où se nichent quelques huttes de bois regroupées en hameau informel, avec une vue panoramique superbe, au pied de deux montagnes jumelles qui atteignent presque 2500 m.
Cet endroit est bien tentant pour venir y passer la nuit. Nous décidons, malgré le panneau indiquant une interdiction de camper placé près du gîte, de tenter un accès à cette zone herbeuse. C’est la première occasion de passer en 4x4 courtes pour s’extirper du chemin très pentu et fangeux qui traverse une ferme ou quelques porcs labourent le terrain boueux de leur groin sonore.

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On se pose finalement sur l’herbage, dans un petit creux que l’on espère discret, et on savoure la vue grandiose autour d’un apéro bien mérité.


Dimanche 31 juillet
19/13°C – nuageux, pluie

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La vue par le hublot est très jolie sous la lumière rasante du soleil levant. La montagne ensoleillée nous appelle. Après un petit déjeuner complet, nous attaquons la pente, d’abord faible, puis forte, puis très forte et enfin trop forte pour nos capacités. Le pique-nique est très apprécié, au milieu d’un décor très minéral, avec une vue étonnante sur la vallée et notre cellule microscopique. Trois heures plus tard, nous quittons ce lieu presque à regret tant on s’y sent bien, pour reprendre notre route vers l’est.

La région semble très serbophile à voir les nombreux tags de la croix nationaliste serbe sur les panneaux et les saluts à trois doigts ostensiblement levés à notre passage. Ce sera le seul moment de ce voyage ou j’ai pu ressentir un certain malaise, en particulier en circulant sur le fameux pont où une bavure de l’OTAN qui s’était trompé de cible en 1999 a causé la mort de plusieurs adolescentes innocentes. Ce lieu est devenu un village martyr et une certaine tension est palpable. Le lac et la rivière s’étirent dans la vallée. La rive sud-est est musulmane. La rive nord-ouest est orthodoxe. La ville de Plav est la charnière entre ces deux visions du monde qui partout dans le pays cohabitent mais qui ici semblent plutôt se faire face. Cette ville sera notre dernière halte en territoire monténégrin pour un ravitaillement en nourritures solides et liquides.
Le dernier tronçon de route jusqu’à la frontière, après Gusinje, est d’une qualité très dégradée par rapport à ce que nous avons pratiqué depuis notre entrée à Tuzi. Au poste de Grncar côté Monténégro, nous sommes les seuls à nous présenter et je pense qu’il n’y a pas dû y avoir pléthore de véhicules dans la journée… Le douanier, sympathique, dans sa cahute en rondins de bois, expédie les formalités et nous fait passer dans le no man’s land alors qu’un orage de grêle s’abat soudainement en réduisant à la fois la température et la luminosité ambiantes.

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Côté Albanie, le bâtiment est flambant neuf, mais de route point, ou quasiment pas. Une flaque d’eau énorme et profonde est située juste avant la barrière. Le douanier pousse du pied le seau chargé de cailloux qui sert de contre-poids à la barrière et nous fait signe de passer pour nous garer plus loin. Il nous fait donc entrer sur son territoire avant de contrôler nos pièces d’identité, et tout cela à cause d’un orage et d’une flaque d’eau mal placée… Tout est rapidement réglé et nous nous retrouvons à nouveau en Albanie, avec devant nous un torrent ruisselant sur une couche de galet en guise de route.

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Nous rejoignons la route de Vermosh qui vient d’être revêtue d’une couche d’asphalte immaculée. Arrivés au terminus, le macadam se termine brutalement et les cailloux prennent le relai dans le hameau. Le pont qui permet de continuer jusqu’à l’extrémité du village en fond de vallée n’existe plus. Nous tentons de passer par l’autre rive en traversant le lit de la rivière presque à sec. La pluie est drue au point de ne pouvoir sortir de la voiture.

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Nous décidons de revenir sur nos pas pour essayer de trouver un hébergement chez l’habitant. Ce sera « chez Alfonsi » qui nous ouvre le grillage pour qu’on puisse s’installer dans le verger de pruniers attenant au bar. En attendant que l’orage se calme, nous prenons un verre dans la salle de troquet déjà bondée et animée avec le son des coups de tonnerre en bruit de fond. Un attroupement de clients est massé à la porte grande ouverte pour profiter du spectacle des éclairs violents. Le patron repousse tant bien que mal avec son balai l’eau qui s’introduit depuis l’extérieur et ruisselle sur le carrelage. Sur l’écran du téléviseur, une émission de TVSH, la chaîne de Shkipéria, retransmet un concert classique donné dans une grande salle parisienne…
La pluie s’est enfin arrêtée et la plupart des consommateurs a pu regagner ses pénates. Nous faisons de même et reprenons possession de notre habitat mobile pour la soirée.
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par dakure »

slt Francis, super reportage, merci!! ;-)
vivement la suite!!
Ford Ranger simple cabine, K-Hutte 2.70 toit relevable complet.

Les pneus ça me gonfle, comptez 3 barres environ![/size]
Mon téléphone ne charge plus, sans doute un problème d'alternateur...
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par Jaclim »

Un vrai plaisir, Francis, ton récit et quelles belles photos ! :super:
Jaclim

S'il n'y a pas de solution c'est qu'il n'y a pas de problème.
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DadEliot
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par DadEliot »

Super retour ! Merci pour cette excellent partage :super:
Def130 TD4 double cab + Azalai 2.0 http://www.trente5.com - https://youtu.be/J9ehQJFL_WU
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Lundi 01 août
20/13°C – nuageux, orageux.

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Au moment de quitter les lieux, un minibus s’arrête au bar. Il transporte une troupe de danse folklorique de Vermosh jusqu’à Shkodër. Nous offrons en cadeau le reste d’un « gâteau » difficile à digérer à notre ami le cochon qui gambade en liberté dans notre enclos. Nous quittons Vermosh pour suivre la vallée vers le sud. La portion goudronnée s’arrête justement à l’embranchement vers Shkodër.

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La piste est assez roulante, sauf par endroits, et le paysage est très beau, minéral et sauvage. Nous nous installons dans un méandre de la piste, sur une parcelle plane qui nous accueille pour le déjeuner et la sieste. Sur le feu nous faisons griller les saucisses monténégrines. Nous discutons longuement avec deux couples venus de Lille en Toyota HSZ 78 et HDJ 80 équipés de tentes de toit qui venaient aux aussi du poste frontière que nous avons franchi hier. L’endroit est idéal pour une douche au soleil, juste avant que de grosses de pluie ne rafraîchissent l’atmosphère et nous incitent à une sieste réparatrice à l’abri.

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Après quelques kilomètres, nous trouvons la piste encombrée par un rocher tombé de la montagne. Il est heureusement d’une taille permettant de le rouler à la main sur le bas-côté.

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Nous poursuivons, et trouvons les derniers hameaux les plus reculés de la vallée. Le lit de la rivière, à sec, peut se traverser sans problème, même si le pont n’est plus praticable.

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Certains passages, en fond de vallée, me font même penser à des images vues en Asie Centrale…

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Un peu plus loin en aval, ce sont trois italiens en Pajero avec qui nous échangeons sur ce beau pays où ils ont décidé de vivre, dans un village près de Shkodër. Ils nous indiquent une entreprise de pisciculture où nous achèterons une truite de bonne taille qui finira le soir même sur le grill. Nous avions repéré plus haut sur la piste des lieux superbes pour passer la nuit, mais maintenant, plus en aval, les endroits pour stationner durant la nuit sont plus rares.

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Néanmoins, nous réussissons à dénicher près des gorges et d’une église en contrebas de la piste, une surface qui sera notre bivouac ce soir. La truite grille sur le feu pendant l’apéro.
Cette vallée du Kelmendi est le plus bel endroit d’Albanie que nous ayons pu voir depuis notre arrivée il y a douze jours.
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euro6
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Re: Shkiperia - Crna Gora - Eté 2011 ( Albanie-Monténégro)

Message par euro6 »

Mardi 02 août
26/20°C – Orageux, puis beau

Nuit parfaite, d’un trait, réveillés par les clochettes qui tintinnabulent au cou des chêvres dont certaines vont jusqu’à lécher la table et tenter d’attraper le sac poubelle pourtant accroché en hauteur.
Les filles descendent au fond des gorges, pour goûter la fraîcheur de l’eau du torrent, pendant que je tente une réparation sur la voiture. Hier après-midi, en parcourant la piste depuis Vermoshj, je me souviens avoir perçu un « klong » un peu différent des autres bruits de suspension. Ce matin, je découvre que le boulon de fixation basse de l’amortisseur avant gauche a disparu. D’où le bruit du choc de l’œil sur le triangle (et surtout l’absence d’amortis-sement sur cette roue !). Par chance (ou plutôt non, grâce à mon instinct de précaution dicté par ma grande expérience des voyages lointains…) j’avais fabriqué avant le départ, sur les conseils de Bernard, une paire de brides destinées à pouvoir effectuer une réparation de fortune en cas de casse de lames de ressort sur le pont arrière. Je prélève donc un des 4 boulons pour remplacer la pièce manquante. Le diamètre est trop petit (10 au lieu de 12 mm), mais cela permettra de tenir provisoirement pour les trajets à venir. Nous essaierons de trouver un boulon plus adapté dans un garage en ville.

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Nous quittons la superbe vallée et rejoignons le route déjà prise à l’aller entre Shkodër et Hani Hotit, à rebours cette fois. Nous constatons qu’entre temps les travaux ont avancé et certains tronçons sont en cours de finition, sous-couche et revêtement. A Koplik nous prenons la direction du Parc de Theth. Le début de la route est goudronné pendant une bonne dizaine de kilomètres, puis la piste commence à la sortie du dernier village. C’est une piste longue et cassante pour notre véhicule chargé. Presque trois heures de conduite éprouvante, avec des zones en première et des croisements nécessitant parfois des manœuvres hasardeuses, surtout quand un poids lourds déboule au détour d’un virage en dévalant la côte face à vous…

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Après avoir gravi la montagne jusqu’au col, puis avoir redescendu l’autre versant jusqu’au creux de la vallée, nous voici arrivés à Thethi.

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Nous nous installons au gîte situé presque en face du pont de bois et qui propose aussi son terrain en guise de camping. Une rapide visite du village, en passant par l’église nouvellement restaurée, jusqu’à la fameuse tour d’isolement liée à la coutume du Kanun, la vendetta locale.

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Nous dînons au restaurant avec Francesco (qui s’invite, plus qu’il n’est invité), le fils du gîte où nous avons posé la cellule. Il a onze ans seulement mais il est très dégourdi et parle correctement l’anglais. Nous ne nous faisons pas de soucis pour ce p’tit gars qui est déjà armé affronter le monde difficile. Le serveur nous confirme que la route sud par Prekal est bien ouverte à la circulation malgré les travaux, mais il confirme également qu’elle est plus longue, cinq heures minimum, et dans un état encore pire que la route nord que nous avons parcouru pour venir cet après-midi. Sachant qu’il ne nous reste plus qu’une journée avant le départ du ferry, nous prenons donc la décision d’effectuer le retour par la même route que l’aller, contrairement à ce que j’aurais souhaité, afin de limiter les risques d’une casse toujours possible (tiens, d’ailleurs, nous roulons toujours avec le boulon trop petit …). Je regrette d’être contraint à ce choix, d’autant plus que j’avais prévu de passer par cette route, mais dans l’autre sens, il y a une semaine, avec suffisamment de temps devant nous pour parer à toute éventuelle mauvaise surprise… Dommage, mais le retour y gagnera sûrement en sérénité.
Le bar qui jouxte le terrain de « camping » est animé et la musique est bruyante, mais une fois couchés, le son baisse en intensité puis le café finit par fermer avant minuit.
Toyota Hilux DC et Modulidea Mocamp "light" auto-aménagée

Ils n'auront pas notre haine.
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