Albanie Juin 2011

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claudius64
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Albanie Juin 2011

Message par claudius64 »

Salut à tous.

Charles vous a informé de son retour dans un message faussement intitulé Albanie 2010. :mdr1: On y était ensemble, ce mois de juin passé, 2011.Image
Nous avons quant à nous trainé deux ou trois jours de plus en Albanie avant de prendre la route du retour, non sans faire un crochet grec par les Météores : splendide. :super:
J'essaierai, dans les jours à venir, de vous faire un compte rendu de ce beau voyage, assorti des photos les plus parlantes.
En attendant, pour les plus mordus, j'ai mis les photos sur un album picasa, assorties de quelques dates et légendes. Gros ennui, il y en a MILLE ! :photo: :photo: :photo:
https://picasaweb.google.com/athaneclau ... directlink"
Bon courage.
Amicalement. Claude. :basque:
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Jaclim
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Re: Albanie Juin 2011

Message par Jaclim »

Bonsoir Claude et Nicole !

Pas encore eu le temps de regarder les photos, et 1000, ça ne me fait pas peur, au contraire, mais j'attends déjà avec impatience ton récit, ta plume étant généralement un régal ! Image

Gros bisous à vous deux !
Jaclim

S'il n'y a pas de solution c'est qu'il n'y a pas de problème.
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Manard
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Re: Albanie Juin 2011

Message par Manard »

Bonjour Claude,


Un grand Image pour ce super reportage que vous avez réalisé :bravo:

Vraiment ça donne toujours envie d'y aller

Bonne soirée

Bernard
Image
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gaetan
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Re: Albanie Juin 2011

Message par gaetan »

Merci pour toutes ces photos .
visiblement il y a eu un petit peu de casse mais l'essentiel est que vous avez eu l'air de bien vous amuser .
J'attends le compte rendu avec impatience ;-)

:breton:
L'avenir appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves ...
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charlot
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Re: Albanie Juin 2011

Message par charlot »

Salut Claude et Nicole
j'ai regardé qq photos de l'album Albanie 2010 à non m..de !!! 2011 quel con !!! 0sur10
Quel périple que des bons souvenirs . Même si nous étions pas aux Météores que nous connaissons bien .Nous avons passés 2 jours sur les plages d'Igouménitsa pour nous remettre de émotions "Diesel "en sortie d'Albanie


Image
A la sortie d'igoum suivre toujours à gauche 3km Bivouac libre en bord de plage avec eau :super:
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claudius64
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Re: Albanie Juin 2011

Message par claudius64 »

RE.
Je vous livre la première partie de mon récit sans plus attendre.

Avertissement :
Avant d’entrer dans le vif du sujet, deux nouvelles importantes concernant le régime albanais.
La première, qui n’est plus très fraiche, c’est que celui d’Enver Hoxha est bel et bien mort : aucune pression militaire ni policière. La seconde, c’est que celui du docteur Dunkan ne se pratique pas : on mange très bien en Albanie, de tout, et pour pas cher !


Nous sommes partis de Biarritz le 24 mai pour Venise où nous avons passés trois jours riches de découvertes. Le camping Fusina, de l’autre côté de la lagune, permet de gagner Venise en vingt minutes de motoscafo.
Nous avons retrouvé Maïté, Charles et leur petite chienne Betty sur l’autoroute après Bologne le lundi 30. Après quelques difficultés, nous embarquons vers 18h sur un ferry de Minoan Lines pour 113€ par équipage en formule « Camper all inclusive ». Cabine pour deux, confortable, et repas compris. La mer est belle, le bateau ne bouge pas, la nuit est sereine.

Nos débarquons sur le port d’Igoumenitsa vers dix heures et nous prenons immédiatement la route de l’Albanie à une trentaine de kilomètres. Nous suivons la côte ionienne. Les indications sont inexistantes mais après quelques hésitations, nous parvenons à la frontière : passage simple et rapide. Nous sommes en Albanie. La route contourne ou escalade les collines en s’éloignant de la mer et redescend très vite sur la plaine et la lagune de Butrint.
Nous pique-niquons au pied du fort triangle avant de franchir le canal Vivari sur une barge tirée par un câble grinçant qui nous dépose à l’entrée du site romain de Butrint.

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La visite, en deux heures, se fait agréablement sur un sentier ombragé qui zigzague entre théâtre antique, temples ou église byzantine pour atteindre l’acropole et le château. Le château offre un fantastique panorama à 360° sur la lagune et la mer.
La première banque rencontrée nous permet de faire du change – 1 euro=143 Lekke – et tant pis pour l’employée, la seule personne désagréable rencontrée au cours du voyage !
Plusieurs immeubles en construction sont à genoux sur leurs piliers de béton, vestiges d’un séisme récent ?

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Sarandë est la première ville importante sur notre route, station balnéaire en pleine expansion dans une immense baie tournée vers l’île grecque de Corfou. Maïté et Charles s’y baignent tandis que nous nous promenons dans la ville aux immeubles colorés et faisons quelques courses pour des prix trois ou quatre fois inférieurs aux prix français.

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Depuis la route qui s’est élevée dans les montagnes, nous tentons de rejoindre la côte pour un premier bivouac en terre albanaise. Une route toute neuve et déjà défoncée nous conduit à un portail et son gardien et nous ne pouvons qu’apercevoir la crique dont nous rêvions et les travaux qui sans doute annoncent un futur complexe touristique.
A quelques kilomètres, la plage de Lukovë nous accueillera pour la nuit. On s’y active à bâtir de fragiles paillotes de bois, pour la saison qui s’annonce. Un berger tente de rassembler le troupeau de ses vaches et s’intéresse à nos drôles d’ensembles. » Miredita », » Mirupashim », nous progressons rapidement dans la maitrise de la langue albanaise !
Les vaches sonnent le réveil sur le coup de cinq heures. Nous faisons mine de ne pas les entendre et terminons notre nuit.

A Borsh nous achetons du pain et de la bière, et même un vin rosé albanais, le Konjak, que nous recracherons séance tenante, comprenant que nous avons acheté du cognac ! Sur la baie de Palermo qui accueillait autrefois des sous-marins, nous buvons un coup au restaurant où nous pensions déjeuner : un coup d’œil derrière le comptoir et la cuisine nous fait supposer la carte à tout le moins mensongère. La tenancière est désolée – « mirupashim »- nous déjeunons dans nos cellules à l’abri du soleil.

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A Himarë, la plage est décevante, dont l’abord est barré d’un immeuble abandonné, traversé d’un ruisseau qui roule des ordures, bien qu’au-delà d’autres immeubles flambants neufs attendent de futurs propriétaires. Le Market Martino nous permet de compléter nos courses du matin, et le bistrot d’en face offre son tuyau à Charles pour un plein d’eau nécessaire.
Nous pensons bivouac sur une plage avant Dhermi, et nous cherchons un moment la piste qui y descend. Une route récente mène à un monastère et a un cul- de- sac. Nous faisons demi-tour et retournons jusqu’au village. La piste est là, après le terrain de sport et nos cellules y bringuebalent. Un petit camion est abandonné en son milieu. Nous klaxonnons en vain. Charles s’installe au volant et nous poussons le véhicule sur quelques mètres. Mais cinq cent mètres après, nous sommes revenus sur la route où nous étions, une heure plus tôt ! Près du monastère, l’entrée de la piste se cache dans les fourrés, caillouteuse à souhait, taillée à flanc de falaise. Les dames serrent les fesses, les messieurs sont un peu tendus au volant. Les commentaires ironiques sur la CB détendent l’atmosphère. Et la récompense est là, après trois kilomètres, une crique déserte, une plage de sable et de galets, un bivouac ombragé sous les noyers et d’immenses platanes. D’anciennes installations touristiques sont abandonnées.
La baignade est délicieuse après l’émotion. Charles lance sa ligne sans succès. Les dames s’installent sur le sable. Je pars explorer la rangée de casemates, guetteurs immobiles qui surveillent le large d’où l’envahisseur, un jour, immanquablement, viendra.

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Après le bain du matin, le propriétaire du terrain où nous sommes installés, est là, qui habite pourtant en Amérique. Il aurait préféré qu’on lui demande la permission, mais nous n’avons vu âme qui vive. « Ska problem », nous pouvons rester.
Nous partons à pied, à la découverte de l’imposant canyon qui vient mourir sur la plage. Nous le remontons un moment, sautant de rocher en rocher, mais un chaos infranchissable nous barre bientôt le passage.

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Qu’à cela ne tienne, nous escaladons la falaise … et le maquis épais s’oppose à notre intrusion.
Après déjeuner, nous reprenons la piste, pas aussi détendus qu’on le croirait.
Le vieux village de Dhermi nous offre une jolie promenade au milieu de maisons anciennes, souvent délabrées, protégées par des pergolas couvertes de vigne. Nous grimpons jusqu’à l’église qui veille sur un piton rocheux. Un gamin nous accompagne et nous ouvre les lieux. Les murs sont entièrement recouverts de superbes fresques colorées en bon état de conservation. Nous laissons notre obole avant de redescendre. « Falemenderit «

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La journée est passée rapidement. Nous gagnons une plage au nord du village et nous bivouaquons sur le sable, en bout de plage, loin de l’agitation et des préparatifs de la saison.

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Au matin, nous nageons un moment puis nous attaquons la montée du col de Llogarasë. Quelques nuages réduisent la visibilité. Après le col, la route se fraie un passage dans une épaisse forêt de pins. Les restaurants se font de plus en plus nombreux qui reçoivent les promeneurs venus de Vlorë ou de Fier.
A Orricum, nous ne verrons pas le site romain, mais sur une levée de terre qui traverse la lagune, nous nous approcherons de l’ermitage qui se dresse au milieu du marais.

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A Orik, la ville moderne, et station balnéaire, nous prendrons, enfin, notre premier repas au restaurant où l’on nous servira, après une sorte de crème à base d’œuf et de tomate, de délicieux poisson accompagnés de frites et de salade. Le petit vin blanc en pichet est très agréable. La note est plus que raisonnable.

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Une petite sieste est nécessaire, avant de gagner Vlorë. Maïté et Charles se promènent sur le port pendant que nous remontons un grand boulevard à la recherche d’une banque où nous retirons un peu d’argent. La circulation, sans être dense, semble anarchique et deux conducteurs inattentifs nous le prouvent avec enthousiasme, qui se télescopent franchement.
Nous nous risquons à acheter quelques unes de ces saucisses qui semblent constituer une grande part de l’alimentation des albanais.

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De Vlorë, nous gagnons la presqu’île de Zvernec et son joli monastère au bout d’un pont de bois. A travers les genêts odorants, nous cherchons notre bivouac du soir que nous trouvons sur une longue langue de sable, entre lagune et mer.

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Des pécheurs ont tiré leurs barques sur la grève. Un promontoire rocheux s’avancent en mer et offre un vue d’ensemble sur la lagune, la baie de Vlorë et l’île albanaise de Sazan.
La nuit tombe sur notre table et nos saucisses. Les moustiques sont à la fête. Nous battons en retraite. Dans nos cellules respectives, le combat se poursuivra longtemps pour venir à bout des derniers intrus.
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Manard
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Re: Albanie Juin 2011

Message par Manard »

Bonjour Claude,


Merci pour cette première partie de votre récit, on s'y croirait :bravo:

Les liens des photos que tu as collés n'aboutissent pas car ce ne sont pas les bons, mais comme j'ai vu le diaporama hier j'ai encore en tête les photos.

Bonne journée en attendant la suite

Bernard
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claudius64
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Re: Albanie Juin 2011

Message par claudius64 »

Mille excuses pour cette erreur de manipulation. C'est rectifié. Les photos sont visibles.
Claude. :basque:
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Jaclim
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Re: Albanie Juin 2011

Message par Jaclim »

Merci pour les photos désormais visibles, Claude ! :super:

Un plaisir de te lire ! :bravo:

Et les saucisses ? Finalement, ça donnait quoi ?

Jacqueline curieuse et gourmande, comme dirait ZigZagcruiser !
Jaclim

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euro6
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Re: Albanie Juin 2011

Message par euro6 »

Bonsoir,

merci Claude !
Je suis plongé dans le décryptage des photos, pour apprécier les paysages, mais aussi pour deviner l'itinéraire...
Aurais-tu une trace ou simplement un report sur une carte, pour évaluer les étapes de votre périple ?
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breizhou
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Re: Albanie Juin 2011

Message par breizhou »

ça nous fait un petit comme back sur l'été dernier sympa ces photos :photo:
land 130 Td4 double cabine avec cellule Azalaï de 2010
en route pour de nouvelles aventures
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claudius64
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Re: Albanie Juin 2011

Message par claudius64 »

Deuxième partie: ( à ce train là, j'en ai pour quize jours :ghee: )


Il faut marcher longtemps vers le large avant de pouvoir se baigner dans 80 cms d’eau. Maïté et Charles font un petit footing jusqu’à la pointe nord de la baie.
Revenus à Vlorë, nous roulons pour la première fois sur l’autoroute, en fait une quatre voies sur laquelle ouvrent directement les parkings des commerces et que traversent tranquillement les piétons. Nous tournons un moment dans Fier avant de trouver la route du site romain d’Apollonia. Là aussi, les indications sont inexistantes. Le site domine une large plaine agricole occupée d’un patchwork de petites parcelles et de cultures diverses. Les petites exploitations individuelles ont remplacé les entreprises d’état et abandonné les grands bâtiments agricoles de brique rouge aux toits galbé recouvert de bitume. Nous le constaterons dans toute l’Albanie.
Après le déjeuner, nous visitons le site dont on dit qu’il est le plus important d’Albanie. Sous un soleil de plomb, nous nous trainons de l’Odéon à l’Acropole, de l’Acropole à l’église byzantine, et nous cherchons longtemps le théâtre, dont les vestiges sont à peine visibles dans les fougères et les bouquets de genêts. Nous sommes assez déçus : Butrint est bien plus intéressant.
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Après quelques courses, dont un gigot d’agneau que nous dénichons chez un boucher dont l’étal est vide mais le frigo fourni, nous reprenons l’autoroute en direction du monastère d’Ardénica. Une fois de plus, GPS ou pas, il nous faut un moment pour dénicher notre destination. On peut accéder au monastère et visiter la magnifique église. Les fresques recouvrent les murs, l’iconostase est richement décorée, la chaire est finement sculptée. L’ensemble des bâtiments monastiques a été totalement restauré depuis la fin de la dictature.
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Nous laissons les moines à leur prière et prenons la direction de Bérat, que nous visiterons demain. La carte nous invite à prendre la route de Mbreshtane dans l’idée de trouver un bivouac près de la chapelle : nous ne la trouverons pas et nous roulerons longtemps sur une piste de terre sans pouvoir la quitter tant les cultures sont denses et les clôtures dissuasives. Nous finiront par nous installer en bord de piste, dans un virage un peu plus large où coule une source claire : nul ne passe sur le chemin, homme et animaux, sans s’y abreuver et reposer un instant. Le gigot sera délicieux. Et la nuit tombera sur la montagne, accompagnée du délicat ballet aérien des lucioles.
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La piste redescend joliment dans la vallée, puis la route nous ramène à Bérat, la ville aux mille fenêtres, accrochée aux flancs de la montagne, de part et d’autre de la grise rivière Ossum chargée de sédiments. Les maisons s’empilent dans les ruelles tortueuses aux pavés glissants, y ouvrant de lourdes portes de bois dans les soubassements blanchis à la chaux. A l’étage, les nombreuses fenêtres quadrillent les façades de leurs petits bois sombres. La vigne borde partout de petites terrasses. Près de la mosquée des rois, la rue principale lance ses pavés luisants à l’assaut de la citadelle, perchée sur son rocher et dont les murs épais abritent encore un typique quartier de la ville et de nombreux monuments. Le magnifique musée Onufre, qui occupe l’église de la Dormition de la Vierge, abrite de belles icones des meilleurs peintres albanais, dont les œuvres magistrales d’Onufre, le plus célèbre d’entre eux qui vécut au XVI° siècle.
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La chaleur de midi nous ramène dans les bas quartiers et nous déjeunons dans un restaurant qui surplombe la rivière et offre sur la ville un panorama grandiose. Les escalopes de veau sont repliées sur une farce de fromage et de champignons, accompagnées d’aubergines grillées, de pomme de terre frites ( Ah, les pommes de terre albanaises !) et de tomates grillées. Des sorbets rafraichissants nous font oublier la chaleur extérieure. Et un second dessert nous est offert par les convives de la table voisine qui fêtent l’anniversaire d’une blondinette de quatre ans à laquelle nous chantons en français : « Joyeux anniversaire. »
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C’est donc l’estomac un peu lourd que nous décidons, dans l’enthousiasme, d’aller voir les pélicans frisés de la lagune de Karavastra. C’est plus facile à dire qu’à faire car une fois encore à Diviakë , aucune indication. Notre première tentative s’achève au bout d’une mauvaise piste à travers champs, du mauvais côté de la lagune. Nous finissons par rejoindre une plage sans doute très fréquentée en été. De là une piste sablonneuse serpente dans un bois de pins sur plusieurs kilomètres et sur la langue de sable, de plus en plus étroite, qui sépare la mer de la lagune. Mais point de pélicans, frisés ou non !
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Nous revenons sur la plage et y établissons notre bivouac entre deux paillotes en construction. Là encore, les moustiques nous obligent à regagner les cellules dès la nuit tombée. Une inspection extérieure me fait découvrir 250 de ces sympathiques insectes agglutinés sur la moustiquaire de l’une des baies. Je conseille à Nicole de baisser le rideau occultant. Les moustiques sont entrainés dans le rouleau de la moustiquaire où une petite moitié meure par écrasement, les 140 autres échappent au piège et sont relâchés, horreur, dans la cellule ! S’ensuit une heure de safari bruyant et la ferme décision d’acheter dès demain, une bombe d’insecticide.
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Nous nous offrons, en début de matinée, le plaisir de rouler sur la plage à bonne vitesse, au plus près de la mer pour atteindre la pointe de la baie.
Après Diviakë, un petit marché de campagne offre de beaux fruits et légumes, une triste quincaillerie chinoise, de pauvres stands de vêtements de même origine et des montagnes de fripes d’occasion. Il n’est pas midi et les marchands remballent déjà.
Nous roulons vers Elbasan. Comme souvent jusqu’ici, nous sommes frappés par les couleurs des maisons neuves. Toutes les nuances de vert sont représentées, le fushia, le rose, le saumon ou l’orange criard ont droit de cité. Le rez-de-chaussée n’est pas terminé, mais l’étage occupé rutile d’une fraiche couleur ou d’une mosaïque de carrelage.
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Nous n’entrons pas à Elbasan, cité industrielle et bifurquons au nord sur la route de montagne qui nous mènera à Tirana. Dans la montée vers le col, les paysans se sont installés au bord de la route pour vendre leurs produits : délicieuses cerises, abricots rebondis, fruits blancs et fades du murier platane, miel et huile d’olive… Nous faisons quelques achats pour une poignée de leks. Près du col, un replat herbeux nous invite au pique nique.
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La chose faite nous nous séparons. Maïté et Charles profiteront de la nature te chercheront le bivouac. Quant à nous, nous roulons vers Tirana. La CB nous permettra de nous retrouver.
La route est magnifique, offrant de larges vues de tous cotés sur les montagnes souvent abruptes, recouvertes de forêts denses.
Nous entrons facilement dans Tirana. La circulation est assez importante mais nous nous dirigeons vers le centre sans coup férir et, coup de chance, nous trouvons une place sur un parking à 100m de la place Skanderberg, la grande place de Tirana. Elle est en travaux, comme tout le centre de la capitale en pleine rénovation. Nous ne pourrons nous approcher de la statue monumentale de Skanderberg, nous verrons l’immense mosaïque du musée historique derrière les filets d’un échafaudage et devront faire un grand détour par delà les grillages et les palissades pour admirer la tout nouvelle cathédrale.
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Nous pourrons par contre visiter la belle et ancienne mosquée Et’hem Bey et nous glisser discrètement derrière les fidèles à l’heure de la prière. Personne n’est choqué de notre présence.
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Nous nous rafraichissons à la terrasse d’un des plus grands cafés de Tirana, au haut des marches du Palais de la Culture, déserte à cette heure. Une nécessaire visite aux toilettes de l’établissement nous fait par contre traverser, dans une demie obscurité, un véritable « tripot » enfumé où une voix féminine égrène lentement les numéros d’un loto en cours. Des écrans de télévisions diffusent des images de courses de chevaux et les clients parient sur des ordinateurs. Peut être même y-a-t-il des machine à sous ? La librairie Adrion nous permet d’acheter le Figaro Magazine de la semaine : ce n’est pas mon canard préféré, mais il nous livre quelques nouvelles en pleine affaire DSK.
Nous descendons un grand boulevard à l’ombre fraiche et parfumée des tilleuls.
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De grands bâtiments ultra modernes jaillissent au milieu d’anciens immeubles aux couleurs désordonnées un peu passées. Les commerces en rez-de-chaussée, ou en demi sous-sol, n’ont rien à envier à nos commerces français. Une foule tranquille, très légèrement vêtue sous la chaleur, déambule sans se presser. Dans ce pays majoritairement musulman, les préceptes de l’Islam n’empêchent pas les jeunes femmes, souvent juchées sur de hauts talons, de s’habiller de jupes ultra-courtes assorties à de fins débardeurs. Aux carrefours, des policiers font de leur mieux pour canaliser la circulation anarchique. La rivière Lana, bordée d’espaces verts, traverse paresseusement la ville entre les rives de béton qui la canalisent. Les bancs publics aux vives couleurs incitent au repos.
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Il faut s’éloigner en direction du marché pour rencontrer un autre visage de Tirana aux immeubles délabrés, aux réseaux électriques invraisemblables, aux petits commerces de toutes sortes qui vomissent leurs marchandises sur le trottoir, aux cafés et petits restos populaires.
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Le marché lui-même n’est pas si étendu, étals de beaux légumes et de fruits murs appétissants.
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Sur un côté, les poissonniers présentent toutes sortes de poissons à l’œil rebondi et aux écailles luisantes : la pêche est locale, en mer, dans les lacs et les rivières d’Albanie.
Nous regagnons Euskalgo après quelques courses alimentaires, regrettant de n’avoir pas plus de temps pour flâner dans cette capitale agréable.
Sur la route qui nous ramène vers notre rendez-vous, nous croisons Charles et Maïté qui descendent vers Tirana. Leur balade de l’après midi est infructueuse quant à un point de bivouac pour la nuit, mais ils ont pu, après de longues et délicates palabres – leur albanais n’est pas au point – acquérir trois kilos de charbon de bois pour nos futurs barbecues.
Nous allons prendre la route du parc national de Dajti, au dessus de Tirana, dans l’espoir d’un bivouac sympa. Du village de Mullet, où nous sommes, une route doit nous y mener, par Gurrë et Priska. Nous en trouvons le départ après un pont, puis la route se rétrécit rapidement, traverse un ou deux villages et nous mène dans un cul de sac au fond d’un hameau. Demi-tour délicat et nous revoici sur la bonne route, puis sur une piste au-delà d’une jolie mosquée.
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Le GPS nous confirme que nous roulons depuis un moment à l’opposé de notre destination : nous avons du louper un embranchement.
Après un nouveau demi-tour, nous décidons de bivouaquer sur place, un espace accueillant de végétation rase va faire notre affaire à quelques mètres de la piste. Fort de notre expérience, je m’en vais demander l’autorisation d’un quidam qui garde ses deux vaches de l’autre côté de la piste. « Miredita » Je mets tout mon albanais à la disposition de mon entreprise. Sachant que l’albanais de base hoche la tête verticalement pour dire non et la remue horizontalement pour dire oui, j’interprète les mouvements circulaires de son visage, alternativement dans un sens et dans l’autre, comme une invitation à rester là pour la nuit. « Falemendérit ».
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Une fois ses vaches raccompagnées, le brave homme revient pour aider Charles à allumer le charbon de bois pour griller les côtelettes d’agneau. Muni d’une bonne bière et de quelques gâteaux, il restera longtemps assis au bord de la piste, la nuit tombé, repérable au seul rougeoiement de sa cigarette. Nous avons pensé qu’il s’était donné pour mission de monter la garde pour la nuit, et pour notre sécurité. Il n’est enfin rentré chez lui qu’après avoir compris que nous n’avions aucune crainte.
Au loin, dans la vallée, les lumières de Tirana scintillent dans l’obscurité.
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euro6
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Re: Albanie Juin 2011

Message par euro6 »

Bonjour,

ce récit m'intéresse au plus point, Claude.
Tous les détails sont notés et, j'en suis sûr, serviront dans les prochaines semaines.

Vivement la suite ! (nous connaissons les images, mais le texte est indispensable !)
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Manard
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Re: Albanie Juin 2011

Message par Manard »

Bonjour Claude,


Ne t'inquiète pas, prends ton temps pour la rédaction de ce compte rendu nous sommes en vacances :merci: .

Merci pour cette suite, on va bientôt attaquer l'arrière pays ;-)

Bon dimanche

Bernard
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gerard44
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Re: Albanie Juin 2011

Message par gerard44 »

Merci de nous faire partager votre voyage claude :bravo:
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Si on devait mettre un point rouge sur la tête de tous les cons, le monde serait un vaste champs de coquelicot !
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pat39
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Re: Albanie Juin 2011

Message par pat39 »

Merci de nous faire partager ton voyage :bravo: .
Je ne peux voir tes photos :pleur4: :nonon:
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Manard
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Re: Albanie Juin 2011

Message par Manard »

Bonsoir Pat39,
pat39 a écrit :Merci de nous faire partager ton voyage :bravo: .
Je ne peux voir tes photos :pleur4: :nonon:
C'est bizarre car ici elles s'affichent sans problème. Elles sont hébergées chez Picasa, je ne vois pas d'où peut provenir ce blocage ?

Bonne soirée

Bernard
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claudius64
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Re: Albanie Juin 2011

Message par claudius64 »

Et voici la troisième partie.

Ce 7 juin, nous nous remettons en quête de la piste qui doit nous conduire au parc de Dajti. Nous arrêtons un fourgon mercedes : en nous aidant de la carte, nous demandons notre route au chauffeur qui met à contribution les personnes qu’il transporte : les avis sont partagés. Nous trouvons un départ de piste derrière la mosquée, qui semble être la bonne. Ca grimpe dur jusqu’ à un village et une bifurcation que nous empruntons après interview d’un villageois. Le GPS indique le parc à proximité. Nous nous fourvoyons encore, demandons de nouveau notre chemin, et pour finir, tombons sur la route goudronnée qui monte de Tirana vers le parc. Va pour la route ! Belle d’ailleurs, qui monte en lacets dans la forêt, offrant parfois un large panorama sur la capitale.
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A une barrière, nous réglons le prix d’entrée au parc et poursuivons jusqu’à une nouvelle barrière, militaire cette fois, on ne passe pas. Demi-tour
( on est maintenant habitués) , embranchement, et nous arrivons sur une grande esplanade où aboutit le téléphérique qui déverse le dimanche, les promeneurs venus de Tirana. Aujourd’hui, pas un chat… mais des molosses de 100 kilos, heureusement enfermés dans leurs cages, qui nous font frémir par leurs aboiements ! Image

La vue est superbe sur la capitale et ses environs. Le parc, quant à lui, nous semble bien impénétrable, sauf aux randonneurs avertis.
Nous reprenons la route en direction d’un restaurant que nous avons repéré à la montée : un agneau entier tournait sur une broche sous un appentis au bord de la route. Salade, tomates, frites, fromage et donc de succulents morceaux d’agneau. Nous avons de la peine à finir les plats telement copieux. Le tout arrosé d’une bonne bière albanaise Korça. Pour finir, un plein compotier de délicieuses cerises à peine cueillies. L’addition est légère, légère …

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Il faut maintenant traverser Tirana pour prendre la route du nord. Charles adopte un comportement albanais sous la direction de son GPS et zigzague dans la banlieue sans presque hésiter. A ma grande surprise, nous rejoignons tout de même la 4 voies à la sortie de la ville.
Nous nous séparons à l’embranchement qui mène à Krujë que nous allons visiter tandis que Maïté et Charles roulent vers Shengjin où nous nous retrouverons.
Krujë est une petite ville accrochée à la falaise et dominée par son ancienne forteresse. Pour la première fois, nous devons payer le parking, à un tarif prohibitif ! Nous gagnons le bazar constitué d’une unique rue pavée bordée de jolies échoppes en bois qui ont fait l’objet d’une restauration soignée. L’ensemble est un peu artificiel d’autant que les boutiques de ce bazar sont destinées aux seuls touristes.

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La production d’articles artisanaux et touristiques est très limitée : drapeaux et tee-shirts frappés de l’aigle albanais, bonnets de laine au crochet, coiffes de feutre, reproduction de casemates à la fonction de cendrier, nappes brodées … L’intérêt du bazar réside dans les objets et costumes anciens que l’ont peut y rencontrer. Nous visitons plusieurs boutiques : les commerçants ne sont pas avares de commentaires et nous font gentiment découvrir leurs trésors. Nous nous amusons beaucoup chez un brocanteur qui vend un tas de choses en rapport avec l’ancien régime et nous finissons, après une longue négociation, par lui acheter une casquette militaire rehaussée d’une étoile rouge qui fera la joie d’un de nos amis que nous soupçonnons d’avoir autrefois fait partie des amitiés franco-albanaises.
Dans l’enceinte de la forteresse, nous visitons le musée ethnographique, installé dans une vieille et magnifique maison ottomane. Nous nous faisons une bonne idée sur le mode de vie d’une famille aisée (très) aux XVIII° et XIX° siècles. Au rez-de-chaussée ont étés regroupés les témoignages de la vie paysanne et artisanale de l’époque. A l’étage, le salon des hommes richement décoré rivalise avec celui des femmes, plus intime, tourné vers les activités du foyer.

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La cuisine, imposante occupe une position centrale et les murs blancs du hammam sont doucement éclairés par de délicates ouvertures dans la coupole. La visite, pour nous, se fait en espagnol et c’est très agréable pour moi, d’entendre Nicole et le jeune guide bavarder en castillan.
De Krujë, nous gagnons Shëngjin, petit port et station balnéaire aux immeubles colorés qui profite d’une longue plage de sable fin.

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Nous y retrouvons Charles et Maïté pour un dernier bivouac en bord de mer et une dernière baignade avant les alpes albanaises.

L’autoroute nous conduit à Skodër, grosse ville du nord de l’Albanie. Nous ne faisons qu’un arrêt rapide pour changer de l’argent dans une banque et nous nous dégageons sans trop de mal d’une circulation délicate. La quatre voies ne va pas au-delà de Skodër et nous roulons jusqu’à Koplik sur une route en construction, dans la poussière des camions. Nous empruntons inutilement un bout de piste puis retombons sur la route qui s’enfonce dans la vallée en direction du parc national de Teth. Passés les deux premiers villages, la route se heurte au majestueux cirque montagneux et devient une piste caillouteuse et sinueuse qui part à l’assaut d’un col à 1750m d’altitude.

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Les sommets, autour de nous culminent à 2600m, rochers impressionnants et inaccessibles. La forêt de hêtres recouvre les pentes aux deux tiers. Sur ce versant, les rivières sont totalement à sec. Les virages serrés se succèdent et se signalent plusieurs fois par de petits monuments funéraires : les conducteurs albanais payent un lourd tribu à un réseau de pistes dangereuses, nous le constaterons tout au long du voyage.
Nos pick-up grimpent vaillamment malgré le poids des cellules.
Passé le col, la piste devient encore plus étroite et franchement aérienne.

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Elle cherche longuement son chemin en altitude au dessus du précipice découvrant au loin, tout en bas, la vallée de Teth. Aucun d’entre nous ne livre sa sourde inquiétude : pourvu que personne n’arrive dans l’autre sens ! En fait, sur tout le parcours, nous ne croiserons aucun véhicule. Nous plongeons enfin vers la vallée, mais la descente est longue et nous roulons à très petite vitesse.
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Au fur et à mesure de notre progression, l’eau se fait plus abondante en de petits torrents qui dévalent les pentes.
Un magnifique chalet de bois en construction signale l’arrivée dans la vallée. Le trajet nous a pris environ trois heures. Nous sommes étonnés du nombre de maisons, regroupées en plusieurs hameaux, entourés de petites parcelles cultivées. Les palissades sont de bois courbés et entrelacés. Les tuiles de bardeaux argentées des bâtisses les plus anciennes jouent avec les derniers rayons du soleil. Les plus récentes sont couvertes d’un bac acier au rouge généreux.

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Plusieurs d’entre elles se signalent comme « guest-house » indiquant le nombre de lits disponibles, de douches et toilettes, ainsi que la possibilité de se restaurer. Nous franchissons un petit gué et nous éloignons des habitations à la recherche d’un bivouac tranquille, mais la vallée se resserre le long d’un torrent aux eaux turquoises furieuses. Nous sommes contraints au « kampig », vague emplacement sur le terrain d’une vague « guest-house » au-delà d’un très étroit pont de bois.

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Il nous en coutera 500 leks par équipage, mais la douche et les toilettes sont correctes, nous rassure la copilote allemande d’un Bremach qui occupe déjà les lieux. Des motards tchèques campent un peu plus loin. Comme bien souvent, c’est un gamin de douze ans qui nous accueille et nous sert d’interprète : son anglais scolaire n’excède pas le mien, scolaire aussi, mais plus ancien.
Nous découvrons les environs immédiats, dont un très joli moulin a eau en activité. Les nuages se sont peu à peu installés, la pluie n’est pas loin, l’air devient plus frais. Nous nous installons néanmoins à l’extérieur pour diner. La fatigue de la journée nous tombe dessus, et comme souvent, nous nous couchons de bonne heure. La pluie tambourine sur le toit de nos cellules, sans troubler nos rêves.

Je n’ai même pas entendu partir le bremach des allemands. Comme il nous l’on dit la veille, sans doute sont ils partis sur la piste sud qui mène elle aussi à Skodër, moins aérienne, mais beaucoup plus longue que celle que nous avons prise à l’aller.

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Avec Nicole, nous rejoignons Charles et Maïté qui ont été plus matinaux et découvrent déjà la vallée. Une école massive dresse sa façade lie-de-vin à quelques pas du lit élargi du torrent. Une violente crue en a, sans doute récemment, emporté les berges, roulant de gros cailloux aux portes des maisons, emportant le petit canal d’un deuxième moulin, recouvrant la piste. Mais déjà, les habitants ont replantés de jeunes arbres pour stabiliser la berge. Une auberge jouxte l’école, plus avenante que les « guest-house ».Une jeune femme rinçe son linge à la rivière et le met à sécher sur une haie. Elle nous salue gentiment pendant que sa fille s’amuse de Betty, la petite chienne qui plait tant aux albanais. Une vielle dame vêtue de noir, fichu blanc sur la tête, ne lève même pas le nez à notre passage, penchée sur son carré de pommes de terre. Nous déclinons l’invitation – intéressée sans doute- d’un jeune homme à visiter la maison – traditionnelle – de sa famille. La belle église au toit de bois se révèle très récente, sans doute bâtie sur l’emplacement d’un vieil édifice détruit sous le régime communiste.
Un peu à l’écart du village se dresse une tour fermée bien conservée : s’y réfugiaient autrefois les membres de la famille poursuivis par la « vendetta », vivant au deuxième étage après avoir retiré les échelles qui leur permettaient d’y accéder. A travers d’étroites meurtrières, ils pouvaient surveiller les alentours et tirer sur les éventuels assaillants.

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Le jeune propriétaire vit à coté de la tour, avec sa femme et ses trois filles. Il tient également commerce de limonade. Nous buvons un café épais et avons droit à un véritable récital de … feuille ! Nous avons tous, enfant, sifflé une note ou deux à l’aide d’une simple feuille de roseau prise entre nos deux pouces joints. Là, tenant une feuille ronde tendue horizontalement entre ses lèvres, ce sont de véritables morceaux de musique albanaise qui nous furent offerts avec le café.
Nous rencontrons sur le chemin du retour, un jeune et bel albanais qui nous salue dans un français parfait. Il se dit homme d’affaires, vit en France, voyage dans le monde entier et accompagne à Teth une ONG qui distribue des ruches aux agriculteurs, à la condition que ceux-ci, le temps venu, donnent à d’autres les nouveaux essaims. Il est très optimiste sur l’avenir de l’Albanie et fait sans doute partie de ceux qui bénéficient à plein du boom économique.
De retour au « kampig » nous expliquons au tenancier que nous souhaitons faire honneur à sa table et que nous aimerions manger des truites. Il n’en a pas, mais passe un coup de fil et nous indique qu’a 20mn de piste, près de la centrale électrique, un garçon nous attendra pour nous conduire au restaurant où l’on nous en servira ! OK, puisque c’est la piste, vers le sud, que nous comptons prendre. Nous réglons le « kampig » et nous levons le camp, direction, le resto.
Nous cahotons sur la piste défoncée qui longe le torrent, frôle une cascade et s’enfonce dans le canyon.

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Au détour d’un virage, sortant du bois, un groupe d’hommes – brigands albanais, mafieux internationaux, détrousseurs de bourses ou trousseurs de jolies touristes ? – huit hommes presque endimanchés, nous font signe de stopper et nous barrent la route !
Nous déduisons de leur gesticulation que le véhicule qui les transporte est arrêté après le virage, l’une des passagères, enceinte, a été prise d’un malaise. Elle s’en va manifestement vers l’hôpital de Skodër pour accoucher et une ambulance doit venir la chercher : à Teth ? au col ? plus loin ? Nous n’en saurons pas plus.
En attendant, il faut reculer pour se croiser quand ils pourront repartir. Je recule et trouve un emplacement qui devrait convenir, la roue au bord du ravin. Charles recule plus longuement, d’autant qu’au moment où il trouve lui aussi un emplacement, un second fourgon, à la descente celui-ci, le double et le force à reculer de nouveau pour se mettre à sa place : allez discuter avec un conducteur albanais ! Finalement, Charles se case à nouveau, très juste, grimpé en travers sur le talus. Quand enfin la parturiente a repris ses esprits, ça passe, très juste, mais ça passe. Nos truites auront attendu 30 minutes supplémentaires, et la faim nous tenaille.
Un garçon se tient au bord e la piste, près de la petite centrale électrique. Il n’est pas là pour nous attendre, mais nous indique le chemin du resto. Evidemment, nous nous égarons rapidemment et, mort de faim, décidons de pique-niquer sur place. Le garçon nous rejoint : oui, oui, c’est bien lui qui nous attendait ! Le restaurant n’est pas loin. En fait de restaurant, nous arrivons dans sa famille, probablement parente du propriétaire du « kampig ». Nous sommes attendus dans une jolie petite maison, modeste et bien tenue.

Image Nous passons à table dans une salle au mobilier très simple dans un décor kitch de tapisserie religieuse et de broderie patriotique, pour un excellent repas, bien que la truite ne soit pas très grosse.

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Toute une famille vit là dans ce hameau isolé. Les enfants sont en vacances et Christian mobilise tout son anglais pour s’occuper de nous. Pendant l’année scolaire, les plus grands sont pensionnaires à Skodër. Le potager et les quelques cultures doivent assurer une quasi autarcie avec quelques poules , une ou deux vaches et un petit troupeau de chèvres et de moutons. Les touristes de passage sont sans doute une aubaine, bien que l’addition soit encore une fois très raisonnable. Nous quittons Ndërlysë.
La piste occupe de nouveau toute notre attention et nous longeons un moment le torrent avant de nous élever dans un splendide paysage découvrant à chaque virage des versants boisés, une ferme isolée entourée de trois champs pentus, la gorge rétrécie de la rivière, une légère passerelle de bois, une chapelle entourée des importants bâtiments d’une congrégation religieuse, un moulin, des ruches colorées en bord de pistes, un village qui dispose de 75 mètres de route goudronnée, un petit gué …

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Aucune difficulté de franchissement, mais la piste est souvent cassante et met nos engins à rude épreuve. Nous ne rencontrons pas de difficulté de navigation.
L’après midi tire à sa fin et nous décidons de nous arrêter en contrebas d’un col alors que les nuages que nous avions laissés derrière nous s’agglutinent autour des sommets. Il pleuvra encore cette nuit. Un bel espace herbu accueille notre bivouac devant un ancien restaurant ( ?) abandonné qui semble promettre des sushis ! Image
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L’eau coule librement dans le bâtiment vidé de toutes ses installations et privé de ses robinets.
Faute de sushis, Maïté et Nicole nous préparent un diner bien mérité, pendant que Charles se fait un copain parmi les chevaux qui paissent tranquillement près de nous.
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Pour ceux qui veulent voir toutes les photos :https://picasaweb.google.com/athaneclau ... directlink
Ford Ranger super cab + cellule autoconstruite = Euskal-Go-bi, la cellule du Pays Basque.

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euro6
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Re: Albanie Juin 2011

Message par euro6 »

Bonsoir,

merci Claude pour ce récit qui nous ravit !
Dans une douzaine de jours nous devrions suivre vos traces dans ce parc de Theth si longtemps rêvé.

Vivement la suite !
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Ils n'auront pas notre haine.
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Manard
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Re: Albanie Juin 2011

Message par Manard »

Bonjour Claude,


J'avais zappé la suite... heureusement que de temps à autres je clique sur "Messages non lus", plutôt que "Nouveaux messages". L'arrière pays comme je dis, a l'air splendide et est pour l'instant à l'abri des implantations touristiques, il a conservé toute son authenticité :super: . Les coins repas ou restaurants sont sympas et copieux c'est un bon point pour les albanais.

On sent que Francis piaffe d'y être

Bonne soirée, ici nous attendons également la pluie pour cette nuit

Bernard
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pat39
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Re: Albanie Juin 2011

Message par pat39 »

Bonsoir .
merci j'ai hatte de suivre vos traces :hello:
Encore merci pour votre récit :super:
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claudius64
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Re: Albanie Juin 2011

Message par claudius64 »

Me revoila pour la quatrième partie.

10 Juin.
Au matin, alors que nous allons partir, le bruit d’un moteur de camion se fait entendre, au dessus de nous. Pour ne pas risquer un croisement difficile, nous attendons le passage du camion, que l’on entend, grinçant dans la descente. Après un quart d’heure, Charles s’impatiente et s’engage dans la montée. J’attends tranquillement, imaginant Charles obligé à reculer. Mais après un quart d’heure supplémentaire, le camion n’est toujours pas passé. Je me décide à prendre la piste ? Après quelques centaines de mètres, je trouve l’explication à la disparition du camion : un embranchement, une piste que le camion a suivie ! Après une bonne grimpette, j’arrive au col où nous attend Charles, goguenard.
Si la montée du col, d’ailleurs, est assez corsée, la descente, pour ce qu’on en aperçoit de là haut, n’a pas l’air mal non plus. Le bord de la piste est parfois effondré, et Charles, devant, roule prudemment. Mais nous croisons un camion, à la montée, donc ça passe. Je m’arrête un instant pour vérifier la fixation de mon échelle qui fait du bruit sur cette piste cabossée.Image

Dans la vallée, et sur les premiers coteaux, là encore, des maisons isolés, de petits hameaux à des heures de mauvaise piste de la première ville. Mais l’électricité arrive jusque dans la plus simple des granges, témoin de l’ancien régime communiste qui avait quelques qualités. Au bord du chemin, un petit groupe attend le fourgon Mercedes : où vont-ils, d’où viennent-ils ? Nous venons de passer le village de Kir, signalé sur la carte, sans même le voir, sinon deux ou trois granges disséminées. Nous croisons le fourgon, un peu plus loin, dont le chauffeur dépose quelques paquets au départ d’un petit sentier : nous apercevons une maison perchée dans la montagne.

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A peine croisé ce véhicule bondé, nous rencontrons la plaque commémorative de l’accident d’un de ses semblables qui précipita une dizaine de passagers dans le ravin profond.
La piste entre maintenant dans une longue gorge. Nous y pénétrons sous le regard d’acier d’un aigle qui plane au dessus de nous. Mon échelle cliquète encore, pourtant, elle est bien fixée, mais je préfère le vérifier encore, me souvenant en avoir perdu une en pays Dogon l’année dernière.
Une passerelle franchit le torrent au pied d’une piste – un sentier ? – qui dessert un village coupé du monde.
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Nous continuons en direction de Prëkal.
Le bruit de l’échelle se fait plus net. Nouvel arrêt. En fait d’échelle, c’est une demi-lame de renfort de suspension qui vient de se transformer en deux quarts de lame et qui bat la cadence pendue à son étrier qui s’est déplacé. Charles nous attend sur une petite plateforme bienvenue dont l’herbe tendre facilite le démontage de l’objet du délit et de sa jumelle devenue inutile.

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Voilà qui ne nous permettra pas de faire des pointes de vitesse sur les pistes cassantes qui nous attendent. Pour être honnête, je reconnais que je n’ai pas vraiment senti la différence pendant la suite du voyage ! Sur mon GPS, je marque un waypoint « Requiem demi-lame » pour que tout un chacun, voyageant dans ces contrées, puisse avoir une pensée émue à l’égard de ses glorieux prédécesseurs.
Nous profitons de l’incident pour déjeuner.
La piste descend vers la rivière, la gorge s’élargit peu à peu, de très jolies maisons aux toits de bardeaux accrochent leurs tonnelles ombragées au dessus de l’eau, et tout autour les petits potagers découpent leurs carrés à rayures sur les premières pentes. Des canaux de ciment conduisent la promenade d’une eau limpide vers le moulin ou les parcelles de maïs.
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Bientôt la piste est coupée au niveau d’un village – Prëkal ? – par de gros engins de chantier et les camions qui font la navette et déversent près de l’eau les tonnes de rocher que les pelleteuses arrachent à la montagne. Le propriétaire du café où nous buvons un coup s’en félicite : la plateforme ainsi créée permettra l’extension de son établissement et la route en construction déversera devant chez lui des clients assoiffés et affamés.

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Nous repartons après une demi-heure.
Pour l’instant, on n’en est qu’à l’élargissement de la piste. Plus loin, une fois la rivière traversée nous sommes de nouveau stoppés : les ouvriers s’affèrent à monter les coffrages de bois que les toupies remplissent de dizaines de tonnes de béton. Nous attendons encore un moment. Les maisons anciennes font peu à peu la place aux habitations neuves aux couleurs acidulées. Nous passons Drisht. Le pont antique de Mes, à deux pas de Skodër, annonce le retour à l’urbanisation. Nous faisons quelques courses dans un « market ».

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Charles et Maïté vont nous précéder sur la route du lac de Koman pendant que nous faisons un saut à Skodër.
Nous entrons dans la ville beaucoup plus facilement que trois jours plus tôt : la sieste se prolonge par ces chaleurs. Nous nous garons facilement et visitons le centre de la ville, assez agréable, mélange de beaux bâtiments anciens bien entretenus, d’immeubles modernes aux couleurs pétardes, et de maison basses et décrépites plus ou moins abandonnées. De grandes avenues sillonnent et aèrent la ville. Le muezzin appelle à la prière du haut du minaret de la grande et récente mosquée qui se partage le ciel de la ville avec le clocher de la cathédrale catholique et les dômes de l’église orthodoxe.

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Un distributeur automatique nous délivre gentiment quelques billets albanais, une fonctionnaire qui regarde la télé derrière un guichet désert de la poste centrale nous fait longuement attendre son collègue, habilité à nous vendre une demie douzaine de timbres timbres, un épicier totalise à la main le montant de nos achats avant de vérifier sur sa calculette la justesse de son calcul … Il est temps de reprendre la route.
Très vite après Qyrsaç nous atteignons la rive d’un premier lac de barrage au bord duquel Charles et Maïté nous ont attendus. Les montagnes se reflètent dans les eaux sombres de la fin de journée et de légères écharpes de brume s’accrochent à la rive.
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La route en lacets, souvent encombrée de gros rochers emportés par les pluies des dernières nuits, nous semble longue après ces dures journées de piste. Au bout du lac, nous arrivons a Koman, petite bourgade au pied d’un haut barrage qui retient les eaux du lac auquel elle a donné son nom. Nous traversons le village et la rivière pour emprunter, malgré l’heure, le tunnel qui nous conduit au bord du lac, prêt à embarquer demain matin sur le ferry qui nous conduira à Fierzé.
Un restaurant heureusement situé nous permet de manger qui des biftecks (côtes de porc), qui d’excellents poissons du lac, sous l’œil éteint d’un ours empaillé. Pendant que nous nous restaurons, des ruches bleues sont déchargées d’un camion et embarquées avec précaution sur une barque qui les emportera vers un village, quelque part sur les rives du lac.

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Nous bivouaquons sur l’embarcadère, au sommet du barrage, entourés de hautes montagnes et des silhouettes fantomatiques d’anciens belvédères de béton que la lune détoure en sinistres ombres chinoises.

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Au réveil, l’activité bat son plein. Taxis et fourgons déversent les voyageurs qui vont embarquer sur le ferry, et attendent à vide ceux qui vont en débarquer. Une grande barque à moteur accoste chargée d’un troupeau de chèvres, d’une vache et de trois veaux. Les animaux sont transférés sans ménagement dans deux barques plus petites où ils attendront d’être vendus.
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Les voitures et les camions se massent en désordre sur le quai trop petit. Bientôt, un premier bateau dépose ses passagers qui s’entassent immédiatement dans les minibus ou les taxis qui se fraient un passage à coup de klaxons et s’engouffrent dans le tunnel. La scène se répète à l’arrivée du vieux ferry. Nous embarquons pour 3500 leks (25 euros) par équipage et gagnons le pont supérieur d’où nous pourrons au mieux profiter de la croisière.

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Une moitié des passagers est constituée d’albanais, l’autre de touristes italiens, allemands, français à bord de voitures de locations.
Un albanais au français parfait et sans accent, ancien agent commercial en Algérie, professeur à la retraite engage la conversation. A l’opposé de certains albanais qui nous ont fait comprendre leur rancœur à l’endroit de l’ancien régime communiste, cet intellectuel, sans regretter franchement le passé, en souligne les avantages : logement gratuit, enseignement et santé pour tous, emploi garanti, absence de stress … bien sûr, pas de liberté de parole, activités religieuses prohibées, parti unique. Mais aujourd’hui, à quoi sert la liberté retrouvée si la vie est plus difficile qu’autrefois, si 15% de la population est au chômage (chiffre officiel !) si l’argent sert à construire plus de mosquées et d’églises que d’écoles et d’hôpitaux ?
Dès le dernier camion embarqué, lourdement chargé de ciment et de fer à béton, le ferry appareille lentement et s’avance sur le lac de barrage. Le drapeau albanais frappé de l’aigle à deux têtes flotte à la proue du navire qui s’enfonce dans la vallée inondée. Les plissements de la roche disparaissent en atteignant les eaux vertes et les deux hautes rives se rapprochent jusqu’à former une étroite gorge fendue par endroit de ravins adjacents où dégringolent d’abondantes cascades.

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Plus loin, une rivière sombre déverse des eaux boueuses et grises qui se mélangent difficilement à celles du lac. Quelques fermes, de loin en loin, disposent de petits embarcadères qui sont leurs seuls liens avec le reste du monde. Ni route, ni piste ne les desservent. La pente est telle que les cultures n’occupent que de rares et petites terrasses. Des enfants nous font bonjour de la main : le ferry est sans doute la seule distraction de la journée.
Après deux heures et demie de navigation, le voyage s’achève sur une berge de terre seulement équipée de deux bittes d’amarrage. La passerelle de métal s’appuie sur de simples rondins de bois, disposés à la demande. A quelques mètres, un deuxième ferry attend patiemment les démolisseurs.
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Nous débarquons à la queue leu-leu sur une piste poussiéreuse jusqu’à Fierzë aux abords de laquelle s’éparpille la colonne de véhicules.
Nous déjeunons sur un terre-plein près de la rivière, aux pieds des grandes carrières qui ont fourni les matériaux pour la construction du barrage de Fierzë dont le lac s’étend jusqu’à Kukës. Après quoi, nous traversons Bajram Curri et nous engageons sur la piste de la vallée de Valbonë, large piste promise à un goudron prochain. La rivière Valbonës roule en contrebas les eaux turquoise de la fonte des hauts glaciers et dévaste par endroit les travaux de consolidation de la route, se moquant des ouvrages de béton qu’elle emporte. Le fond de la vallée est un immense cirque entouré de sommets de 2600 m. Les hêtres et les pins occupent les pentes jusqu’au rocher vertical qui s’en dégage.
De nombreuses auberges attendent sous les arbres les albanais en villégiature. Aujourd’hui, un mariage se prépare et les voitures arrivent nombreuses. Nous traversons le village et dépassons le dernier établissement. Il n’y a plus vraiment de piste et nous roulons sur les gros galets du lit élargi du torrent. Nous renonçons après quelques centaines de mètres et continuons à pied.

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Nous progressons longtemps dans les cailloux jusqu’au confluent d’une vallée secondaire. Une piste s’élève dans un petit bois et conduit vers un hameau de maisons traditionnelles aux tuiles de bois. De petits potagers soignés signalent les fermes occupées. Nous ne sommes qu'à quelques kilomètres à vol d'oiseau du parc de Teth. Un sentier difficile permet d'y arriver en quatre heures de marche.Nous dérangeons un paysan qui cherche à ramener un taurillon amoureux, puis nous faisons barrage à l’animal et le remettons, très provisoirement dans le bon chemin. Mais la bête repart vers sa belle et l’homme préfère nous accompagner, Charles et moi, un moment. Les dames repartent vers les cellules préparer la pâte des crêpes que Nicole nous promet depuis plusieurs jours. Le village existe depuis deux cent ans.
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Il n’y demeure que cinq familles : l’émigration vers la Grèce, l’Allemagne, a fait des ravages depuis la chute du régime communiste. L’après-midi touche à sa fin et nous déclinons l’invitation à boire le raki.
Revenus sur nos pas, nous trouvons un emplacement de rêve dans ce paysage fabuleux pour un bivouac gastronomique autour des fameuses crêpes.
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dakure
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Re: Albanie Juin 2011

Message par dakure »

slt, très beau reportage, merci!!
Ford Ranger simple cabine, K-Hutte 2.70 toit relevable complet.

Les pneus ça me gonfle, comptez 3 barres environ![/size]
Mon téléphone ne charge plus, sans doute un problème d'alternateur...
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euro6
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Re: Albanie Juin 2011

Message par euro6 »

Bonjour,

lecture passionnante, Claude !

Cette fois, nous sommes enfin libéré pour quelques petites semaines et larguons les amarres ce matin pour rejoindre nous aussi ces contrées envoûtantes.

A bientôt.
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Manard
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Re: Albanie Juin 2011

Message par Manard »

Bonjour Claude,


Merci pour la suite de ce récit passionnant et fourni de détails intéressants pour les futurs partants. Je souhaite d'ailleurs un très bon voyage à Francis qui à cette heure a déjà du prendre la route.

A plus pour le prochain épisode que nous attendons comme la suite d'un conte pour des enfants

Bon week-end

Bernard
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