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Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : dim. 10 sept. 2017 21:41
par euro6
Dimanche 23
Murighiol - Tulucesti (Roumanie)

Réveil très matinal, avec l’aide des “chants mélodieux“ des coqs du poulailler tout proche, pour le rendez-vous fixé à 06H00, peu après le lever du soleil sur le delta. Nous embarquons dans la Logan du fiston qui nous emmène à l’embarcadère où nous retrouvons nos compagnons de croisière, une jeune couple allemand avec deux jeunes enfants qui sont arrivés hier soir tardivement à bord d’un gros camping-car au même endroit que nous.

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Le canot à moteur (à explosion, et non électrique, malheureusement…) s’élance avec ses huit passagers harnachés de gilets de sauvetages réglementaires sur le canal qui rejoint les lacs Issac et Gorgova. Nous passons devant une ancienne villégiature de la peu regrettée famille Ceaucescu, aujourd’hui propriété de l’Etat roumain et laissée à l’abandon. Nous traversons le village de Uzlina, village de pêcheurs uniquement accessible par bateau, et aujourd’hui devenu un lieu d’accueil touristique avec de nombreuses structures d’hébergement plutôt haut de gamme. Derrière le village, nous atteignons le lac Uzlina. Pour l’instant, peu de volatiles à se mettre sous la dent, mais un trajet reposant parmi les mangroves protégées des agressions du milieu touristique et industriel destructeur. Au détour du canal, l’arrivée sur le lac nous fait découvrir enfin de nombreux spécimens assez peu farouches. Au fond du second lac, se présentent quelques exemplaires de pélicans, le symbole du delta du Danube. Ces grands oiseaux blancs au grand bec jaune à poche profonde sont impressionnants lorsqu’ils décollent pour s’envoler, puis quand ils rejoignent en silence la surface de l’eau dans un vol plané majestueux. L’envergure des plus grands d’entre eux peut dépasser les trois mètres. Si un pélican est visible, d’autres sont nécessairement présents dans une zone proche car cet animal à l’instinct grégaire vit en colonie de plusieurs dizaines de congénères qui se regroupent pour la nidification et la pêche.

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Après presque quatre heures de déambulation à la surface des méandres des canaux et des lacs, et à travers les marais encombrés de végétation, nous rejoignons la rive, heureux d’avoir pu profiter de cette parenthèse de nature presque intacte.

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : lun. 11 sept. 2017 07:37
par CHTINONO
On a fait la même balade danubienne en août !!! :super:

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : lun. 11 sept. 2017 21:16
par euro6
Nous remontons le Danube à partir de ce village de Murighiol qui aura donc été le point de rebroussement du voyage, à quelques kilomètres seulement du bord de mer.
La température remonte très haut aujourd’hui. Nous trouvons, comme hier une forêt de chênes pour nous abriter durant la pause déjeuner, mais les 38°C ambiants me sont difficiles à supporter. Nous quittons finalement le delta en retraversant le fleuve par le bac de Galati, dans le même état précaire que celui emprunté hier.
Nous nous présentons au poste frontière tout proche permettant de passer à Giurgiulesti en République moldave. Nous sommes la troisième voiture de la file en attente de contrôle au poste roumain. L’attente débute et se prolonge jusqu’à ce que, au bout d’environ trois quarts d’heure et alors que la file s’est sensiblement allongée, un fonctionnaire de la police des frontière s’approche pour donner quelques informations. Il s’adresse à nous dans un français quasi parfait et nous indique qu’il revient du poste moldave où les douaniers lui ont expliqué que le système informatique du poste de douane est tombé en panne et que donc aucun enregistrement ne peut être effectué pour l’instant. Avant qu’une hypothétique réparation résolve le problème, il est possible que l’attente puisse se prolonger une heure, ou deux…, ou plus… Sincèrement désolé de ce contre-temps, et pour nous éviter d’être enfermé dans le no-man’s land comme la dizaine de véhicules déjà engagée sur la frontière et qui ne pourront pas faire demi-tour, le policier nous conseille de tenter le prochain poste, situé environ 60 kilomètres plus au nord et qui ne semble pas affecté par la panne de Giurgiulesti. La barrière du by-pass nous est ouverte pour rebrousser chemin in-extremis.
Nous repassons par Galati et remontons plein nord sur la route nationale 26. Vu l’heure tardive, nous décidons de passer la nuit dans le coin et de ne traverser la frontière que demain matin.
La recherche d’un camping nous mène à un site touristique probablement florissant dans les années 80 mais aujourd’hui totalement délaissé et tombant en ruines, à l’exception d’un hôtel de qualité supérieure barricadé et hébergeant ce week-end un mariage haut de gamme. Nous fuyons cet endroit glauque et préférons tenter notre chance, au hasard du parcours. Au nord de Tulucesti, nous remarquons, sur le sommet de la colline qui surplombe la frontière, une petite exploitation constituée d’une cabane au milieu d’un verger. Nous partons à la rencontre d’un homme en train de travailler dans le champ en contrebas. Il comprend bien notre demande et nous accueille chaleureusement sur son terrain où nous nous installons avec une vue parfaite sur la vallée du Prut qui coule à l’est et sépare les deux pays.
A peine installés, il revient de sa cabane avec un objet dans les mains. Il s’agit d’une table basse en bois de teinte rouge et d’une petite nappe brodée qu’il met à notre disposition pour nous rendre le séjour plus confortable encore.

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Il retourne à son travail de binage autour des pieds de noyers qu’il vient de planter. Quand il se fait l’heure de cesser le travail, il va ranger ses outils puis revient à notre (sa) table pour partager les fruits de son jardin qu’il nous offre. Il nous fournit également un pain pour agrémenter notre repas.
Nous discutons au soleil couchant, de tout et de rien. Vlad, puisque c’est ainsi qu’il se nomme, est horticulteur. Il a travaillé longtemps dans une entreprise agricole, et il travaille désormais dans son propre lopin de terre riche pour constituer un très grand verger de noyers qu’il compte exploiter dans les prochaines années. Il fait également pousser quelques rangs de mais et de nombreux pieds de pastèques, et utilise la surface entre les arbres pour récolter de la luzerne. Ses deux filles sont expatriées en Allemagne et en Australie, et lui reste seul dans sa cabane précaire. Il roule, lui aussi, en pick-up, un Dacia Logan bien usé qui lui sert essentiellement à ramener ici de l’eau à l’aide d’une citerne posée à demeure dans la benne. Il semble bien au courant de la géo-politique internationale, et connait notre président. Quand il le nomme, on entend étrangement “maquereau“.
Avant que la nuit ne tombe complètement, nous installons le rideau de douche et pourrons tous nous rafraichir après cette chaude et longue journée passionnante.

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : mer. 13 sept. 2017 20:09
par euro6
Lundi 24
Tulucesti - Vidra ( journée en Moldavie)

Au soleil du matin, nous partageons le petit-déjeuner avec Vlad qui nous présente fièrement sa culture de pastèques.
A Oancea, nous passons la frontière, sans problème informatique cette fois, pour visiter la ville de Cahul. Nous sommes hors de l’Europe, mais hors du temps également. Mes souvenirs du premier voyage en URSS à la fin des années soixante-dix ressurgissent car on a l’impression que le pays est en partie resté bloqué quarante années en arrière. Difficile de se diriger sur ce territoire sans aucune signalisation routière, et inconnu de notre GPS.

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Le centre ville est animé. Comme du temps de l’URSS, on trouve dans les rues des citernes de KBAC, la boisson à base de pain fermenté au goût de bière fade. Contre un billet de 2 Lei, la serveuse emplit un gobelet au robinet de la citerne.
Ici, tout le monde en boit, même les enfants…!

Nous choisissons un restaurant avec terrasse pour déjeuner. Il est préférable de n’être ni trop gastronome, ni trop pressé, pour s’aventurer dans les commerces de la petite ville moldave. Après le repas, on vise une terrasse alléchante. La carte des glaces est pléthorique et les nombreuses photos très colorées suggestives. Une fois le choix de chacun décidé, la serveuse vient et casse un peu l’ambiance. De la vingtaine au moins de glaces proposées sur la carte, en fait une seule est disponible, et dans le seul parfum “lait“ ! De même la limonade est simplifiée puisqu’elle ne contient ni sucre, ni citron, ni même de gaz. Nous l’appellerons "limoldave". Le petit musée ethnographique local vaut également le détour. Il s’agit de quatre pièces d’une maison qui retracent l’environnement, l’histoire, la vie et la politique de cette petite région de Moldavie qu’est la Gagaouzie. Nous sommes les seuls visiteurs, et nous attendons sur le palier d’entrée la conservatrice qui arrive avec le trousseau de clés pour nous ouvrir la porte de son musée et nous prodiguer quelques explications et commentaires en langue locale sur les documents et vitrines qui s’offrent à nous. L’arrière-cour se visite également car on y trouve la reconstitution d’un habitat local typique du siècle dernier.
Dans les rues, les commerçants installent leurs produits sur des étals qui proposent des objets aussi divers que des soupes lyophilisées, des articles ménagers exclusivement en plastique coloré, des balais de coco, des tongs multicolores…

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Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : jeu. 14 sept. 2017 22:40
par euro6
Le taux de natalité semble s’orienter à la baisse quand on voit l’usage qui est fait des poussettes…

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L’aire de jeux réservée aux enfants est sponsorisée par une marque de bière…!

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La chaleur est écrasante dans le petit parc. Nous décidons d’écourter le séjour moldave car nous devons être après-demain à l’aéroport de Bucarest. Les quelques billets délivrés par le distributeur de l’agence de la Société Générale de Cahul (!) seront liquidés dans une boutique de vente de vins (le “Nicolas“ local) Derrière un petit comptoir en bois, une série d’étagère expose les différentes bouteilles disponibles à la vente. Entre les deux meubles, une jeune femme aux gestes vifs et au débit saccadé propose les différents vins, tous issus de producteurs de la région viticole réputée de Comrat, correspondants à nos souhaits, en les alignant jusqu’à encombrer toute la surface du comptoir. Svetlana arrondira même la somme totale pour que nous emportions les quelques bouteilles sans garder de monnaie.

Nous passons à nouveau la frontière au même poste, avec les mêmes fonctionnaires qui s’étonnent de nous voir repasser aussi tôt alors que nous leur avions indiqué la possibilité d’un séjour plus long à l’aller…
Nous nous dirigeons vers Brasov que nous tenons à visiter avant de devoir quitter le pays. On coupe à travers les montagnes en empruntant les petites routes et les pistes rurales, et on tombe sur des décors inattendus comme cette gigantesque statue de Ioan Voda perdue dans la campagne roumaine, à quelques kilomètres de la frontière moldave. Une statue du même personnage existe également à Cahul où nous étions cet après-midi.

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Nous traverserons même Mosc(o)u, avant une halte dans la charmante petite ville de Tecuci où une balade dans le parc frais et ombragé , à déguster chacun une excellente glace parfumée, nous relaxe avant de continuer vers l’ouest.

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Sur les hauteurs des collines qui entourent le village de Vidra, nous établissons le camp pour la nuit en même temps que tombe une petite pluie qui tempère l’atmosphère.

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : ven. 15 sept. 2017 21:18
par euro6
Mardi 25
Vidra - Talea (Roumanie)

Après Vidra où quelques emplettes nous chargeront de bocaux vides qui auront leur usage plus tard, la route n’est parfois plus revêtue et nous conduit à la route nationale 11 qui rejoint Brasov. Visite de Brasov, sa cathédrale noire, et pause déjeuner sur la place centrale Sfatului.

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Nous continuons ensuite plein sud pour nous rapprocher de Bucarest. Nous quittons la route 1 à Comarnic en direction du village de Talea, pour trouver un lieu de bivouac sur un coin d’herbage, à proximité d’une cabane de berger. Presque aussitôt les deux chiens de troupeau viennent s’enquérir de leurs nouveaux voisins et nous adoptent pour la soirée. Cette dernière pause en famille est l’occasion pour les filles de faire des confitures avec les quelques kilogrammes d’abricots achetés le long de la route. Le brouillard tombe sur les collines.

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Mercredi 26
Talea - Ranca (Roumanie)

Nous sommes à l’heure à l’aéroport Coanda à Otopeni pour l’embarquement de notre fille et sa mère qui rejoignent Paris en avion pour être ce soir en Normandie et demain en Bretagne.
Je débute mon trajet de retour vers l’ouest en traversant à nouveau le massif des Carpates méridionales que j’attaque par la route nationale 67 après Ramnicu Valcea. A Baia de Fier, le parking d’un restaurant semble accepter les campeurs, mais je préfèrerais un endroit plus convivial, ou alors plus perdu. Je m’aventure dans le village du fond de vallée mais je suis contraint au demi-tour car le chemin n’est pas praticable. Je visite deux pensions à Berceti qui proposent de me parquer dans leur cour, mais je décline également et continue vers “la transalpine“, la route 67C qui grimpe au village de Ranca qui est une petite station de ski.

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Après plusieurs explorations de pistes superbes, et après avoir demandé l’avis d’une famille logée dans une cabane de montagne, j’établis finalement mon campement le long d’une piste à flanc de montagne, à distance respectable du village et avec vue sur la vallée. La nuit fut assez fraiche mais parfaitement calme, la cellule bercée par le vent léger.

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : sam. 16 sept. 2017 07:01
par K_Anne_AK
Un bivouac comme je les aime !

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : sam. 16 sept. 2017 10:59
par euro6
Bonjour,

je m'aperçois d'un détail sur l'avant-dernière photo qui peut éventuellement intéresser certains ici qui se posaient la question de la douche inter/exter.
On peut voir l'illustration de notre solution de douche extérieure avec ici le rideau mis en place sur la tringle fixée le long de la paroi extérieure.

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : sam. 16 sept. 2017 21:52
par euro6
Jeudi 27
Ranca - Gradinari (Roumanie)

Après la douche dans un paysage grandiose, je redescends vers Targu Jiu pour une halte au bord du Jiu. Rapide visite du marché très achalandé, et coupe de cheveux par une coiffeuse roumaine dont les seuls échanges furent quelques mots d’italien et surtout des gestes et mimiques pour finalement un résultat qui me convenait parfaitement !
La suite de la traversée vers l’ouest me fait passer à nouveau à Baile Herculane pour finalement fermer une grande boucle à travers la Valachie, la Dobroudja, la Moldavie et la Transylvanie. L’ouest des Carpates m’a fait craindre une panne sèche vu la rareté des points de ravitaillement en carburant, pour finalement trouver de quoi rassasier le moteur de la voiture à Oravita où j’ai pu également faire quelques courses au Lidl local.
La région ne se prête pas facilement à un bivouac et je me contente d’un coin de pré dans la plaine près de Gradinari, tout près de la frontière serbe. La police des frontières patrouille au large. La nuit sera calme.


Vendredi 28
Gradinari - Gyor (Roumanie, Serbie, Hongrie)

Réveil matinal et douche revigorante dans les hautes herbes.

Le point de passage de Moravita m’a fait quitter la Roumanie et entrer à nouveau en Serbie. Je rejoins Zienjanin par les routes secondaires qui me font passer de village en village. Dans cette région, les panneaux indicateurs d’entrée et de sortie de village sont indiqués en plusieurs langues ou dialectes locaux qui n’utilisent pas tous le même alphabet. Cela conduit à des panneaux surdimensionnés.

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Je m’arrête dans un hameau ou un marchand ambulant propose une multitude de marchandises, des paires de chaussettes au soc de charrue, en passant par les petites culottes et les couteaux de cuisine. Une multitude de pièces mécaniques et de quincaillerie est présentée en vrac dans des caisses de bois disposées au sol. Je fouille et je trouve des goupilles qui pourront me permettre de réparer provisoirement l’échelle d’accès abimée il y a quelques jours.
Dans un autre petit village, une station service flambant neuve et ultra équipée me permettra de refaire le plein d’eau, et me donnera l’occasion de réparer le raccord du tuyau qui alimentait l’arroseur de la pelouse. A Novi Sad je prends l’autoroute qui monte vers le nord mais la quitte assez vite pour traverser Subotica. Au passage, je ferai une halte pour le déjeuner au bord du lac, à Backa Topola. Au moment de terminer mon repas, une voiture arrive et deux hommes en descendent. Le plus jeune vient me parler en anglais et me raconte rapidement sa vie et ses projets. Il rêve de voyager avec un véhicule de ce genre à travers l’Europe. Il vient de rentrer d’un séjour de quelques jours au Kosovo, et vient donner un coup de main à son père pour le réouverture du bar restaurant qui se trouve justement au bord de ce lac. Ils m’invitent à prendre un verre pour discuter un moment. Je leur explique que je prends la route immédiatement pour de longues heures de conduite vers la France, et je ne peux donc pas accepter leur invitation.
Après Subotica, je passe en Hongrie pour continuer en évitant autant que possible l’autoroute qui mène à Budapest.
A partir de là, le trajet se déroule en passant à Kecskemet, puis au large de Budapest et les kilomètres d’autoroute s’enchaînent jusqu’à Gyor où je m’arrête au camping Piheno. Rien de notable dans cet endroit sans charme, si ce n’est qu’une nouvelle fois une manœuvre me fait plier le montant de l’échelle…

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : dim. 17 sept. 2017 06:48
par dakure
Ben alors, c'est quoi ce truc d'oublier l'échelle??? pas de bol...

Merci de ce CR Francis et c'est toujours bien documenté, :super: je proposerai çà à ma douce quand elle sera réparée!
Histoire de biaiser pour retourner en Grèce, plus d'attaque frontale maintenant!!! :clown:

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : dim. 17 sept. 2017 10:47
par euro6
Bonjour,

l'échelle a pris cher ! Le blues du retour seul, la fatigue accumulée pendant des heures de conduite sur des kilomètres d'autoroute, le besoin de dormir, la recherche d'un endroit à la nuit tombante, la déception de devoir se contenter d'un lieu sans attrait après tous ces bivouacs enchanteurs, voilà. C'est exactement les conditions contraires à ce qu'on tente de faire d'habitude. C'est le voisin hollandais de camping qui s'est extirpé de son Combi VW pour m'alerter que j'étais en train de soulever la voiture avec l'échelle qui a permis de limiter les dégâts ! Qu'il en soit remercié.
La fois précédente, dans les montagnes des Carpates, c'était plutôt au contraire l'exaltation du lieu superbe qui, par trop d'enthousiasme, m'a fait oublier l'échelle pendant les manoeuvres.

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : lun. 18 sept. 2017 22:34
par euro6
Samedi 29
Gyor - Hohenwart (Hongrie, Slovaquie, Autriche, Allemagne)

Départ matinal pour affronter le trajet jusqu’en France. Un panneau lumineux sur l’autoroute informe que la frontière austro-hongroise (enfin l’occasion d’utiliser ce terme qu’on pourrait croire suranné !) est embouteillée est qu’une attente est à prévoir. Je me déroute donc sur la Slovaquie ou le passage est fluide et je repasse peu après, au large de Brastislava, en Autriche sans encombrement. Ce détour m’aura surtout couté le prix d’une vignette valable pour une durée de dix jours que je n’aurai utilisé qu’une demie-heure…
Vienne et Linz passent au large, puis c’est au tour de l’Allemagne de dérouler le ruban de bitume. Une pause au bord du Danube (encore lui !) à Winzer, un petit village propret dans les vignobles. Le fleuve est animé d’un très fort courant avec un débit qui semble énorme. La vedette de la police patrouille, à bonne vitesse lorsqu’elle descend le fil de l’eau, beaucoup plus lentement lorsqu’elle remonte le courant. Quelques Jet-ski évoluent avec un niveau de sécurité non optimal, d’après mes maigres connaissances.
Munich approche. Besoin d’une pause. J'en profite pour passer voir le camp de concentration de Dachau que je n’ai jamais eu l’occasion de visiter. J’arrive à l’heure de la fermeture de la grille et ne pourrai donc faire que quelques pas sur l’esplanade du camp avant de repartir. Le très petit nombre de visiteurs présents sur ces lieux de mémoire me laisse toujours un goût amer et une crainte pour l’avenir…
Passé Stuttgart, je me rends à l’évidence, je suis trop fatigué pour atteindre la France ce soir.
Le camping visé est portes closes quand j’arrive. Je ne suis finalement pas trop déçu car je crois que je n’aurai pas bien supporté ce genre d’endroit bondé et sans charme.

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Je me mets donc en quête d’un lieu de bivouac plus agréable que je trouverai à Hohenwart, à quelques kilomètres au sud de Pforzheim. Un pré verdoyant en sortie de village, à l’abri d’une haie, suffisamment à l’écart de la petite route très peu circulante. Une vue dégagée sur la lisière de la forêt au loin. Une nuit noire me plonge dans un sommeil profond.



Dimanche 30 juillet
Hohenwart - Rouen (Allemagne, France)

Très beau soleil ce matin qui sera parfait pour la douche. Au moment de me sécher, je remarque une moto, garée juste devant la voiture. Au moment du petit déjeuner, un couple arrive de la forêt et se dirige vers leur moto à quelques mètres de moi. La femme engage la conversation en français. Elle est belge et vient rendre visite à son ami allemand qui lui a proposé de se lever tôt ce matin pour aller admirer le lever du soleil sur la forêt. Ah oui ? En effet, le spectacle est parait-il grandiose depuis le point de vue de la Hohe Warte. Elle me montre, au loin à travers les arbres, une immense tour qui domine toute la forêt alentour et que je n’avais bien sûr pas remarquée. Moi qui me croyait parfaitement à l’abri de tous regards indiscrets, je prends tout à coup conscience que ces deux tourtereaux du matin ont bien pu avoir tout loisir de scruter la scène depuis ce point de vue de choix… Finalement, je ne saurai pas s’ils savaient. Mais, rétrospectivement, le trouble fut là.
J’évite Strasbourg et je passe la frontière par un petit chemin dans la région de Sarreguemines.
Le premier arrêt en France fut pour acheter une baguette de vrai pain dans une vraie boulangerie.

Arrivée à Rouen en début de soirée.

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : mar. 19 sept. 2017 12:07
par K_Anne_AK
Merci Francis pour ce récit très détaillé et fort intéressant, notamment l'aspect vie quotidienne des locaux.
Pas sûre que ça me donne envie d'y aller, j'ai peur des chiens !

Re: Vers l'est, le Danube coule

Posté : jeu. 21 sept. 2017 14:00
par voyageur78s
Bonjour,

Cette abondance de détails semble bien rendre bien compte de la réalité de ces pays que nous ne connaissons pas à part la Serbie que avons traversé rapidement et en partie en route vers la Grèce, L'Albanie ou la Turquie, sans cependant avoir envie d'y séjourner longtemps.
Mon ressenti, accueii mitigé, pesanteur et surtout rappel visuel des heures "noires" de l'europe !