Allô!
Nous avons terminé il y a quelques temps la première partie de notre voyage, qui s'est donc déroulé en Bosnie-Herzégovine et en Croatie, essentiellement. Pour rappel, nous voyageons avec un vieux Land de 99, mais très bien traité par ses anciens propriétaires.Il est équipé d'une tente de toi de chez RRconcept.
Nous sommes partis sur les routes d'Europe le 10 septembre. On partait de Haute-Savoie et on a commencé par du facile: traversée de la Suisse, du sud de l'Allemagne, puis de l'Autriche, le tout en une semaine. Facile, ça l'est parce que les langues nous sont connues (mon allemand était beaucoup moins rouillé que je ne le pensais, je me suis étonnée moi-même), parce que la culture nous est connue, parce qu'on n'est pas encore trop loin du garage "au cas où". Mais ça l'est beaucoup moins pour ce qui est de trouver un bivouac; tout est privé, et les gens ne voient pas d'un bon oeil les touristes qui ne rapportent rien. Alors une semaine pour "visiter" trois pays, c'est très court, mais compte tenu de la météo (de la pluie tous les jours) et de l'accueil peu chaleureux, c'était suffisant. Du moins, c'est ce que la suite du voyage m'a fait conclure, parce qu'au début, j'avais des regrets de ne pas avoir vu ci ou ça. Maintenant plus vraiment. L'Europe de l'Ouest ne peut nous apporter que du "voir", et ce n'est pas ce qu'on recherche. Je n'ai que peu de photos de cette première semaine:
Lausanne, au bord du lac Léman, notre premier bivouac
Un bar très spécial de Gruyère
Une ferme typique du sud de l'Allemagne, à côté du lac de Constance
Pfonten, les portes des Alpes bavaroises
Lac de Fuschl
Nous avons ensuite passé presque une semaine en Hongrie. Là encore c'est peu, mais une météo désastreuse nous a fait fuir le pays dès qu'on a pu. Je précise que notre tente de toit n'est pas totalement étanche, et que le véhicule n'est pas vraiment conçu pour qu'on vive à l'intérieur; on dispose d'environ 1 mètre carré de surface habitable, autant dire que pour cuisiner, ou même simplement attendre une météo plus propice, c'est très très restreint, on se marche littéralement dessus, etc. Le véhicule contient tout ce qu'il faut, mais il est pensé pour une vie dehors. Donc quand il pleut un jour, on endure. Quand il pleut 2 ou 3 jours, on sert les dents. Quand il pleut depuis 10 jours, on déprime. Quand il pleut depuis 20 jours, on ne se supporte plus et on veut faire demi-tour.
Bref la Hongrie, c'était pour le dentiste de toute façon à la base. On a profité de quelques rayons de soleil le premier et le dernier jour pour visiter un peu Budapest.
Ensuite on a filé en Croatie, avec l'intention de passer même directement en Bosnie-Herzégovine. La Bosnie est un coup de tête. Au début je visais les Carpates, mais météo trop froide, on a abandonné l'idée. Ensuite pour le soleil, on a évidemment pensé à la Croatie, mais en lisant quelques récits de voyage, j'ai changé d'avis. Jamais je n'avais envisagé la Bosnie, et d'ailleurs on a visité en en sachant presque rien. A part Sarajevo, qu'on connaissait tous les deux de nom, en raison de la guerre, on partait totalement à l'aveuglette.
On a finalement passé une nuit en Croatie du Nord, une région qui ne voit pas souvent des touristes. On y a fait notre rencontre la plus intéressante du voyage, avec un couple de retraités, qui venaient ramasser des églantines et des champignons, proche de notre bivouac, dans une ferme abandonnée. Il se trouve qu'ils ont habité au Canada pendant 10 ans, et donc parlaient anglais, ça facilite grandement le contact.
Le lendemain, on est effectivement passés en Bosnie. Mon pays coup de coeur du voyage, celui dans lequel on a passé le plus de temps également. Malgré un itinéraire plus ou moins improvisé; j'avais noté tous les noms d'un récit de voyage trouvé sur le Net, sans même savoir ce qu'on y trouverait, et sinon on suivait les lacs ou les parcs naturels indiqués sur notre atlas routier.
On sent dès le passage de la frontière que ce n'est pas le même niveau de vie qu'en Hongrie. Beaucoup de maisons abandonnées, soit à cause de la guerre, soit en cours de construction (comme dans le sud de l'Italie par exemple). Des champs de mines, encore trop fréquents. Des monuments aux morts aux listes interminables. Des impacts de balle sur les bâtiments encore très visibles. Ce constat tient aussi pour la Croatie, qu'on a visitée après, pour peu qu'on dévie des routes touristiques.
La photo de pancarte n'apporte pas grand chose, mais quand tu en vois pendant 2h de temps sans discontinuer tout le long de la route, non seulement en forêt, mais au milieu des champs, proche des pâturages, proche de certains villages, proches des enfants qui jouent, ça te noue l'estomac et tu as presque envie de pleurer. C'est lourd comme atmosphère, et pourtant, c'est "juste" des panneaux.
Je précise qu'on n'a pas spécialement cherché ces endroits-là, on est tombés dessus par hasard, au gréé des petites routes (de montagne surtout). On ne cherchait pas à faire du tourisme post-guerre, simplement, ça fait partie du décor. La seule fausse bonne idée qu'on a eue, c'est de vouloir bivouaquer proche d'une de ces maisons en ruine, en se disant qu'on n'embêterait personne; on a appris par la suite qu'en fait, si elles sont abandonnées, c'est parce qu'elles sont potentiellement minées, et que leurs occupants n'ont pas osé y revenir après la guerre.
La Bosnie est un pays de montagnes. Plus ou moins hautes, aux profils variés, mais il est franchement rare de se trouver dans une plaine. Beaucoup de routes sont encaissées au fond d'une vallée, longeant des rivières. Il y a quelques grosses villes, mais c'est un paysage rural qui domine. Quelques jolies photos, pour vous faire oublier la guerre:
Mostar
Lac de Rama
Mont-Maglic, point culminant de Bosnie-Herzégovine, à la frontière avec le Monténégro
Bivouac dans le Sutjeska, au pied du Mont-Maglic
Sources de la Bosna
Lac Prokosko, cabanes d'alpage uniquement, de plus en plus axées sur le tourisme
On a passé une après-midi dans l'une d'entre elle, avec un couple de Bosniens qui nous a appris à faire la pita. Trois heures de communication en mimes et en dessin . Et du brouillard quasi ininterrompu pendant 24h, la photo ci-dessus a été prise aux petites heures du matin, juste avant que le brouillard ne reprenne ses droits.
Terrain de jeu infini pour les 4x4
Lukomir, petit village de montagne typique, habité toute l'année mais coupé du monde en hiver, qu'on rejoint par la piste de la photo d'avant
La Bosnie c'est surtout une mosaïque de cultures. Juxtaposées, plus que mélangées. Le pays est d'ailleurs administrativement divisé en république serbe (de Bosnie) et en fédération de Bosnie et Herzégovine (à ne pas confondre avec le pays entier donc). Chaque territoire a un patriotisme plutôt marqué; le drapeau de Bosnie-Herzégovine est quasi inexistant, au profit des drapeaux serbe, croate ou musulman. Chacun a sa religion (orthodoxe, catholique et islam respectivement). Bref il est difficile de ne pas deviner quand on change de secteur. En tant que touristes ayant passé deux semaines dans le pays, il est impossible de dire comment se passe la cohabitation. En dehors de Sarajevo, on a l'impression que c'est plutôt chacun chez soi. J'ai trouvé ce petit film sur Internet, c'est une série d'entretiens avec des jeunes issus des différentes régions. Beaucoup plus instructif que ce que je pourrais vous en dire.
http://une-jeunesse-bosnienne.inediz.com
En revanche ce qu'on a constaté, c'est la gentillesse générale. Quelqu'un nous est spontanément venu en aide avec l'horodateur en cyrillique. En montagne, chaque véhicule qui passait près de nous s'arrêtait pour nous demander si on avait des ennuis mécaniques, toujours un sourire, toujours un signe de la main. Aucune difficulté à trouver des bivouacs, on ne s'est jamais fait chasser, pas plus qu'on a rencontré de pancartes "privée" ou de chemin interdit d'accès.
Quelques clichés de Sarajevo pour finir, avant de vous parler de la suite du voyage:
Il n'y a pas que des ruines à Sarajevo, voici Novo Sarajevo
Le fléau des villes en Bosnie, le chauffage au bois
Le principal cimetière musulman des victimes de la guerre, sous haute surveillance
Une vue de Sarajevo
En plein coeur de la ville, on peut aussi voir ça
Les bâtiments à l'abandon côtoient l'ultra-moderne, c'est un véritable patchwork
Après la Bosnie, la Croatie donc. On a eu encore pas mal de pluie en Bosnie, on espérait vraiment du soleil en allant vers la Méditerranée. Espoirs à moitié comblés. Mais la Croatie reste globalement une déception. La côte croate est d'une beauté époustouflante, et la frustration de ne pas pouvoir s'en approcher pour s'y baigner est proportionnelle à sa beauté. Parce qu'en raison du tourisme essentiellement, c'est très construit. Tout est privé, et quand ça ne l'est pas, c'est que la montagne descend à pic dans la mer, rendant toute baignade impossible. Qui dit zone touristique dit difficulté à trouver des bivouacs pour nous. Plus une sensation permanente d'être un porte-monnaie sur pattes.
Dubrovnik depuis le haut.
La plage de Budima, seul endroit où l'on a pu se baigner gratuitement
Une belle vue au coucher du soleil
Vue sur Split depuis sa colline
Notre plus beau bivouac, au bord du lac de Vransko
Une autre belle vue sur la route
Une plage typique vue de proche: des graviers, la route juste derrière, et ça sert de port en même temps. C'est joli mais personne ne s'y baigne...
La carte postale de la Croatie, c'est aussi le parc des Lacs Plitvice. Une véritable usine à touristes. On pensait être hors saison et c'était grouillant de monde. Cher pour ce que c'est. Beau, mais sans plus. Avoir su, on n'y aurait pas été, et donc, je ne le conseille pas spécialement.
Ce qu'on connaît moins de la Croatie, c'est aussi les vestiges de la guerre. Je ne mettrais pas plus de photos à ce sujet, mais ce qui frappe, c'est que c'est parfois juste à côté d'une zone touristique. Il suffit de quitter la route principale pour passer d'un village tout mignon et cossu à un autre, à moitié en ruine. C'est notamment le cas autour des lacs Plitvice. Comme tout ce qui ressemble à du maquis et qui n'est pas très touristique est potentiellement miné, ce n'est pas forcément à recommander comme visite. Ça a pourtant son charme, si on "oublie" les mines.
On a terminé notre itinéraire par l'île de Brijuni, là où résidait Tito une bonne partie de l'année. L'île est belle, le safari ne vaut pas du tout la peine, le seul intérêt étant finalement d'en apprendre plus sur le personnage. Le musée de photos qui lui est consacré est par contre très orienté "pro Tito", on sort de là en se disant que ça devait être un bon gars, si on ne connaît pas l'histoire qui va avec.
Il paraît que ça porte bonheur de se baigner ici, on ne voulait pas rater notre chance. Prévoir des sandales en plastique...
Place ensuite à la Slovénie. Une côte de 50 km à peine, et tout au bout, Piran, un petit village très touristique. On a fui vers le Nord, en s'arrêtant tout de même au parc des grottes de Skocjan. On n'en avait jamais entendu parler avant, mais c'est un chouette parc. Aussi cher que le Plitvice mais parking et wifi gratuit, et surtout beaucoup moins de monde. Evidemment ce n'est pas du tout le même genre de paysage non plus, mais c'est chouette. Photos interdites en revanche, alors vous devrez me croire sur parole. Le petit village perché en haut du gouffre a beaucoup de charme, il est voué à disparaître un jour, allez-y avant!
L'avantage de la Slovénie c'est qu'elle se traverse en 2h. Le matin à Piran sur la côte, le soir à Bled dans les Alpes. Petit village de montagne au bord d'un lac, c'est une vraie carte postale. Malheureusement ce n'est pas une adresse confidentielle, on n'a même pas osé s'arrêter tellement il y avait de cars de touristes asiatiques. La vallée de la Bohinj, un peu plus loin, est tout aussi belle, à peine moins fréquentée.
En fait toute la route qui fait le tour du parc national du Triglav est très belle, notamment quand on longe la rivière Soca. Il paraît que c'est la plus belle d'Europe, et je veux bien le croire.
On a achevé notre périple en se rendant à Kranjska Gora, célèbre station de ski qui accueille une étape de la coupe du monde de ski alpin masculine. Achevé parce que c'est dans l'un des 50 virages en épingle qu'on a précisément "achevé" notre direction. Quand on s'en est rendus compte, on a filé dans la station service la plus proche, pour s'acheter du liquide de servo-direction. En remplissant le réservoir, on s'est aperçus qu'il se vidait presque aussi vite par dessous. On s'est concerté genre 30 secondes, et après avoir avalé un double expresso, on a pris la route du retour, qu'on a parcourue le plus vite possible. Huit heures d'autoroute à travers l'Italie, de nuit. En s'arrêtant quand même toutes les heure pour remettre de l'huile.
L'occasion pour nous de prendre le tunnel du Mont-Blanc. Je suis née et ai vécu presque 20 ans à 1h de là, mais je ne l'avais jamais pris. A 44 euros les 11km, je pense que c'était la première et la dernière fois.
Nous sommes donc arrivés le 16 octobre, à 3h du matin. Sonnés par cette fin un peu brutale. Moi qui avais rêvé de ce retour au cours d'un des nombreux épisodes de pluie, les retrouvailles avec le confort ne m'ont même pas tant réjouie. J'ai regretté le contact avec la nature, et surtout, dans ma tête, le voyage n'avait véritablement commencé qu'en Bosnie. J'ai donc trouvé ça court.
Ça reste un très bon voyage test avant de s'aventurer sur les routes de Russie et d'Asie centrale (départ au printemps prochain).
Pour le moment, place à l'Inde, sans le véhicule cette fois. Départ autour du 20 novembre, quand on aura nos visas.
Tout ça n'est qu'un hyper résumé du voyage... Si vous voulez des récits détaillés de nos aventures au jour le jour (et un peu plus de photos également, même si, je ne le cache pas, c'est beaucoup de texte), je vous invite à aller voir notre blog, qui est enfin à jour. C'est aussi l'occasion d'en apprendre plus sur nous et peut-être de nous suivre en Inde (même si ça dépendra de la connexion qu'on trouvera).
https://nemeshkenamenan.wordpress.com
Et si vous avez des questions, n'hésitez pas, je tacherai d'y répondre.