
Cette année, nous choisissons à nouveaux les Balkans. Mais nous décrouvrirons cette fois deux pays encore inconnus de nous : l'Albanie et le Monténégro.
Nous quittons Rouen le matin du 14 juillet pour un prologue de quelques jours.
Un passage en Bourgogne pour une visite familiale, et pour récupérer notre fille Léna à l'issue de son stage de théâtre, car elle sera du voyage bien sûr.
Ensuite, deux nuits dans les Alpes, autour du Parc des Ecrins, puis deux nuits en Italie, avant de rejoindre le ferry pour traverser l'Adriatique.
Lundi 18 juillet
25°C – Soleil
Nous retrouvons le soleil au réveil. Douche impossible en plein centre ville de Pavie. Nous repartons vers l’est avec le projet de passer voir Stéfano Feci à Fidenza pour lui donner des nouvelles de sa cellule Modulidea Mocamp « Light » spécialement construite pour nous. Arrêt ravitaillement au supermarché Auchan de Plaisance (Piacenza).
A Fidenza, Stefano nous attend en travaillant sur les finitions d’aménagement du toit d’une cellule bientôt prête à livrer. Après une visite minutieuse de notre cellule dont les détails l’inspireront peut-être pour de prochaines constructions, il nous offre un verre chez lui, au milieu de ses magnifiques photos et objets ramenés de ses nombreux voyages en Afrique dont il connait bien une grand partie des pays qui la composent. Son activité industrielle, ou plutôt artisanale, se porte bien, en particulier grâce aux nombreux clients français chez qui le marché de la cellule semble se développer enfin. La santé de sa femme, pourtant infatigable baroudeuse jusqu’à ce que la maladie ne l’handicape, l’inquiète.
Nous parcourons les trois heures qui nous séparent de la mer adriatique pour nous rapprocher du port d’embarquement. Un petit camping calme nous permet de goûter une dernière fois avant longtemps au confort des douches et des toilettes avant l’Albanie.
Mardi 19 juillet
26°C – Couvert
Il nous reste encore deux heures de route avant d’atteindre enfin le port d’Ancône. Une fois les cartes d’embarquement récupérées et le contrôle des passeports effectué, l’attente sur le parking débute. Comme souvent, c’est la complète inorganisation qui règne lors de l’embarquement des véhicules. L’horaire de départ prévu ne sera pas respecté et l’attente se prolonge avec un état de stress ambiant qui s’installe sur le quai. Enfin, vient le moment où toutes les voitures sont entrées et où notre tour arrive. Nous sommes donc les derniers à embarquer avant les camions et les remorques. Les cartes d’embarquement sont sommairement visées et il ne nous reste plus qu’à démarrer pour entrer dans le navire. Mais, lorsque je tourne la clé, rien ne se passe ! Impossible de faire tourner le moteur… Immédiatement nous réagissons et demandons l’aide de la dernière voiture devant nous. Un albanais de retour au pays, au volant d’une Ford Fiesta, fait prestement demi-tour et, capot contre capot, nous connectons les batteries avec les câbles heureusement toujours du voyage. Le moteur démarre finalement sans rechigner, et les voitures sont stationnées dans la soute. Reste les camions et remorques à faire entrer au chausse-pied, et le navire appareille enfin, avec une heure et demie de retard !

Seule une remorque transportant un amoncellement de ferrailles hétéroclites mal ficelé restera sur le quai.
Avec ce retard et le temps d’installation dans la petite cabine, impossible de se restaurer car le self est fermé…
Mercredi 20 juillet
28°C – Soleil
La nuit fut profonde, la mer est calme et le réveil matinal. Au self, une salle d’environ 200 places, une seule table de trois personnes est occupée ! Nous imaginions un petit-déjeuner pantagruélique avec force fruits gorgés de soleil et diverses denrées appétissantes. Que nenni ! Il faut se contenter d’un mauvais café à l’allemande servi dans un gobelet en plastique mou, un petit pain presque cru, dix grammes de beurre rance fondu et… c’est tout. Serions-nous déjà arrivés en Albanie, mais au siècle dernier ?
Le vieux bateau (37 ans !) brinqueballe ses milliers de tonnes de ferraille de vague en vague dans d’étranges tremblements et bruits de casserole rouillée.
Un petit orage soudain nous accueille à l’approche des côtes albanaises. Nous arrivons enfin au port de Durrës, avec deux heures et demie de retard sur l’horaire prévu, soit un temps de trajet rallongé d’une heure !


L’accostage le long du port de pêche et l’arrimage au quai prennent un temps fou, puis le débarquement peut commencer. Les premiers camions et remorques sortent. Un tracteur de manœuvre sur port, en s’accouplant à une semi-remorque, la pousse et emboutit la limousine noire garée dix centimètres derrière. Nous assistons à ce spectacle incroyable des voyageurs disséminés sur le quai, au milieu d’un ballet désordonné et dangereux de voitures et camions. Quand je me décide enfin à entrer dans la soute pour vérifier si je pouvais accéder à notre véhicule, je m’aperçois qu’un attroupement d’une quinzaine de personnes s’était constitué autour de notre voiture qui bloquait tout le reste des véhicules. J’étais donc très attendu… Chance, le moteur démarre au quart de tour ! Ca m’aura évité le lynchage ! Nous sortons du port après un rapide contrôle d’identité et nous partons aussitôt affronter la ville de Durrës pour trouver un distributeur de billets de banque. Les 10 000 Lek en poche, nous fuyons l’urbanisme grouillant de vie pour tenter de trouver un endroit plus calme.
A une trentaine de kilomètres, en direction d’Elbasan et en évitant pour l’instant Tirana, nous choisissons un pré accueillant, près de Vishaj. Après avoir demandé d’abord à un berger puis à des passants, nous nous installons dans un petit coin plat et isolé. A 21H00 il fait nuit noire et nous allons nous coucher.
Jeudi 21 juillet
28/26°C – Nuageux
Une petite pluie fine nous réveille. Un berger, arrivé à califourchon sur sa mule, amène ses cinq vaches paître dans le pré et finit par s’inviter à notre petit déjeuner champêtre. Il n’apprécie guère le café qu’on lui propose et préfère avaler son byrek sans boisson.

Il est très volubile, mais nous ne saisissons rien de son discours parfois véhément, sauf quelques mots isolés comme « Kosova », « America », sans vraiment pouvoir reconstituer quelque chose de cohérent pour nous…

Nous rattrapons la route qui vient de Tirana et mène vers le sud-est. En arrivant sur Elbasan, les étals de fruits et légumes frais se succèdent le long de la route.

Elbasan fut un centre industriel métallurgique florissant dans les années 1970 (Photo extraite du livre "40 VJET SHQIPERI SOCIALISTE", 8NENTORI Publishing House, Tirana, 1984).

Aujourd’hui, les bâtiments sont toujours là, mais l’activité tourne au ralenti.

La vitrine opulente devient une friche industrielle rongée par le temps et envahie par la nature.