Maroc octobre 2013
Posté : mar. 5 nov. 2013 23:24
Bonjour à tous,
Alors voilà, cette année, je fêtais mon 20ème Maroc en 39 ans. Était-ce la fois de trop ? En tous cas, après désistements de partenaires divers, et une vaine recherche de dernière minute pour trouver d’autres voitures intéressées par les pistes du grand sud, j’ai dû partir tout seul, un peu déconfit de devoir repasser dans des zones connues. Les pistes du sud du Draa me semblaient en effet un peu risquées à pratiquer seul, d’où changement de programme un peu forcé…
Je me suis donc efforcé de trouver des coins que je ne connaissais pas, et heureusement, le Maroc, c’est grand… Il y a à voir.
Arrivée par Ceuta, comme d’habitude. Du neuf : maintenant les formalités se font sans sortir de voiture. Ce n’est donc plus la même foire d’empoigne qu’auparavant. En cinq minutes, c’est réglé. Quand j’entends dire que par Tanger Med, il faut souvent plusieurs heures…
Ensuite, plongée vers les forêts de cèdres au sud d’Ifrane/Azrou où j’aime faire un stop over d’une bonne journée/deux nuits, histoire de se reposer. Deux fois, lors de ces bivouacs très isolés, nous avons eu la visite de bandes de singes. Assez farouches, ils restaient à minimum 20 mètres, avec un ou deux mâles pour monter la garde de notre côté. Manifestement, ces singes n’étaient pas des singes à touristes comme ceux du cèdre Couraud… Intéressant à suivre à la jumelle, dans les sommets des cèdres.
De là plongée vers Midelt et montée vers le cirque de Jaffar., que je ne connaissais pas encore. Bof !... Quant à la fameuse piste en dévers, maintenant qu’elle a été rectifiée au grader, elle ne présente plus aucune difficulté. Je suppose que tout l’intérêt de ce coin est la remontée à pied du canyon (aucune trace de voiture, lors de notre passage). Je n’ai malheureusement pas voulu m’arrêter, compte tenu de l’arrivée d’une bande de gosses un peu trop désagréables. De là, montée vers Tounfite, superbe. Partiellement, nouvelle piste-autoroute venant de Boumia. Ensuite route goudronnée, absolument ravagée par l’oued, surtout du côté d’Anemzi-Anefgou. Il reste parfois à peine 2 mètres de route au bord d’une falaise de plusieurs mètres, à pic sur l’oued. Encore un orage ou deux, et il n’y aura plus de route. Manard pourra bientôt refaire une carte des anciennes routes redevenues pistes. (Ceci dit, et sans rire, la carte des pistes/routes mises à jour par Manard, est bien utile. Finalement, j’aurai fait pratiquement tout mon voyage en suivant ces traces sur mon PC. Au point que je suis tout doucement en train de virer OZI. Moi qui n’ai jamais travaillé qu’avec Mapsource…Je reste néanmoins fidèle à Marocco-topo routable, complété de OSM, surtout pour les villes)
Sur cette route vers Imilchil, nous avons croisé 3 HZJ78 allemands, et quelques motards suédois. C’est tout.
Comme nous étions à l’Aït El Kebir, congé partout, et chose que je n’avais pas encore vue au Maroc, nous avons dû slalomer entre des centaines de jeunes, garçons et filles (superbement maquillées et bien habillées), parfois la main dans la main, en train de se promener et même de flirter gentiment le long des routes entre les villages. Surprenant ! Nous avons alors appris que c’est la mode chez les berbères de l’Atlas, lors des grandes fêtes. L’équivalent des bals de village de notre jeunesse. C’est là que se font les rencontres.
Après une nuit au lac de Tisli, (l’auberge est en pleine deliquescence, hélas) descente vers Amellago, puis les gorges du Rheris. Ensuite nuitée « chez Pauline » à Tadighoust. Toujours sympa et super tranquille, dans la palmeraie.
De là, nous descendons découvrir deux excellentes surprises. Tout d’abord, le site du Ksar el Khorbat à Tinejdad (2km sortie vers Tinerhir, piste à gauche sur 500 m, bonne signalisation). Ce ksar a été entièrement restauré. Une bonne vingtaine de familles y vivent encore. Le tout est impressionnant et d’une propreté remarquable. Le site comporte aussi un musée des oasis, un des plus beaux que nous ayons jamais vu. Pas de guide, tout est illustré ou expliqué dans toutes les langues. A la sortie, un restaurant marocain de très bon niveau et une superbe, vraiment superbe, maison d’hôte intégrée au Ksar, avec piscine et tout le confort. Le tout est l’œuvre d’un catalan dont j’ai oublié le nom. Une réussite ! A voir.
Bien qu’ « on » (des français résidents au Maroc) nous ait déconseillé d’aller visiter ce site, compte tenu du prix prohibitif réclamé pour la visite (200 dh/personne ! Sic), nous avons quand même poussé jusqu’à la Cité d’Orion, la Spirale, et l’Escalier Céleste. Pas loin de Jorf, sur la route d’Erfoud. Le gardien, très embarrassé, nous a montré les directives officielles de l’architecte allemand à l’origine de ces constructions. Le tarif renseigné était bien exact, mais comme on peut aussi voir la Tour Eiffel depuis le sol sans monter au dernier étage, nous avons donc fait le tour du site (quelques kms, quand même) pour admirer ces œuvres et sentir l’ambiance qui s’en dégage. Le brave gardien plutôt sympa, nous a rattrapé avec sa mobylette et nous a finalement laissé voir le plus intéressant. Nous aurons raté la visite de l’intérieur de l’Escalier Céleste, en fait la résidence de l’architecte allemand lorsqu’il est de passage. Le même jour, nous lisions un livre de Roberto Saviono dans lequel il est dit que lorsque la culture devient hors de prix, contrairement au coût des Kalachs, c’est la fin de la démocratie… Il faudrait que notre allemand médite cela… Ceci dit, moi, j’aime ce genre d’art « gratuit » au milieu de nulle part. Il y a matière à débat. Une deuxième excellente surprise donc, pour ce même jour.
Retour au classique, avec une plongée vers l’erg Chebbi, de plus en plus fréquenté. Un rallye se terminait, d’où la présence de nombreuses voitures de compétition. Marrant de voir à quelle allure des HDJ ou des Def (entr’autres) sérieusement bricolés, peuvent se payer de la tôle ondulée. En toute discrétion, bien sûr. Un petit air de Paris-Dakar belle époque…
Tour de l’erg Chebbi pour trouver une vague solitude sur cette piste sableuse à souhait qui vous fait consommer 25 l/100kms et vous interdit de vous arrêter n’importe où. Comme chaque fois, avant de me décider à dégonfler, je m’offre un bon plantage jusqu’au châssis.
Bivouacs dans les dunes, puis liaison est-ouest par diverses, anciennes et nouvelles pistes (Fezzou, El Fecht, puis Zagora). Sans s’arrêter, continuation vers Foum Zguid, Tata, et arrêt au superbe camping chez Philippe au Borj Biramane, à l’entrée de Icht, où nous passerons deux nuits. Accueil hyper sympa. Je pensais n’avoir jamais vu aussi propre au Maroc, mais quelques jours plus tard, nous trouvions encore plus tip top, mais moins chaleureux, près d’Essaouira (voir plus loin). Cette étape chez Philippe nous avait été recommandée à Tazzarine par deux italiens de rencontre et de retour d’un grand trip en Mauritanie (sans ennuis), équipés de 2 HZJ78 : je n’avais donc pu éviter une solide bavette avec des gens aussi intéressants que bien équipés…
J’avais, sur le forum Casa trotter, vu des posts et photos sur Amtoudi. Cela m’était resté en tête et nous avons donc voulu voir. Et cela valait la peine ! D’abord montée à l’agadir, restauré nickel, et vraiment spectaculaire. Ensuite déjeuner très correct à l’auberge « Ondiraitlesud », difficile à taper correctement sur mon clavier. Enfin, remontée de l’oued à pied, jusqu’aux gueltas et petites cascades à 1 ou 2 heures de marche, au bout de la palmeraie. Ambiance paradis terrestre (du moins, je suppose…) et souvenir de lectures de Frison Roche. Puis retour au Borj Biramane.
De là, nous remontons par Igmir, Izerbi, Tafraoute, et Agadir, piste et route que nous connaissons par cœur. Logement au Paradis Nomade, un grand classique. Puis début de la remontée vers le nord. A l’entrée d’Agadir, je réussis à tamponner une voiture (en ruine) qui me dépassait. La voiture part en toupie, s’arrête 20 m plus loin et en sortent 6 jeunes marocains. (Beaucoup plus sympas que dans les faubourgs de Bruxelles, heureusement pour moi…) Ouf, pas de blessés ! J’ai alors appris une chose au Maroc : en cas d’accident, il y a deux possibilités. Première possibilité : on appelle la police qui fait un constat, et vous confisque d’office votre permis de conduire en attendant le jugement du tribunal. Il parait que cela va vite (2 ou 3 jours), mais vous êtes bloqués tout ce temps. Ensuite les assurances s’arrangent. Deuxième possibilité : on se met d’accord sur un dédommagement immédiat, et c’est tout. Il y a pas photo. Cela m’a donc coûté 100 € pour une aile griffée sur toute sa longueur (et l’économie d’un malus), soit l’équivalent du prix de la voiture adverse en Europe, mais on n’est pas en Europe… Ancien « africain », je n’ai pas trop cherché à justifier mes droits : généralement, c’est le blanc qui a tort. En l’occurrence, c’était d’ailleurs un peu vrai.
Plus d’émotions que de mal, donc. Ensuite, remontée vers Essaouira où nous essuyons un bon orage après avoir connu un temps superbe tout le long du voyage, avec des 36 à 38°C fin octobre. Bon, Essaouira, on connait, mais cela reste sympa et photogénique. Nous logeons dans un nouveau camping, désert, mais absolument génial, à 15 km d’Essaouira, sur la route express vers Marrakech. Cela s’appelle Esprit Nature. Jamais vu un tel équipement. Sanitaires luxueux. Tri des déchets. Eau chaude, électricité partout, et qui marche. Une propreté redoutable, une tranquillité remarquable (mais nous étions quasi seuls). A retenir. Surtout si on ne recherche pas forcément de restaurant.
Je ne m’étendrai pas sur Essaouira et Marrakech. Je trouve d’ailleurs cette dernière ville de plus en plus pénible. Les ânes du souk ont été remplacés par des vélomoteurs chinois, les touristes français ou américains ont été remplacés par des touristes russes ou asiatiques. L’artisanat se fabrique en série. Les ryads restaurés ont déjà été revendus deux fois. Bref, ce n’est plus la même chose, forcément, que lors de notre première visite en 1974, avec une coccinelle que j’avais amenée à Tafraout, par la piste. Nostalgie…
Au retour, nouvelle halte à Chefchaouen, que nous trouvons absolument réjouissante. Cette ville baigne dans le bleu, et est tout à fait charmante. Nous ne résistons jamais à l’envie d’y faire un tas de photos. Le camping est bien sûr épouvantable de saleté et de décrépitude, ce qui gêne peu les voyageurs comme nous, autosuffisants. Par contre, il est idéalement situé. Une fois garé le camion, nous descendons toujours à pied par le cimetière à flanc de coteau. On se retrouve de suite dans l’ancienne médina. Superbe. Les gens y sont bien plus sympas qu’à Marrakech. Les gosses et commerçants n’y sont pas collants. Le prix de l’artisanat y est aussi moitié moindre. On y parle essentiellement espagnol, mais l’anglais ou le français sont souvent compris. Le souk est resté un souk authentique pour la population locale, et non pour touriste. Il fait bon flemmarder dans cette ville, terminer par un bon petit dîner, puis remonter en « petit taxi » pour 15 dhs, avant de piquer un dernier roupillon puis de reprendre le bateau le lendemain. Je ne comprends pas pourquoi tant de voyageurs zappent cette ville, une des plus belles du Maroc…
Ce pays reste fabuleux, et il y reste à voir, même pour les blasés.
Le Ksar El Khorbat, la Cité d’Orion, Amtoudi, auront été les somptueuses découvertes de cette année en plus des grands classiques que sont le Haut Atlas, l’erg Chebbi, la vallée du Draa, le Moyen Atlas, Essaouira, et le reste. Quant aux autres villes, bof !...
Voilà, en quelques mots, mon CR de cette année. Et pour ceux qui aiment les images et qui m’ont fait l’honneur de me lire jusque là, voici quelques photos https://picasaweb.google.com/lfalfa7/Maroc201303"
Encore un grand merci à ce co-listier dont j’ai oublié le nom et qui m’a donné l’envie de visiter Amtoudi, et un grand merci à Manard pour sa carte bien pratique des pistes/routes du Maroc.
Luc
Alors voilà, cette année, je fêtais mon 20ème Maroc en 39 ans. Était-ce la fois de trop ? En tous cas, après désistements de partenaires divers, et une vaine recherche de dernière minute pour trouver d’autres voitures intéressées par les pistes du grand sud, j’ai dû partir tout seul, un peu déconfit de devoir repasser dans des zones connues. Les pistes du sud du Draa me semblaient en effet un peu risquées à pratiquer seul, d’où changement de programme un peu forcé…
Je me suis donc efforcé de trouver des coins que je ne connaissais pas, et heureusement, le Maroc, c’est grand… Il y a à voir.
Arrivée par Ceuta, comme d’habitude. Du neuf : maintenant les formalités se font sans sortir de voiture. Ce n’est donc plus la même foire d’empoigne qu’auparavant. En cinq minutes, c’est réglé. Quand j’entends dire que par Tanger Med, il faut souvent plusieurs heures…
Ensuite, plongée vers les forêts de cèdres au sud d’Ifrane/Azrou où j’aime faire un stop over d’une bonne journée/deux nuits, histoire de se reposer. Deux fois, lors de ces bivouacs très isolés, nous avons eu la visite de bandes de singes. Assez farouches, ils restaient à minimum 20 mètres, avec un ou deux mâles pour monter la garde de notre côté. Manifestement, ces singes n’étaient pas des singes à touristes comme ceux du cèdre Couraud… Intéressant à suivre à la jumelle, dans les sommets des cèdres.
De là plongée vers Midelt et montée vers le cirque de Jaffar., que je ne connaissais pas encore. Bof !... Quant à la fameuse piste en dévers, maintenant qu’elle a été rectifiée au grader, elle ne présente plus aucune difficulté. Je suppose que tout l’intérêt de ce coin est la remontée à pied du canyon (aucune trace de voiture, lors de notre passage). Je n’ai malheureusement pas voulu m’arrêter, compte tenu de l’arrivée d’une bande de gosses un peu trop désagréables. De là, montée vers Tounfite, superbe. Partiellement, nouvelle piste-autoroute venant de Boumia. Ensuite route goudronnée, absolument ravagée par l’oued, surtout du côté d’Anemzi-Anefgou. Il reste parfois à peine 2 mètres de route au bord d’une falaise de plusieurs mètres, à pic sur l’oued. Encore un orage ou deux, et il n’y aura plus de route. Manard pourra bientôt refaire une carte des anciennes routes redevenues pistes. (Ceci dit, et sans rire, la carte des pistes/routes mises à jour par Manard, est bien utile. Finalement, j’aurai fait pratiquement tout mon voyage en suivant ces traces sur mon PC. Au point que je suis tout doucement en train de virer OZI. Moi qui n’ai jamais travaillé qu’avec Mapsource…Je reste néanmoins fidèle à Marocco-topo routable, complété de OSM, surtout pour les villes)
Sur cette route vers Imilchil, nous avons croisé 3 HZJ78 allemands, et quelques motards suédois. C’est tout.
Comme nous étions à l’Aït El Kebir, congé partout, et chose que je n’avais pas encore vue au Maroc, nous avons dû slalomer entre des centaines de jeunes, garçons et filles (superbement maquillées et bien habillées), parfois la main dans la main, en train de se promener et même de flirter gentiment le long des routes entre les villages. Surprenant ! Nous avons alors appris que c’est la mode chez les berbères de l’Atlas, lors des grandes fêtes. L’équivalent des bals de village de notre jeunesse. C’est là que se font les rencontres.
Après une nuit au lac de Tisli, (l’auberge est en pleine deliquescence, hélas) descente vers Amellago, puis les gorges du Rheris. Ensuite nuitée « chez Pauline » à Tadighoust. Toujours sympa et super tranquille, dans la palmeraie.
De là, nous descendons découvrir deux excellentes surprises. Tout d’abord, le site du Ksar el Khorbat à Tinejdad (2km sortie vers Tinerhir, piste à gauche sur 500 m, bonne signalisation). Ce ksar a été entièrement restauré. Une bonne vingtaine de familles y vivent encore. Le tout est impressionnant et d’une propreté remarquable. Le site comporte aussi un musée des oasis, un des plus beaux que nous ayons jamais vu. Pas de guide, tout est illustré ou expliqué dans toutes les langues. A la sortie, un restaurant marocain de très bon niveau et une superbe, vraiment superbe, maison d’hôte intégrée au Ksar, avec piscine et tout le confort. Le tout est l’œuvre d’un catalan dont j’ai oublié le nom. Une réussite ! A voir.
Bien qu’ « on » (des français résidents au Maroc) nous ait déconseillé d’aller visiter ce site, compte tenu du prix prohibitif réclamé pour la visite (200 dh/personne ! Sic), nous avons quand même poussé jusqu’à la Cité d’Orion, la Spirale, et l’Escalier Céleste. Pas loin de Jorf, sur la route d’Erfoud. Le gardien, très embarrassé, nous a montré les directives officielles de l’architecte allemand à l’origine de ces constructions. Le tarif renseigné était bien exact, mais comme on peut aussi voir la Tour Eiffel depuis le sol sans monter au dernier étage, nous avons donc fait le tour du site (quelques kms, quand même) pour admirer ces œuvres et sentir l’ambiance qui s’en dégage. Le brave gardien plutôt sympa, nous a rattrapé avec sa mobylette et nous a finalement laissé voir le plus intéressant. Nous aurons raté la visite de l’intérieur de l’Escalier Céleste, en fait la résidence de l’architecte allemand lorsqu’il est de passage. Le même jour, nous lisions un livre de Roberto Saviono dans lequel il est dit que lorsque la culture devient hors de prix, contrairement au coût des Kalachs, c’est la fin de la démocratie… Il faudrait que notre allemand médite cela… Ceci dit, moi, j’aime ce genre d’art « gratuit » au milieu de nulle part. Il y a matière à débat. Une deuxième excellente surprise donc, pour ce même jour.
Retour au classique, avec une plongée vers l’erg Chebbi, de plus en plus fréquenté. Un rallye se terminait, d’où la présence de nombreuses voitures de compétition. Marrant de voir à quelle allure des HDJ ou des Def (entr’autres) sérieusement bricolés, peuvent se payer de la tôle ondulée. En toute discrétion, bien sûr. Un petit air de Paris-Dakar belle époque…
Tour de l’erg Chebbi pour trouver une vague solitude sur cette piste sableuse à souhait qui vous fait consommer 25 l/100kms et vous interdit de vous arrêter n’importe où. Comme chaque fois, avant de me décider à dégonfler, je m’offre un bon plantage jusqu’au châssis.
Bivouacs dans les dunes, puis liaison est-ouest par diverses, anciennes et nouvelles pistes (Fezzou, El Fecht, puis Zagora). Sans s’arrêter, continuation vers Foum Zguid, Tata, et arrêt au superbe camping chez Philippe au Borj Biramane, à l’entrée de Icht, où nous passerons deux nuits. Accueil hyper sympa. Je pensais n’avoir jamais vu aussi propre au Maroc, mais quelques jours plus tard, nous trouvions encore plus tip top, mais moins chaleureux, près d’Essaouira (voir plus loin). Cette étape chez Philippe nous avait été recommandée à Tazzarine par deux italiens de rencontre et de retour d’un grand trip en Mauritanie (sans ennuis), équipés de 2 HZJ78 : je n’avais donc pu éviter une solide bavette avec des gens aussi intéressants que bien équipés…
J’avais, sur le forum Casa trotter, vu des posts et photos sur Amtoudi. Cela m’était resté en tête et nous avons donc voulu voir. Et cela valait la peine ! D’abord montée à l’agadir, restauré nickel, et vraiment spectaculaire. Ensuite déjeuner très correct à l’auberge « Ondiraitlesud », difficile à taper correctement sur mon clavier. Enfin, remontée de l’oued à pied, jusqu’aux gueltas et petites cascades à 1 ou 2 heures de marche, au bout de la palmeraie. Ambiance paradis terrestre (du moins, je suppose…) et souvenir de lectures de Frison Roche. Puis retour au Borj Biramane.
De là, nous remontons par Igmir, Izerbi, Tafraoute, et Agadir, piste et route que nous connaissons par cœur. Logement au Paradis Nomade, un grand classique. Puis début de la remontée vers le nord. A l’entrée d’Agadir, je réussis à tamponner une voiture (en ruine) qui me dépassait. La voiture part en toupie, s’arrête 20 m plus loin et en sortent 6 jeunes marocains. (Beaucoup plus sympas que dans les faubourgs de Bruxelles, heureusement pour moi…) Ouf, pas de blessés ! J’ai alors appris une chose au Maroc : en cas d’accident, il y a deux possibilités. Première possibilité : on appelle la police qui fait un constat, et vous confisque d’office votre permis de conduire en attendant le jugement du tribunal. Il parait que cela va vite (2 ou 3 jours), mais vous êtes bloqués tout ce temps. Ensuite les assurances s’arrangent. Deuxième possibilité : on se met d’accord sur un dédommagement immédiat, et c’est tout. Il y a pas photo. Cela m’a donc coûté 100 € pour une aile griffée sur toute sa longueur (et l’économie d’un malus), soit l’équivalent du prix de la voiture adverse en Europe, mais on n’est pas en Europe… Ancien « africain », je n’ai pas trop cherché à justifier mes droits : généralement, c’est le blanc qui a tort. En l’occurrence, c’était d’ailleurs un peu vrai.
Plus d’émotions que de mal, donc. Ensuite, remontée vers Essaouira où nous essuyons un bon orage après avoir connu un temps superbe tout le long du voyage, avec des 36 à 38°C fin octobre. Bon, Essaouira, on connait, mais cela reste sympa et photogénique. Nous logeons dans un nouveau camping, désert, mais absolument génial, à 15 km d’Essaouira, sur la route express vers Marrakech. Cela s’appelle Esprit Nature. Jamais vu un tel équipement. Sanitaires luxueux. Tri des déchets. Eau chaude, électricité partout, et qui marche. Une propreté redoutable, une tranquillité remarquable (mais nous étions quasi seuls). A retenir. Surtout si on ne recherche pas forcément de restaurant.
Je ne m’étendrai pas sur Essaouira et Marrakech. Je trouve d’ailleurs cette dernière ville de plus en plus pénible. Les ânes du souk ont été remplacés par des vélomoteurs chinois, les touristes français ou américains ont été remplacés par des touristes russes ou asiatiques. L’artisanat se fabrique en série. Les ryads restaurés ont déjà été revendus deux fois. Bref, ce n’est plus la même chose, forcément, que lors de notre première visite en 1974, avec une coccinelle que j’avais amenée à Tafraout, par la piste. Nostalgie…
Au retour, nouvelle halte à Chefchaouen, que nous trouvons absolument réjouissante. Cette ville baigne dans le bleu, et est tout à fait charmante. Nous ne résistons jamais à l’envie d’y faire un tas de photos. Le camping est bien sûr épouvantable de saleté et de décrépitude, ce qui gêne peu les voyageurs comme nous, autosuffisants. Par contre, il est idéalement situé. Une fois garé le camion, nous descendons toujours à pied par le cimetière à flanc de coteau. On se retrouve de suite dans l’ancienne médina. Superbe. Les gens y sont bien plus sympas qu’à Marrakech. Les gosses et commerçants n’y sont pas collants. Le prix de l’artisanat y est aussi moitié moindre. On y parle essentiellement espagnol, mais l’anglais ou le français sont souvent compris. Le souk est resté un souk authentique pour la population locale, et non pour touriste. Il fait bon flemmarder dans cette ville, terminer par un bon petit dîner, puis remonter en « petit taxi » pour 15 dhs, avant de piquer un dernier roupillon puis de reprendre le bateau le lendemain. Je ne comprends pas pourquoi tant de voyageurs zappent cette ville, une des plus belles du Maroc…
Ce pays reste fabuleux, et il y reste à voir, même pour les blasés.
Le Ksar El Khorbat, la Cité d’Orion, Amtoudi, auront été les somptueuses découvertes de cette année en plus des grands classiques que sont le Haut Atlas, l’erg Chebbi, la vallée du Draa, le Moyen Atlas, Essaouira, et le reste. Quant aux autres villes, bof !...
Voilà, en quelques mots, mon CR de cette année. Et pour ceux qui aiment les images et qui m’ont fait l’honneur de me lire jusque là, voici quelques photos https://picasaweb.google.com/lfalfa7/Maroc201303"
Encore un grand merci à ce co-listier dont j’ai oublié le nom et qui m’a donné l’envie de visiter Amtoudi, et un grand merci à Manard pour sa carte bien pratique des pistes/routes du Maroc.
Luc