Raid Maure, un périple très vivant

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ivecogitation
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Raid Maure, un périple très vivant

Message par ivecogitation »

Bonjour à tous,

Cette fois-ci c'est la bonne, les planètes sont alignées : frontières ouvertes dans le sens entrée-sortie, mesures covid plus d'actualité, on y va !

Marseille-15 octobre
Des camionnettes bien chargées, des 4x4 de toutes sortes et des visages connus, pas d'erreur, on embarque bien pour le Maroc, avec mention spéciale pour la météo.

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Amarres larguées !!!

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Arrivée Tanger-17 octobre : on peut difficilement faire plus calme au niveau traversée et la compagnie "la Méridionale" offre services et cabines plusieurs crans au-dessus que GNV, avec un personnel très sympathique et à l'écoute, c'est bien agréable.

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Asilah
Arrêt à Assilah où nous avons nos habitudes : Pierre a retrouvé sa copine qui vend les gâteaux au miel. Avec 1,5kg de stock, on doit pouvoir tenir jusqu'à la frontière 😃. Et puis on a notre petit bouiboui préféré où on mange du poisson grillé pour 3 Francs 6 sous, sous le regard désabusé d'un public à moustaches.

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Entre Rabat et Casa-18 octobre
Ce matin la mer a annoncé bruyamment son retour à grands coups de vagues plaquées sur le sable. L'appel du muezzin à rempli tout l'espace de la cellule pendant que les coqs, vexés de s'être fait voler la primeur s'égosillaient en canon. Pour ne pas être en reste, le train de marchandises qui passait par là s'est époumoné en cadence. Tout ce remue ménage a dû intimider le soleil qui ne nous a gratifié que d'un disque pâlichon au moment du départ 😔. L'autoroute traverse des champs où la culture des avocats prend une place de plus en plus prépondérante. On a longé un champ de cigognes fraîchement débarquées. Elles reprennent leurs quartiers d'hiver dans les immenses nids posés sur les pylônes électriques. Si on écoute bien, on les entend claquer du bec en bulgare 😉. Arrêt buffet entre Rabat et Casa. Les enseignes mondialisées ont remplacé désavantageusement les traditionnelles cafétérias à tajine et à côtelettes grillées. On mange une salade niçoise 🙄🙄 chez Paul avant de reprendre la route. Arrêt prévu ce soir au camping de Marrakech.

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Casablanca
La ville apparaît fantomatique au travers des fumées qui l'enveloppent et l'asphyxient, fumées lisses et blanches des usines, rideaux gris des ordures qui se consument, panaches noirs et compacts des pneus en flamme. Quelques moutons couleur de cendre broutent un champ de sacs plastiques. La gorge qui pique, les yeux qui grattent, Casa n'a plus rien de blanca. On passe sous un nuage en train de s'égoutter, bougainvilliers multicolores comme cache-misère aux bidonvilles, adolescentes en rang sur un pont comme des oiselles en cage.

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Pas beaucoup de verdure dans les champs, seulement des cailloux. Ont-ils été semés pour faire pousser des villages ? Quelques plans de "raquettes" (nopal), figuiers de Barbarie commencent à être cultivés, sans doute de nouvelles variétés, les anciennes étant décimées depuis plusieurs années par une cochenille ravageuse.

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Direction Guelmin - 19 octobre
Au sortir du camping direction Agadir, on longe la palmeraie qui souffre de plus en plus de calvitie même si quelques implants tentent de prendre racine ici ou là. A cette heure matinale, la circulation est dense, on se faufile dans un meli mélo de voitures récentes aux conducteurs et conductrices l'oreille collée au portable, de mobylettes chevauchées aussi bien par des ouvriers pressés que par des femmes voilées de la tête au pied, casque en équilibre au dessus d'un amoncellement de tissus, ou encore par des familles entières, fillette et son cartable en sandwich entre papa et maman. Installés sous leurs parasols à l'arrière de leurs petites voitures hayons levés, les baristas s'affairent sur leurs percolateurs rutilants à servir expresso et latte machiato. Plus loin, plusieurs cocottes minutes de belle taille mijotent sur des brasero pour une chorba réconfortante, casse croûte du matin servi sur des tables de fortune. On récupère l'autoroute pour Agadir entre des parcelles d'oliviers dont certains ont bien mauvaise mine. Après la plaine vide et aride, on attaque les reliefs. Mais qui donc a appris à la nature à marier aussi bien le rouge et le vert ?

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Il fait chaud, les places à l'ombre sont chères...

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Tiznit, toujours une épreuve. Une montée raide, pas très large et aux lacets serrés où les camions en surcharge montent à 10 km/h en penchant dangereusement dans les dévers. Dépassements rock'n roll... mais les arganiers sont bien verts contrairement aux années précédentes.

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Notre premier vrai bivouac, enfin, quelque part entre Bouizakarne et Guelmin.

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Jonction établie - 20 octobre

Ce matin le soleil est blanc quand nous quittons le bivouac, cap sur Guelmin. Ravitaillement en produits frais sur le marché et provision d'épices chez l'herboriste, le camion sent le cumin, le curcuma et la cannelle. On se remet en route dans un paysage monochrome, immensités vides, maigres touffes de végétation sur un sol pelé. Après Tan Tan, le ciel trempe dans la mer, la brume se mêle aux embruns et aux fumées d'usine, on avance comme dans de la ouate. On mange sur un coin de table une assiette de sardines grillées tout juste sorties de l'océan et dont le goût iodé titille les papilles. Juste le temps d'avaler un café et on retrouve Iveco2. Nous serons désormais 2 véhicules.

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Entre Tarfaya et Laâyoune le soleil écarte les nuages et jette un œil sur le paysage. Le regard se pose avec plaisir sur les courbes de quelques dunes avant que les pales des champs d'éoliennes ne cisaillent l'horizon. Puis le côté olfactif prend le dessus : usines de transformation de poissons, terminal de chargement du phosphate, la mer comme confisquée par l'activité humaine. Le bivouac se fait attendre, relief inhospitalier et impraticable pour nos engins aux pneus trop gonflés. Une piste s'ouvre enfin en direction d'une dune que nous n'atteindrons pas histoire de ne pas tenter le diable, histoire de ne pas tenter le sable... dont le marchand vient de passer, bonne nuit...

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On trace la route - 21 octobre

Ambiance sépia ce matin au réveil, le soleil est une grosse orange. Puis la balance des blancs s'équilibre et un filtre couleur rend à la mer son dégradé de bleu et au sable son blush terracotta.

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Tout le long de la côte des guitounes où les militaires s'ennuient ferme à compter les moutons sur la mer, braves petits soldats sous un soleil de plomb, ou l'inverse et des pêcheurs, petits points à la ligne dans des villages de tôles et de toiles surveillés de près par des escadrilles de goélands en vol stationnaire.

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On a avalé d'une traite Boujdour et Dakhla, posés en plein vent 250km avant la frontière pour un dernier bivouac marocain !

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Demain, la frontière, bonne soirée à tous,

Annick
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syncronono
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par syncronono »

Quel plaisir de lire ton reportage.
On s'y retrouve avec délectation.
Fausse note pour la salade Nicoise. Plutôt crever de faim au Maroc plutôt que de s'arrêter chez Paul ou Mac do.
La suite !
:clown: a tout hasard.
……………………………………………………
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ivecogitation
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par ivecogitation »

Je ne peux pas donner tort à Syncronono...

La frontière - 22 octobre
Après notre bivouac en plein courant d'air, nous reprenons la route, tellement rectiligne qu'on a l'impression de faire du sur place.
Puis c'est Barbas et les 80 derniers kilomètres. Arrivés à la frontière, Iveco2 s'aperçoit qu'il a une grosse fuite sous le camion, il pisse littéralement le gas oil ! On passe quand même les 2 frontières pour s'arrêter au 1er rond-point le long du chemin de fer, sur le bas côté, dans le sable et la poussière et un vent infernal. Une durite qui alimente la pompe haute pression de gas oil est percée. Après 1 bonne heure passée sous le camion et sous le capot, la durite est manchonnée. Malheureusement impossible de démarrer le camion 😪. Au bout d'une heure trente de vaines tentatives pour purger l'air dans le circuit, on prend la décision de remorquer le camion jusqu'à Nouadibhou à la recherche d'un mécanicien. 44 kilomètres à petite vitesse. Un Hilux avec cellule Azalaï immatriculé en Suisse nous dépasse, nous pensons retrouver l'équipage au camping de la baie des Lévriers où nous passerons la nuit car il est déjà tard. Mécanicien trouvé à l'entrée de la ville par l'entremise d'un des facilitateurs de la frontière. Pour ceux que ça intéresse, il faut démonter les 4 arrivées au niveau des injecteurs pour purger le circuit. Pierre et Iveco2 n'en avaient démonté qu'un. Ouf ! Tout le monde est rassuré. Il est presque 19h, on se met en quête du camping où Cyril a atterri hier avec sa 2cv, il est déjà parti et arrivé à Nouakchott. Pas de Suisses au camping, nous y sommes seuls. Nous repartirons donc demain matin pour rallier Atar par la piste du chemin de fer.

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Et le train qui va devenir le fil rouge de ces premiers jours...

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1er jour de piste - 23 octobre
Au matin, le vent est tombé, le ciel est lavé, débarrassé de sa couche d'embruns mêlés de poussière qui donnait hier soir cette impression surréaliste à notre arrivée. La ville s'est mise en mode dimanche. En allant vers Boulanoir, les éoliennes au ralenti nous font une haie d'honneur, encore quelques kilomètres et cette fois-ci c'est parti, on prend la piste après le rituel incontournable du dégonflage des pneus.

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Le désert est vert !!! On roule dans l'herbe c'est très surprenant. Au pique-nique de midi, Iveco2 s'aperçoit que le gas oil fuit de nouveau sous le camion. Il resserre les colliers et tout rentre dans l'ordre.

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Quelques kilomètres plus loin, le véhicule est en panne. La durite de secours a carrément explosé sous la pression. Après 1h30 à baigner dans le gas-oil en se roulant dans le sable, une nouvelle durite est mise en place, manchonnée pour éviter qu'elle n'éclate à nouveau. On repart.

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Un train passe, les sauterelles sifflent et stridulent...

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Nous roulons depuis 1h à peine lorsqu'Iveco2 s'arrête à nouveau, en panne : la durite s'est débranchée. Rien de bien méchant, les colliers sont resserrés, les collecteurs d'injecteurs sont purgés, le capot est refermé, on va pouvoir repartir, sauf que le véhicule refuse obstinément de démarrer. Nouvelle purge, rien n'y fait. Après 1h30 d'efforts totalement vains, on tente sans grande conviction de le remorquer pour le faire démarrer en prise, et là le miracle se produit : il démarre enfin.

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Un autre train passe...

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2ème jour de piste - 24 octobre
Quelques heures plus tard sans nouvel incident, on pose le bivouac pas très loin de la voie ferrée histoire de profiter encore un peu du train de la mine : d'abord un grondement sourd qu'on perçoit plus qu'on ne l'entend un quart d'heure avant de le voir arriver. Puis c'est le puissant projecteur à l'avant de la première loco qui troue littéralement la nuit accompagné du fracas assourdissant de la centaine de wagons chargés à bloc de minerai de fer. Au matin on ne résiste pas à la tentation d'aller faire un tour sur la voie, Pierre joue aux indiens en collant son oreille contre le rail. Soit ça ne marche qu'avec les indiens d'Amérique, soit il devient sourd car il n'a rien entendu 🙉

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Après une pause pique-nique où on mange autant de sable que de salade, on met le cap sur le Ben Amira. On traverse les installations abandonnées des ouvriers du chemin de fer, squelettes rouillés mangés par le vent et le sable. Soudain, la pédale d'embrayage ne remonte plus... à notre tour d'être immobilisés au milieu de la piste avec impossibilité de débrayer. Séance démontage couché sous le camion, le cylindre récepteur d'embrayage est HS. Seule solution, démarrer en prise et tenter de passer les vitesses avec doigté au bon régime moteur, une solution qui ne fonctionne qu'en courtes et seulement jusqu'à la 4ème et qui nous permet de pousser des pointes à 22 km/h. Nous roulerons 5h sans changer de vitesse et sans nous arrêter en négociant au mieux toute la variété du relief de la piste, sable mou, voire très très mou, dunes, tôle ondulée, etc... le tout sous une température particulièrement clémente, Iveco2 nous ravitaillant en eau façon tour de France 😁


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On laisse le Ben Amira sur notre gauche, ce sera pour une autre fois, on se console en ayant le temps de l'admirer sous toutes les coutures à 20 km/h de moyenne. Pierre accélère avec le pied gauche pour reposer son pied droit et je songe à faire breveter ma découpe de bouteille qui me permet de faire pipi sans descendre du camion et sans mettre une goutte à côté. En vue de Choum et ayant enfin derrière nous les zones sablonneuses délicates, nous laissons doucement le camion s'arrêter en roue libre sur un sol ferme qui nous permettra de repartir sans problème demain matin et rejoindre le goudron vers Atar. Après cette rude journée, nous nous réjouissons à l'avance à l'idée de nous poser autour de la table sous les étoiles. A peine celle-ci installée et le couvert dressé, nous sommes cernés par les éclairs des orages qui se déchaînent sur les reliefs autour de nous. La température passant brutalement de 50 à 30° provoque des phénomènes de thermiques d'une rare violence qui nous obligent à nous replier à l'intérieur du camion toutes ouvertures fermées. Nous passons plus d'une heure secoués comme dans une essoreuse dans la cellule transformée en étuve. Puis le vent retombe aussi soudainement qu'il s'est levé. C'est l'heure du passage du train de la mine, tout est calme braves gens vous pouvez dormir. Demain sera un nouveau jour.

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Le temps est menaçant sur les reliefs, on aperçoit même un arc-en-ciel.

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Thierry33
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par Thierry33 »

Quel plaisir de te lire.
Le problème, c'est que ta prose captivante nous distrait des photos pourtant jolies tant on passe au plus vite d'un texte à l'autre.
LA SUITE, LA SUITE.
Retraité heureux en Cellule SKpade sur porteur Ford Ranger
Croquez la vie à pleines dents
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Présentation:viewtopic.php?p=193189#p193189[/url]
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VuesduMonde
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par VuesduMonde »

Superbe reportage, on a hâte de lire la suite et de voir les photos !
Hilux extra cab 2.8 légende boite auto vert Bornéo
En commande : cellule Trip & fish
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LumaRodeur
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par LumaRodeur »

Bonjour,

:bravo: Annick.

Superbe ton CR.
Pour moi, il n'y a pas de problème de " distraction " . le rythme me convient, c'est la bonne dose. :ange:
Mais on est pas là pour mettre une note sauf de musique éventuellement. :siffle:
Les photos aussi belles soient-elles, demandent souvent des commentaires que l'on retrouve facilement dans tes textes d'accompagnement. :super:

:hello:
Bruno
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ivecogitation
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par ivecogitation »

Bonjour à tous et merci pour vos commentaires ou appréciations qui me touchent énormément.

Atar jour 1 - 25 octobre
L'accalmie ne fut que de courte durée et nous avons subi une tempête infernale qui a duré jusqu'à 1 heure du matin. Au réveil, tout est calme sous un ciel un peu plombé. Nous repartons, démarrage en prise en 1ère courte puis 4ème courte enclenchée pour les 4 heures de trajet qui doivent nous mener à Atar. Le paysage est absolument incroyable, comme dupliqué dans les étangs et les lacs formés par les dernières pluies. Il y a de l'herbe et dans l'air on perçoit des notes aromatiques à la place des notes minérales habituelles.

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Nous visons Bab Sahara qui est plus simple à atteindre et nous couperons par Azougui pour éviter d'avoir à nous arrêter au contrôle à l'entrée d'Atar. Là aussi nous sommes surpris par la végétation inhabituelle.

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4h plus tard, nous franchissons le portail de Bab Sahara à Atar. La fuite est identifiée sur la durite du système d'embrayage : cette dernière s'est usée par frottement sur le capot... sensée la protéger !!! Il est bien évident qu'on ne trouvera pas cette pièce à Atar. On va donc la commander en France et voir par quel moyen on peut la faire parvenir jusqu'ici sachant qu'il faut passer la douane à Nouakchott. Pour l'instant on est posé au calme pour réfléchir. A l'auberge, Justus n'est pas là, il n'y a que Seïdou et Mohamed qui assure la gérance. Pas d'autres véhicules à part nous.

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Bab Sahara jour 2 - 26 octobre

La vie s'organise à l'auberge où nous avons initié plusieurs ateliers de travaux manuels pour occuper le temps. Atelier mécanique pour les garçons, j'envisage de rebaptiser le voyage " la Mauritanie sous le camion". Atelier cuisine pour moi, il ne manquera pas d'esprits chagrins pour souligner le côté stéréotypé de la répartition des tâches, mais, allez savoir pourquoi, on ne veut pas me confier l'atelier mécanique :snif: . De bonnes nouvelles malgré tout, Iveco Gap avait les pièces en stock et ma fille à été au top pour la gestion logistique :super: . Tout devrait partir par DHL demain et on a un contact à Nouakchott pour récupérer le colis, le dédouaner et nous l'envoyer par taxi bus. Au camping tout va bien. Il y a un générateur en ville qui fait plus de bruit que le train de la mine. On a passé la nuit à jouer au tennis avec la raquette anti moustiques, le chien du voisin a hurlé à la mort de la tombée de la nuit au lever du jour, dès que les coqs se sont mis à chanter réveillés par les 10 muezzins de la ville qui démarrent en léger décalé. On prend la douche avec les sauterelles, on va aux toilettes avec les sauterelles, on rentre en collision avec les sauterelles qui ignorent apparemment ce qu'est un plan de vol. Après 12 tentatives, Pierre et Iveco2 sont de plus en plus rapides pour monter et démonter le système de l'embrayage, ils songent sérieusement à passer l'examen pour rentrer à l'atelier chez Iveco. Malheureusement impossible de manchonner cette durite, trop de pression.

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Bab Sahara jour 3 - 27 octobre

Une nouvelle journée commence sous le camion, Pierre ne remontant DANS le camion que pour dormir. Ce matin l'atelier mécanique prend des allures de cabinet d'orthodontiste... avec ou sans collier, avec fil de fer ou sans, impossible de colmater cette fuite dans la durite. Un petit tour à la ville pour faire un peu de ravitaillement et nous faisons appel à un mécano local susceptible de nous monter un système de Toyota en remplacement. Bien évidemment il faut passer par un entremetteur qui ne connaît rien à la mécanique mais qui nous assure que tout va être réparé car nous sommes ses amis. Je pense qu'il s'appelle Sidi Ahmed Superglue car il ne nous lâche pas 🙄. Pierre regarde si les pièces Toyota peuvent s'adapter à l'Iveco moyennant quelques modifs. Si c'est le cas, nous serons dépannés en attendant l'arrivée de la pièce prévue le 3 novembre à Nouakchott. En attendant, je fais un gâteau/poêle aux pommes caramélisées et à la cannelle, ça maintient le moral des troupes.

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Bab Sahara jour 4 - 28 octobre

Un nouveau jour se lève sur Bab Sahara avec son cortège d'appels à la prière, de braiements et d'aboiements. Cette nuit nous avons disputé une finale en double de Roland Garros, 2h d'un match enragé contre les moustiques🎾 que nous avons fini par remporter 🏆, moyennant tout de même une centaine de piqûres chacun contre une cinquantaine de moustiques HS. Hier soir 2 Land Rover nous ont rejoints au camping, abritant 4 abrutis de première, 3 mâles et une femelle. Aucune communication possible, bien que français eux aussi nous ne parlons pas vraiment la même langue 😝. Je commence à me demander ce qui est si intéressant sous le camion pour que Pierre passe sa journée allongé dessous 🤔. Ce matin le mécano ne viendra pas, trop de travail. Mais il a fourni le récepteur et l'émetteur Toyota qui vont pouvoir être adaptés à notre camion. Sidi Ahmed Superglue nous alimente en pièces détachées parfois en y laissant quelques plumes, comme hier soir où il a déclenché une bagarre générale suite à une réflexion déplacée au marchand de pièces détachées qui, à court de vocabulaire, a répliqué en lui flanquant une méchante mandale. Pierre est prudemment resté à l'écart de cette rixe digne d'Asterix, récupérant au passage les portables qui volaient hors de la mêlée. A midi chachouka et œufs au bacon. Hier, j'ai amadoué Seïdou avec une part de gâteau aux pommes, ce soir on aura du poulet frites 🤪, Seïdou fait les meilleures frites de toute la Mauritanie !!! Ma passion de la littérature a enfin été reconnue à sa juste valeur lorsque la couverture en carton d'un de mes livres de poche a servi à faire le gabarit de la pièce Toyota. La suite au prochain numéro, le temps de mettre les photos au bon format.

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zebulon54
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par zebulon54 »

Bonjour

Ça c'est du live ou je ne m'y connais pas :clown:
Bravo à tous : les mécanos, la cuisinière, les acteurs extérieurs au sang chaud, la rédactrice et photographe :bravo:
Une belle tranche de vie sous le soleil mauritanien
Et j'ai découvert l'outil qui tue littéro mécano fun :super:
landroudeur64
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par landroudeur64 »

Super compte-rendu, photos, récit, ambiance, humour, tout est là ! :super:

et quant aux sauterelles ... on est plutôt sur du criquet ! :P

Vivement la suite !
ex Defender 130 300tdi et cellules Clémenson Explo44 puis landroudeuse auto-construite
ex Defender 110 SW td4 ex Jeep Wrangler Unlimited 2.8 CRD ex Land Rover Freelander 2 maintenant sur VW T6 California 4motion DSG7 198cv
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Jacomo32
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par Jacomo32 »

ivecogitation a écrit : ven. 25 nov. 2022 17:17 Image
Je ne sais pas vous, mais moi l'art abstrait m'a toujours laissé songeur et plein d'interrogations 0sur10

Bravo Annick pour tes talents de plume.
La libertat qu'ei lo camin,
Adishatz a tots
Jacomo :occitan:
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ivecogitation
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par ivecogitation »

Ah, criquets, pas sauterelles, je note ;) Mais ça saute tout le temps et très loin ! Nous avons d'ailleurs croisé des véhicules équipés pour la lutte anti acridiens.

Enfin la piste - 29 octobre

Après 1 journée de mécanique non stop, la réparation de l'embrayage à l'aide de pièces Toyota est terminée -nous avons maintenant un Ivetoy ou un Toyoveco-, nous pouvons enfin quitter le camping !!! Quelques courses au marché et direction la Vallée Blanche. Nous embarquons avec nous Andrea, Enrico, 2 Suisses, et leur Hilux muni d'une cellule Azalaï rencontrés au camping. Tiens tiens, ça ne vous rappelle rien ??? Nous mettrons plusieurs jours avant de réaliser que ce sont eux qui nous ont doublés sur la route vers Nouadibhou. Eux aussi en recherche de mécano car ils avaient cassé une lame du Toyota. Donc direction la vallée Blanche pour aller tournicoter un peu. Le ciel est d'un blanc laiteux, beaucoup de vent, beaucoup de poussières en suspension mais l'enthousiasme est au top 😃. Et puis ça fait du bien de photographier autre chose que des mecs sous un camion et des plats cuisinés... On en prend plein les yeux, au propre comme au figuré. Les paysages sont variés, le vert de cette végétation inattendue, la douceur des reliefs dunaires, le chaos des roches brûlées par le soleil, on est enfin en plein dedans. Un joli bivouac, sans moustiques, nous tend les bras, il y a du bois en quantité pour faire un vrai feu, le vent est tombé, une chouette soirée bien méritée qui fait vite oublier les jours précédents.

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Plantage jour 1 - 30 octobre

Une douce lumière nous cueille au réveil dans notre bivouac tout blanc. Il y a eu beaucoup de circulation à pattes durant la nuit. L'immense dune orange qui nous fait face est rayée d'une trace oblique bien visible. Nous démarrons dans l'oued, quelle extraordinaire sensation que de rouler sur ce sable tout neuf, en laissant le regard glisser sur les courbes sensuelles des dunes. Que du bonheur !

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Quelques villages-cailloux juste avant une palmeraie et on retrouve notre piste herbeuse. Tout va bien. Tout va trop bien...

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Il a beaucoup plu cette année, on a déjà constaté que les gueltas rencontrées sont bien remplies. Là, il faut prendre une décision pour contourner celle-ci car on ne peut pas continuer. On s'arrête, on tâte le terrain, chacun part dans une direction à la recherche d'une sortie possible. Sortie trouvée, mais il ne faut pas trainer. Nous passons et gagnons la dune sans souci. Enrico passe plus à droite pour éviter nos traces et gagne la dune lui aussi. Un moment d'hésitation de la part d'Iveco2 qui craint de passer encore plus à droite et passe carrément à gauche, trop près de l'eau. "Je suis planté". Lorsque nous recevons le message, nous ne l'avons pas en visuel et nous sommes loin de nous douter de la galère qui s'annonce. Heureusement pour lui, l'avant est posé sur une partie plus dure ce qui lui a évité d'enfoncer aussi l'avant. Mais son insistance à essayer de sortir en mettant tous les blocages a littéralement incrusté le véhicule dans l'argile. Le quad et ses 500 kg dans la soute arrière n'ont pas aidé non plus. Et pour couronner le tout, ses plaques de désensablage et sa pelle sont sous les longerons. Nous revenons à sa hauteur mais impossible de s'approcher trop près, le terrain est trop incertain : il ondule comme la peau d'un gros reptile à peine les roues engagées et la couche superficielle menace de crever à tout moment. Nous nous positionnons en haut de la dune pour une première tentative avec le treuil, tentative vouée à l'échec, il est clair qu'il faut d'abord dégager entièrement le véhicule de sa gangue de boue avant de tenter quoi que ce soit. Nous avons devant nous de longues heures de pelletage dans un vent infernal et une chaleur étouffante.

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Un petit berger et ses chèvres passent par la guelta pour faire boire ses bêtes. Sans l'ombre d'une hésitation il pose son baluchon et vient nous aider, se glissant souplement sous le camion pour dégager la terre à mains nues. Il travaillera avec nous jusqu'au coucher du soleil. Il nous fait comprendre qu'il doit maintenant rentrer ses chèvres mais qu'il reviendra à 8 heures pour continuer à travailler. Nous ne sommes pas sûrs d'avoir bien compris, mais nous le dédommageons à la mesure du travail fourni. Dans un français réduit à quelques mots, il me propose alors de me faire du thé, ce que je décline poliment. Il me propose alors "lapin". Je ne vois pas trop bien d'où il va sortir un lapin, il n'a même pas de chapeau, il répète plusieurs fois "lapin" ,"lapin", je lui mime un lapin façon Chantal Goya, ça commence à l'énerver un peu, je vois s'allumer une lueur de reproche dans son regard quand il me lance "toi, tu ne comprends pas la français !!!" et il tourne les talons pour aller chercher son baluchon à quelques mètres de là. Il revient vers moi. De ce baluchon, gros comme la moitié de la trousse de maquillage de ma fille, il tire une demi bouteille de lait de ses chèvres, qu'il me propose, puis une petite boîte en fer avec son thé et enfin un sac en tissu soigneusement noué qui contient... de la farine pour faire LA PAIN !!!! Voilà que ce berger qui n'a rien est en train de proposer aux touristes que nous sommes d'utiliser ses 200 g de farine pour nous faire du pain, alors que dans nos véhicules nous avons de quoi nourrir tout son village pendant plusieurs jours !! Après l'avoir chaleureusement remercié, nous le laissons regrouper ses chèvres et repartir vers son village situé à au moins 5 bornes de l'endroit où nous sommes.

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Nous nous positionnons pour passer la nuit, il reste encore pas mal de travail de pelletage à faire demain matin. En attendant nous faisons un bon feu et Iveco2, rompu de fatigue regagne son camion pour une nuit en pente. Il est 22 heures passées, nous trainons encore un peu autour de dernières braises du feu lorsque nous apercevons une lueur vacillante qui s'avance vers nous : c'est le berger ! Il revient pour finir le travail ! Nous réveillons Iveco2 et le travail reprend. Le petit berger restera jusqu'à minuit et accomplira un travail phénoménal pour dégager le châssis. Puis il repartira de nouveau vers son village dans la nuit, là encore généreusement dédommagé pour l'effort fourni. Demain matin il restera à treuiller le véhicule. Sans l'aide du berger, il nous aurait sans doute fallu encore toute une matinée à pelleter.

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LumaRodeur
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par LumaRodeur »

Bonjour.

Aïe, aïe. :ghee:
Le piège était incontournable ? :diable:
ou une erreur de débutant dans la trajectoire ? :ange:

:hello:

Bruno
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Ed et Nad
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par Ed et Nad »

Malgré ce "petit plantage" je remarque une Mauritanie qui doit être encore plus belle avec ces quelques gouttes de pluie, et bien utile pour les locaux après ces longues années de sècheresse,
et des bergers toujours aussi dévoués.
Edmond
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ivecogitation
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par ivecogitation »

Bonjour à tous et merci merci pour vos "like" en bas des posts.

La Mauritanie n'a pas reçu que quelques gouttes d'eau cette année, à certains endroits il a plu 38 fois plus qu'une année normale et, c'est vrai, les pâturages sont abondants et ont donné naissance à un nouveau paramètre qui nous a causé quelques problèmes, la clôture en fil de fer barbelé . Il y a donc de l'eau un peu partout. En prévision nous avions pris un simple fer à béton qui nous servait à sonder le sol. A parfois 50 cm près on passait d'une surface dure à une surface mouvante : des poches argileuses qui retenaient l'eau sous une croûte de 10 à 15 cm d'épaisseur qui semblait sûre en marchant dessus mais qui s'effondrait sous le poids de nos véhicules. Le détail de tout cela dans la suite de nos aventures...

Plantage jour 2 - 1er novembre

Ce matin c'est l'heure de vérité. Le véhicule d'Enrico ainsi que le nôtre sont positionnés en haut de la dune. Le treuil d'Iveco2 a été mouflé pour doubler sa force, la poulie accrochée à une sangle elle-même accrochée à notre camion. Enrico étrenne son treuil tout neuf dont il terminé l'installation et les branchements hier entre 2 coups de pelle. Les plaques de désensablage sont glissées sous les roues. Moteur éteint, vitesses au point mort, c'est parti ! Et lentement, lentement, sous le regard impassible d'un échassier au bord de la guelta, le véhicule retrouve une assiette normale au grand soulagement de tous !! On peut repartir !

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Nous poursuivons sans incident cette journée où la piste nous promène dans une grande variété de paysages, le sable à l'assaut des roches comme de grandes pelletées projetées par un géant, encore de l'eau et toujours ce vert qui, sous certaines lumières, en serait presque fluorescent. Bivouac tranquille entre acacias et rocailles, les 3 véhicules bien à plat :lol:

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Que d'eau que d'eau - 2 novembre

Au départ du bivouac nous continuons la piste d'hier qui nous mène vers un village en équilibre au bord de la falaise. En contrebas et en travers de notre route s'étend un lac de belles dimensions où femmes, hommes et enfants s'activent dans les champs ou aux pâturages. Nous avons remarqué cette culture de grosses cucurbitacées que nous avons d'abord pris pour des coloquintes géantes. Un peu plus petite qu'une pastèque, le goût est plutôt proche du concombre et on en trouve sur tous les marchés. Mais là, tout de suite, notre souci c'est que la piste que nous souhaitions suivre est sous l'eau et l'envoi du drone nous confirme que nous ne pourrons passer nulle part. Nous tentons un contournement et nous nous retrouvons dans un bel oued aux dunes généreuses. Mais là aussi, cul de sac, des gueltas et encore des gueltas qui nous barrent la sortie. Sur les conseils d'un villageois, Iveco2 fait une tentative qui se solde par une opération de remorquage avec sangle, heureusement sans conséquences ! Nous repérons une ouverture possible entre 2 dunes qui nous mène en haut du village. Nous partons à pied repérer un éventuel passage mais là c'est une clôture en fil de fer barbelé qui nous bloque. Un paysan propose de montrer la sortie, mais même à pied on a du mal à passer. Il faut se rendre à l'évidence, nous ne sortirons pas de ce labyrinthe. Il est midi, pause casse-croute et point sur la carte. C'est vite vu, il ne nous reste qu'à rebrousser chemin jusqu'avant notre bivouac d'hier soir pour éventuellement trouver une piste qui nous sorte de là.

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Demi-tour donc jusqu'à un embranchement où la piste qui part sur la droite semble bien marquée et où les traces de passage sont récentes. Elle nous mènera forcément quelque part, pour l'instant nous ne savons pas où. Petite émotion lorsque nous voyons de nouvelles gueltas en contrebas mais nous les franchirons facilement. Nous atterrissons dans un oued où, si l'eau s'est retirée, le terrain n'en reste pas moins délicat. Nous apercevons à quelques kilomètres le ruban gris de la route Atar Tidjikja qu'il nous faut récupérer rapidement : nos tribulations dans les oueds au sable très mou ont sérieusement entamé les réserves de gas oil de tout le monde et un ravitaillement s'impose. Là encore nous laissons les véhicules et partons à pied, munis de notre fer à béton, repérer un cheminement praticable. Cela prendra du temps et se révèlera assez compliqué entre sable mou, poussière d'argile façon fech fech et terrain plein d'eau. Andrea et moi nous posterons à certains endroits stratégiques où il ne faut pas dévier de la trace déterminée. Après un dégonflage supplémentaire, c'est parti et tout le monde se retrouve en haut de la dune en face du village. Il est 19 h30, ça suffira pour aujourd'hui. Demain il faut traverser le village pour rejoindre le goudron et c'est loin d'être gagné. Pierre part à pied et tourne pendant presqu'une heure pour avoir une idée de la configuration des lieux. A la tombée de la nuit, des feux s'allument ici et là dans le village et nous percevons le tempo mat et sourd d'un tambour. La lune cligne de l'œil derrière nous, il est temps de dormir...

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K_Anne_AK
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par K_Anne_AK »

Bonjour Annick !
Je retrouve vos péripéties diverses avec plaisir ! :super:
Le Iveco2, il avait un quad à l'arrière ? je comprends mieux son allure imposante et ses problèmes, du moins ceux-là ! Comme quoi, entre le rêve et la réalité, il y a un monde de publicités qui te font croire que tout est possible.
Les voyages en 4x4, ça se réfléchit et ce n'est pas aussi simple qu'en CC. :nonon:
La Mauritanie verdoyante et inondée, c'est quelque chose d'original, vous aurez eu votre part de surprises et de demi tours..

Et je joins mes félicitations aux précédentes pour ton récit, à la fois poétique et précis, un bonheur. :merci:
Mention spéciale pour le déchirement de ton livre... quand on aime, on ne compte pas ! Un livre peut donc être TRES utile, autrement qu'une liseuse, j'avoue que la démonstration est sans appel ! :mdr3:

Vivement la suite et en même temps, pas trop vite, l'attente est aussi savoureuse !
Et non, pas la peine de faire des allusions avec cette phrase... :langue1:
:hello:
jimitina
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par jimitina »

merci je reve la...
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ivecogitation
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par ivecogitation »

Effectivement, Iveco2 avait une soute à l'arrière ouvrant vers le bas pour permettre de faire descendre le quad. Lors du plantage, tout aurait été plus simple si nous avions pu sortir le quad, cela aurait allégé l'arrière de 500kg. Le véhicule pesait environ 1 tonne de plus que le nôtre, beaucoup plus haut et avec beaucoup de poids à l'arrière. Les comportements des deux véhicules étaient donc complètement différents et on s'en rend compte en visionnant les vidéos.

Nous avions bien sûr un prévisionnel pour ce voyage mais nous n'avons quasiment rien réalisé de ce qui était prévu : un véhicule a fait faux bond au départ, puis il y a eu les problèmes mécaniques et les contraintes liées aux inondations, aux barbelés et à d'autres facteurs imprévus qui surgiront les jours suivants. Lorsque je pratiquais la voile, je me rappelle être allée deux fois aux Baléares alors que la destination première était la Corse... L'important ce n'est pas la destination, c'est le voyage, dixit Stevenson et c'est bien ce dont nous avons profité.

Merci pour les compliments et je n'ai sacrifié que la quatrième de couverture, découpée proprement, ce qui a permis à mon livre de reprendre sa place dans ma bibliothèque en rentrant ;)

Pour l'instant nous venons juste d'ouvrir un œil sur un lever de soleil qui s'amuse à étirer démesurément les ombres des enfants et des chameaux qui passent opportunément juste à côté de nous histoire de voir un peu à quoi ressemblent ces véhicules visibles du village depuis hier soir.

Quand on est content de retrouver le goudron - 2 novembre (je viens de m'apercevoir que j'ai enlevé un jour au mois d'octobre !!)

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Objectif : traverser le village pour rejoindre la route. Nous commençons par avancer jusqu'à la limite de la zone où nous sommes sûrs que le terrain est stable. Véhicules à l'arrêt, nous partons à pied munis du fer à béton afin de délimiter les zones praticables à l'aide de petites branches plantées dans le sol. Oui, je sais ça peut paraître excessif vu depuis l'écran de l'ordinateur mais c'était assez piégeux car nous avions l'oued boueux d'un côté, un remblai et une plantation de tamaris de l'autre. Le but de la manœuvre étant de rester au maximum sur le remblai en dévers et au minimum sur le bord de l'oued. Personne n'a trainé et on s'est retrouvé dans le village d'où le goudron était facilement accessible. Un petit coup de regonflage de pneus et direction Aïn Sefra dans un premier temps pour essayer de trouver du gas oil.

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Les Suisses partent devant, Enrico voudrait trouver du réseau rapidement et son véhicule est plus rapide. Nous ne roulons que depuis 1/4 d'heure lorsqu'il nous appelle à la VHF : la route est sous l'eau ! Pieds nus, Iveco2 avance dans l'eau qui arrive rapidement à mi-cuisse. Nous ne voyons pas le tracé de la route en dessous, nous ne savons pas s'il n'y a pas du limon ou des cailloux, nous empruntons prudemment l'échappatoire signalée plus haut par les locaux qui ont trouvé comment contourner le problème.

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C'est tout de même un détour de plus de 20 minutes dans du sable mou (nous sommes gonflés pour le goudron) et les cailloux, voire de bons gros pavés à certains endroits. La zone inondée ne couvre qu'une petite portion de route mais s'étend assez loin en terrain plat et beaucoup de constructions fragiles en bois et en palmes émergent tristement de la boue :(

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Nous ne trouverons pas de gas oil à Aïn Sefra, ni à Rachid, nous irons jusqu'à Tidjikja où la 1ère station au rond-point est à sec. Nous aurons plus de chance avec la suivante. Calcul des consommations aux 100 km pour les véhicules : sur une boucle de 400 km, 38 L pour Iveco2, 35 L pour nous et 30L pour le Hilux, quand on vous disait que le sable était mou... J'avais l'intention d'en profiter pour faire quelques courses de frais mais les étals sont vides, je ne trouve que quelques pommes et des bananes, ravitaillement limité pour nous mais surtout bien compliqué pour eux...

L'après-midi est déjà bien entamée, nous prenons une piste à l'entrée de Tidjikja. Aucune guelta à l'horizon, mais une belle formation rocheuse pour un bivouac avec vue sur la plaine et coucher de soleil en majesté.

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Déambulations polychromes - 3 novembre

Au dernier village de cette partie de la piste, le périph est complètement bloqué, embouteillage de chameaux qui s'en vont... bosser ;) A partir de là, nous avancerons au cap et en hors piste à travers des reliefs vallonnés où les sables de différentes textures et de différentes couleurs offrent une palette de pastels assez surprenante et surtout très esthétique.

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Un joli sourcil dessiné sur la dune :0

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Nous nous baladerons ainsi toute la journée pour finir par nous poser sur une dune orange surplombant un gassi tout blanc.

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De l'autre côté, les dunes s'essoufflent à parcourir la plaine, demain nous irons à Ksar El Barka.

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Bonne nuit !!
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zebulon54
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par zebulon54 »

Bonsoir

Toujours aussi beau et bien raconté
J'espère que que le prix du gasoil est moins élevé qu'en France ... :clown:
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oc07
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par oc07 »

Récit vivant, paysages tentants, très chouette ! Ça m´aide à finir de convaincre ma copilote que la Mauritanie sera un bel objectif :-)))
Seb
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par Seb »

Quel régal de lire vos péripéties… et les photos sont superbes. Merci
Acquit dintre les roumegas
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majelan
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par majelan »

Merci pour ce beau récit ... et ces belles images ... 8-)
CS Reisemobile Indépendent 2022 sur Sprinter 4x4
Il était si bête que lorsqu'il disait quelque chose d'intelligent, il se retournait pour voir si ce n'était pas un autre. Georges Wolinski
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Ed et Nad
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par Ed et Nad »

Superbe, que dire !!!
pour les "quelques gouttes de pluie" je plaisantais car j'avais eu des informations sur des inondations également à Nouakchott... Finalement les tours et les détours vous font voir ce que peut-être vous n'auriez pas imaginé et c'est en fait une excellente formation sur "l'Imprévu" (et de beaux souvenirs pour y être passé). Un grand merci pour cette belle narration.
Et pour oc07 tu dois pas hésiter, d'ailleurs il va me falloir moi aussi y revenir...
Edmond
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ivecogitation
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par ivecogitation »

Bonjour à tous et merci mille fois pour vos commentaires !!!

Le gas oil en Mauritanie coûte l'équivalent d'1,50 €. Une dépense tout à fait supportable pour nous qui n'avons pas d'autres frais type hôtel ou restau, même avec une consommation de 35 L qui n'arrive pas tous les jours non plus. Mais pour les Mauritaniens, c'est énorme ! A Tidjikja, la Mercedes hors d'âge devant nous a pris 4 L et sans doute que toute la parentèle et le voisinage s'étaient cotisés pour ce ravitaillement.

oc07 : bien sûr que la Mauritanie est un bel objectif !! Il n'y aura pas autant de sites historiques qu'en Turquie ou en Grèce, mais ce n'est pas ce qu'on va y chercher.

Ksar El Barka - 4 novembre

C'est tout en douceur et en délicatesse que le soleil vient nous réveiller en haut de notre dune panoramique. Encore un peu de hors piste puis nous rejoignons celle-ci à hauteur d'un village où l'activité autour du puits est intense avant le départ pour les pâturages.

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Petite balade dans les ruines de ce site portugais du XVè siècle pour le faire découvrir à nos amis suisses.

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Puis nous remontons vers N'Beika. Pas mal de gueltas encore et des portions de terrain piégeux il faut être attentif et poser les roues aux bons endroits. Les branchages déposés en haut des roches donnent une idée du niveau de l'eau et de la force des courants.

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Nous prendrons un bivouac tôt dans l'après-midi histoire de faire une pause et nous irons balader à pied tout autour pendant près de 2 heures.

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"La lune, comme un point sur un i..."

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Apparemment nous ne sommes pas les premiers :naah:

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Nous avons vu voler le rapace sans doute locataire de ce nid, mais même en le guettant, nous ne l'avons pas vu y revenir.

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A plus tard !
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Jacomo32
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par Jacomo32 »

Merci Annick de ce récit qui m'enchante toujours autant et de ces belles images qui donnent vraiment envie d'y revenir, pour 2024 ??
Petite question technique pour Pierre : le réservoir de liquide d'embrayage n'est pas scellé ? Parce que sur mon véhicule c'est comme ça, donc pour remettre du liquide c'est problème.
Bon dimanche
La libertat qu'ei lo camin,
Adishatz a tots
Jacomo :occitan:
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Ed et Nad
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Re: Raid Maure, un périple très vivant

Message par Ed et Nad »

cela fait plaisir de voir des bovins aussi beaux, en octobre 2019 c'était une hécatombe...
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