Petite visite chez Ali en début de matinée pour un contrôle après deux jours de piste. Tout le monde s'affère sur un pick-up hollandais que j'avais vu passer quelques jours auparavant, surmonté d'une grosse cellule: chassis tordu. Deux fers plats sur et sous les longerons vont les tenir en ligne.


Pour moi, tout va bien, à l'exception d'un enfoncement de la protection du carter qui va être redressée. Une petite soudure sur un support de plaque de désensableable et nous pouvons prendre la route, direction Mahmid. Damien nous avait fait découvrir l'an dernier le ksar ensablé de Bou Nou : nous y emmenons Max et Azi. Le sable continue de s'accumuler dans les ruelles du village et rend la visiste délicate. Seule la mosquée est préservée et régulièrement entretenue.
Après le pique-nique devant les murs de terre, nous gagnons Mahmid pour un thé à la terrasse d'un café: les commerçants du cru et guides en tout genre, enturbanés de bleu, sirotent leur thé à la table voisine: personne ne s'intéresse à nous, ce qui fait parfaitement notre affaire.
Vers quinze heures, nous sortons du village par une piste d'abord caillouteuse avant d'entrer dans les profondes ornières de sable creusées par les 4x4 des agences, nombreux dans cette partie: nous en croisons plusieurs, bourrés de touristes, sur le chemin du retour. Nous avons dû dégonfler pour nous faufiler entre les dunettes et les tamaris, et le rythme est rapide pour ne pas rester sur place.
Nous commettons l'erreur de ne pas nous arréter assez tôt dans un paysage accueillant et nous nous retrouvons à rouler des kilomètres dans un désert de cailloux sans repères au large du jbel sur notre droite pour enfin piquer vers un acacia et y établir notre bivouac.
La nuit est tombée depuis longtemps: au loin, les phares des 4x4 se succèdent vers Mahmid, au retour de Foum Zguid.

Au matin, nous piquons tout droit sur le cordon de dunes que nous apercevons à l'horizon. Nous nous en approchons, impatients de quitter la caillasse. Nous tournons un moment, près d'un campement avant de nous engager sur un semblant de piste, succession de dunettes et de sol dur très caillouteux, désagréable à souhait. Demi tour et nous entrons franchement dans les dunes en suivant de vagues traces qui se perdent les unes après les autres. Nous jouons à saute moutons pendant une demie heure cherchant le passage et ça devient un peu chaud : Nicole décrète qu'elle n'ira pas plus loin et descend de la voiture. Inutile d'insister. Derrière les dunes se dresse un haut mamelon de sable durci et de cailloux. Nous nous y donnons rendez vous. Max continue par les dunes. Je reviens en arrière et cherche un contournement pour retrouver la piste classique qui nous amène au point de rendez-vous. De ce point élevé, nous regardons passer un gros unimog qui nous salue en klaxonnant. A la descente, impressionnante, les dames préfèrent un peu de marche à pied !


La suite est plus facile sauf encore près d'un campement au pied de grandes dunes qu'il nous faut éviter, en circulant au jugé dans les creux avant de parvenir sur une large sebkha que nous traversons en ligne droite, évitant un détour inutile de la piste principale.

Nous la retrouvons à l'endroit où elle entre dans un vaste territoire de dunettes aux flancs desquelles poussent de grandes euphorbes: la piste est de nouveau une ornière de sable profond qui nécessite un régime soutenu. C'est très agréable sur des kilomètres. Nous ne pouvons nous empêcher de folâtrer de droite et de gauche jusqu'à ce que, forcément, je me plante. Merci, Max, je te revaudrai ça.

Un toyota marocain nous arrête: ce sont des employés d'une organisation qui vienent installer le campement du lendemain pour les participants d'un raid espagnol. Ils ont des coordonnées GPS incomplètes : nous ne leur sommes d'aucune utilité.
Nous sortons du sable à l'entrée du lac Iriki. Nous regonflons pendant que Nicole et Azi préparent le déjeuner. Pendant le repas, nous voyons au loin le toyota, rejoint par deux camions chargés de matériel, silloner vainement les pistes en tout sens.


Nous lachons les chevaux sur le fond parfaitement lisse du grand lac asséché: nous roulons parallèlement. Max, à 90 km/h est a son maximum. Emporté par l'enthousiasme, j'ai laissé au sud, à la sortie du lac, la piste que je comptais prendre, une variante à la piste peu sympa d'un Paris-Dakar.
Sur des kilomètres nous roulons au cap pour entrer dans une superbe vallée parsemée d'épineux.

Nous passons au large d'un poste militaire sur un piton rocheux. Un grand accacia au sol, nous permet de faire provision de bois pour les grillades du soir. Un col nous fait passer dans un univers de roches noires et brillantes que nous traversons pour déboucher sur un plateau surveillé d'une crète par un autre poste. Nous espérons passer sans contrôle, mais un fonctionaire sort d'une pauvre maison près du petit chateau d'eau. Juché sur le réservoir, il contacte son supérieur par radio avant de nous obliger à redescendre dans la vallée pour reprendre la piste principale. Nous faisons quelques kilomètres dans la direction imposée pour nous arrêter près d'un oued bordé d'épineux.

La soirée sera bien agréable auprès du feu qui lance ses étincelles vers le ciel étoilé.
