Cette fois-ci c'est la bonne, les planètes sont alignées : frontières ouvertes dans le sens entrée-sortie, mesures covid plus d'actualité, on y va !
Marseille-15 octobre
Des camionnettes bien chargées, des 4x4 de toutes sortes et des visages connus, pas d'erreur, on embarque bien pour le Maroc, avec mention spéciale pour la météo.



Amarres larguées !!!


Arrivée Tanger-17 octobre : on peut difficilement faire plus calme au niveau traversée et la compagnie "la Méridionale" offre services et cabines plusieurs crans au-dessus que GNV, avec un personnel très sympathique et à l'écoute, c'est bien agréable.





Asilah
Arrêt à Assilah où nous avons nos habitudes : Pierre a retrouvé sa copine qui vend les gâteaux au miel. Avec 1,5kg de stock, on doit pouvoir tenir jusqu'à la frontière



Entre Rabat et Casa-18 octobre
Ce matin la mer a annoncé bruyamment son retour à grands coups de vagues plaquées sur le sable. L'appel du muezzin à rempli tout l'espace de la cellule pendant que les coqs, vexés de s'être fait voler la primeur s'égosillaient en canon. Pour ne pas être en reste, le train de marchandises qui passait par là s'est époumoné en cadence. Tout ce remue ménage a dû intimider le soleil qui ne nous a gratifié que d'un disque pâlichon au moment du départ

Casablanca
La ville apparaît fantomatique au travers des fumées qui l'enveloppent et l'asphyxient, fumées lisses et blanches des usines, rideaux gris des ordures qui se consument, panaches noirs et compacts des pneus en flamme. Quelques moutons couleur de cendre broutent un champ de sacs plastiques. La gorge qui pique, les yeux qui grattent, Casa n'a plus rien de blanca. On passe sous un nuage en train de s'égoutter, bougainvilliers multicolores comme cache-misère aux bidonvilles, adolescentes en rang sur un pont comme des oiselles en cage.



Pas beaucoup de verdure dans les champs, seulement des cailloux. Ont-ils été semés pour faire pousser des villages ? Quelques plans de "raquettes" (nopal), figuiers de Barbarie commencent à être cultivés, sans doute de nouvelles variétés, les anciennes étant décimées depuis plusieurs années par une cochenille ravageuse.


Direction Guelmin - 19 octobre
Au sortir du camping direction Agadir, on longe la palmeraie qui souffre de plus en plus de calvitie même si quelques implants tentent de prendre racine ici ou là. A cette heure matinale, la circulation est dense, on se faufile dans un meli mélo de voitures récentes aux conducteurs et conductrices l'oreille collée au portable, de mobylettes chevauchées aussi bien par des ouvriers pressés que par des femmes voilées de la tête au pied, casque en équilibre au dessus d'un amoncellement de tissus, ou encore par des familles entières, fillette et son cartable en sandwich entre papa et maman. Installés sous leurs parasols à l'arrière de leurs petites voitures hayons levés, les baristas s'affairent sur leurs percolateurs rutilants à servir expresso et latte machiato. Plus loin, plusieurs cocottes minutes de belle taille mijotent sur des brasero pour une chorba réconfortante, casse croûte du matin servi sur des tables de fortune. On récupère l'autoroute pour Agadir entre des parcelles d'oliviers dont certains ont bien mauvaise mine. Après la plaine vide et aride, on attaque les reliefs. Mais qui donc a appris à la nature à marier aussi bien le rouge et le vert ?





Il fait chaud, les places à l'ombre sont chères...


Tiznit, toujours une épreuve. Une montée raide, pas très large et aux lacets serrés où les camions en surcharge montent à 10 km/h en penchant dangereusement dans les dévers. Dépassements rock'n roll... mais les arganiers sont bien verts contrairement aux années précédentes.

Notre premier vrai bivouac, enfin, quelque part entre Bouizakarne et Guelmin.


Jonction établie - 20 octobre
Ce matin le soleil est blanc quand nous quittons le bivouac, cap sur Guelmin. Ravitaillement en produits frais sur le marché et provision d'épices chez l'herboriste, le camion sent le cumin, le curcuma et la cannelle. On se remet en route dans un paysage monochrome, immensités vides, maigres touffes de végétation sur un sol pelé. Après Tan Tan, le ciel trempe dans la mer, la brume se mêle aux embruns et aux fumées d'usine, on avance comme dans de la ouate. On mange sur un coin de table une assiette de sardines grillées tout juste sorties de l'océan et dont le goût iodé titille les papilles. Juste le temps d'avaler un café et on retrouve Iveco2. Nous serons désormais 2 véhicules.




Entre Tarfaya et Laâyoune le soleil écarte les nuages et jette un œil sur le paysage. Le regard se pose avec plaisir sur les courbes de quelques dunes avant que les pales des champs d'éoliennes ne cisaillent l'horizon. Puis le côté olfactif prend le dessus : usines de transformation de poissons, terminal de chargement du phosphate, la mer comme confisquée par l'activité humaine. Le bivouac se fait attendre, relief inhospitalier et impraticable pour nos engins aux pneus trop gonflés. Une piste s'ouvre enfin en direction d'une dune que nous n'atteindrons pas histoire de ne pas tenter le diable, histoire de ne pas tenter le sable... dont le marchand vient de passer, bonne nuit...


On trace la route - 21 octobre
Ambiance sépia ce matin au réveil, le soleil est une grosse orange. Puis la balance des blancs s'équilibre et un filtre couleur rend à la mer son dégradé de bleu et au sable son blush terracotta.

Tout le long de la côte des guitounes où les militaires s'ennuient ferme à compter les moutons sur la mer, braves petits soldats sous un soleil de plomb, ou l'inverse et des pêcheurs, petits points à la ligne dans des villages de tôles et de toiles surveillés de près par des escadrilles de goélands en vol stationnaire.


On a avalé d'une traite Boujdour et Dakhla, posés en plein vent 250km avant la frontière pour un dernier bivouac marocain !

Demain, la frontière, bonne soirée à tous,
Annick