Ce petit coin de paradis se trouve au sud de Barcelone, là où l'Ebre, un des grands fleuves espagnols, se jette dans la Méditerranée. A cet endroit, l'important apport d'alluvions venant d'Aragon et de Catalogne a formé une des plus intéressante curiosité géologique d'Europe. En perpétuelle formation, le delta change de forme au cours du temps mais beaucoup moins depuis que l'Ebre est régulé par d'immenses barrages formant de magnifiques retenues comme celle d'Ainsa. C'est alors la mer qui reprend petit à petit ses droits en grignotant le rivage... Voici un aperçu de l'évolution avec deux photos prises lors de mes précédents voyages :

Sur la première (hé oui, j'étais tout jeune, et on ne fait pas de commentaire désobligeant !) on voit en surimpression l'état actuel de la cote.
Donc, nous avions prévu un petit programme de trois jours sur place, avec pour commencer une petite rando dans la montagne surplombant le delta, histoire de se mettre en jambes. Arrivés en fin de journée au point de départ de la rando que j'avais repéré sur Google Earth, un petit parking isolé et bien tranquille, parfait pour passer la nuit avant d'attaquer la montée à la fraîche. Grave erreur !
En effet la "Foradada", notre but de ballade, est particulièrement prisée des randonneurs catalans. Et quand un club de joyeux promeneurs se donne rendez-vous pour l'escalader de nuit, ça transforme vite le petit bivouac tranquille en parking de supermarché !

L'Espagnol est en règle générale assez... disons... volubile ! Lorsqu'ils sont deux et qu'ils se parlent, même à un mètre de distance, on peut suivre la conversation d'assez loin, sans problème. Ce soir-là, ils étaient une cinquantaine... Au demeurant fort gentils et même assez intéressés, pour quelques-uns, par la drôle de boite sur la voiture, ils ont quand même créé une belle animation y compris au retour de leur promenade, vers minuit !
Bon... On est en vacances, on est donc très zen...




Départ, du coup, pas trop à la fraîche car il a bien fallu dormir un peu quand même... Après une jolie montée assez escarpée sur la fin (mais comment ils ont fait, de nuit ?


Vous n'aurez droit qu'à cette photo, les autres ayant été censurées pour cause de Miss en maillot de bain (il faisait déjà très chaud !)

Le paysage vaut tout de même l'effort de la montée, même si le ciel n'était pas au grand bleu :

Tout en bas, le village de Sant Carles de la Rapità, d'où part la petite route menant au fameux parking "tranquille".
Le lendemain on attaque la côte, par le GR 92. Le départ se fera depuis le camping d'Ampolla del Mar. Pourquoi le camping, alors qu'on a l'habitude d'être autonomes ? Tout simplement parce que l'autonomie nécessite une pompe à eau qui fonctionne et que la notre a eu l'excellente idée de se mettre en panne ! Comme je n'avais pas envie de faire de la mécanique pendant une journée, on s'est "embourgeoisés" pour les deux jours restants.
Petit aparté concernant l'Ampolla et son camping. Nous avons été surpris car nous nous attendions, à cette époque de l'année, à bien galérer pour trouver de la place. Étonnamment, très peu de touristes dans ce coin et un camping à peine rempli à moitié par des habitués... Camping très agréable, au bord de la plage, accueil en français très sympa. Il y a d'ailleurs très peu de monde en général, on est loin des plages bondées de la Costa Brava au nord de Barcelone qui drainent la grande majorité des touristes en short et tongues. Et je vais vous dire : c'est muy bien !
Le GR 92, donc... Alors là mes enfants, si vous voulez de la belle balade facile avec des paysages de chez paysages, c'est là ! Le sentier longe la cote, montant sur des belvédères pour mieux redescendre dans de magnifiques petites criques. Que du bonheur ! Petit florilège :

Le port de l'Ampolla, départ de la randonnée.


Une des nombreuses petites criques, la plupart complètement désertes !

Plages et petites falaises...

Certains passages sont un peu escarpés, mais le sentier reste parfaitement "familial" tout le long.

Il descend à plusieurs reprises au ras de l'eau, et on peut y admirer l'effet de l'érosion maritime...

... parfois assez spectaculaire !

Entre sable et rochers.

Et bien sûr une mer d'un joli bleu virant parfois au turquoise.
Bref, une virée vraiment sympa, à faire absolument. Ce GR est bien balisé, impossible de se perdre, et sans aucune difficulté. Nous n'en avons fait qu'une toute petite partie au nord de l'Ampolla, car pour sa totalité il part de Port-Bou en France et descend jusqu'à Ulldecona, au sud du delta. Petit bémol cependant : dans certains endroits inaccessibles au nettoyage, on trouve énormément d'ordures rejetées par les vagues. La Méditerranée est vraiment une poubelle pour certains !
Dernier jour, autre programme : visite du delta en voiture (comme des touristes en short et tongues !), en suivant un trajet préparé sur Google Earth. Impression d'ensemble : c'est plat :

On roule au milieu des rizières, culture principale et unique du delta. On y croise d'ailleurs de drôles d'engins apparemment adaptés à ce genre d'endroit :

Le paysage est donc, comme dit au début, très ressemblant à la Camargue, y compris au niveau de certains habitants :

Et c'est bien sûr un vrai paradis pour les ornithologues. Une incroyable variété d'oiseaux, protégés par de nombreuses zones règlementées :

Et enfin, cerise sur le gâteau, l'incroyable "Platja del Trabucador", une langue de sable de plusieurs kilomètres entre mer et lagune, superbe terrain de jeux pour 4x4 en préparation de raid africain ! Il n'y a pas de dune, mais du sable suffisamment mou pour se planter allègrement !


La piste est très roulante, et on peut en sortir sans problème (à condition de ne pas aller trop près du rivage où le sable est vraiment très très mou !).
La preuve ( La prochaine fois, promis, je nettoie le pare-brise !) :
Ce fut dur de rentrer et de retrouver... la pluie !
Bien entendu, les traces, routes et waypoints sont à votre disposition sur simple demande !
Patrice